BFM Business
Auto

Grève: les prix des courses en VTC et taxis se sont envolés

Image d'illustration

Image d'illustration - AFP

Les prix des voitures de transport avec chauffeurs (VTC) et des taxis ont souvent été élevés pendant la période des grèves dans les transports en commun, depuis le début du mois de décembre.

Une nouvelle journée de grève se déroule ce vendredi et peut-être avez vous pris une nouvelle fois un VTC pour vous déplacer, notamment en Ile-de-France. L’activité des sociétés de voitures avec chauffeurs a bondi en décembre et est resté soutenue début janvier en alternative aux transports en commun. Mais dans des conditions de circulation difficiles, les prix des courses ont souvent fortement grimpé.

Qui sont les plus chers

Les compagnies de VTC restent discrètes sur les majorations pratiquées sur le mois de décembre. Selon plusieurs spécialistes du secteur, les trois compagnies les plus chères étaient alors Uber, le leader de ce marché en Ile-de-France, devant le français Kapten et l’estonien Bolt. "Dans 52% des cas, les taxis restaient cependant plus chers [pour le client au final, ndlr]", tempère un de ces observateurs. Les prix des taxis son en effet réglementés.

La cause de cette hausse des tarifs des VTC tient à la forte demande qui a eu pour conséquence le déclenchement des fameuses majorations de tarifs. Les compagnies de VTC avaient pourtant généralement augmenté le nombre de chauffeurs disponibles à partir du 5 décembre. "Environ 90% d’entre eux ont travaillé pendant cette période. Pour la grève, nous avions renforcé nos équipes de 3000 chauffeurs partenaires, passant de 22.000 à 25.000 chauffeurs partenaires, nous détaille une porte-parole de Kapten. Depuis la grève, nous avons enregistré 5000 chauffeurs partenaires supplémentaires qui collaborent avec nous. Nous comptons à l’heure actuelle 30.000 chauffeurs". Même discours chez Uber, qui ne communique pas de détails chiffrés.

Mais un même chauffeur travaille souvent pour plusieurs plateformes, la hausse n’a pas suffi face à une demande, en particulier de cadres et salariés. Kapten a par exemple enregistré une hausse de 80% de sa demande Business. "Le temps d’attente était plus élevé qu’à l’habitude (environ 7 minutes contre 5 en moyenne), poursuit une porte-parole d’Uber. Plus de chauffeurs étaient connectés pour recevoir des courses. La demande était cependant supérieure, les prix étaient plus élevés que d’habitude".

Des prix multipliés par quatre

Selon MyMove, un comparateur d’offres de VTC et taxis, les prix de Kapten ont ainsi été majorés de 1,7 à 2,6 fois, ceux de Bolt de 1,4 à 2,2 fois en décembre. Hitch affichait des majorations moins importantes (généralement autour de 1,3 fois). Un autre comparateur, Bebop, a même relevé le 23 décembre à 16h43, comme le 14 janvier vers 11 heures, des majorations atteignant plus de 4 fois le prix normal. "Nous avons par exemple enregistré des courses à 66 euros entre Neuilly dans l’ouest parisien et le Marais au coeur de la capital, soit un montant trois fois supérieur à la moyenne", nous explique Adrien Messih, fondateur de MyMove.

En moyenne en décembre, l’écart entre le prix le plus bas et le plus élevé était de 52%. Ces prix hauts avaient cours aux heures de pointe le matin comme le soir. S’ils n’ont eu d’autres choix que d’emprunter un VTC, certains clients ont utilisé des astuces: codes promo, comparateurs ou partages de véhicules et donc de prix de la course entre utilisateurs. Pendant la période de grève, les courses en UberPool (l’offre partagée d’Uber) ont ainsi été multipliées par deux.

Quels bénéfices pour les chauffeurs?

Les taxis ont aussi profité de la grève. "Pour nous, taxis, ça a été bon", soulignait à l’AFP en début de semaine Jean-Robert Philippe, un chauffeur de taxi indépendant. Chaque jour en décembre, il a pris à bord deux fois plus de clients qu’un mois de décembre classique. Avec souvent des réservations à l’avance sur plusieurs jours.

Les majorations profitent aussi aux chauffeurs et pas simplement aux plateformes, selon les dires de ces dernières. "Cette grève est aussi difficile pour eux avec des conditions de travail compliquées, c’est pourquoi la majoration est plus intéressante car ils gagnent plus", souligne le porte-parole de Kapten.

Cette pratique des majorations importantes permet aussi d’attirer les chauffeurs vers certaines plateformes, et dans les secteurs où la demande est plus importante que l’offre. A Paris, la demande était généralement très importante le matin à l’ouest de Paris et le soir à l’est, où les Franciliens habitent et sortent. Difficile cependant d’obtenir des chiffres sur les bénéfices réels enregistrés par les chauffeurs, car les bouchons ont souvent limité leur nombre de rotations quotidiennes.

Pauline Ducamp