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Marc-André Selosse : « Le sol, c’est un patrimoine, notre devoir est de le transmettre »

Spécialiste des liens entre les champignons et les racines des plantes, Marc-André Selosse livre dans son dernier ouvrage, « L’Origine du monde », un plaidoyer pour mieux respecter les sols.

Propos recueillis par 

Publié le 30 novembre 2021 à 18h00, modifié le 30 novembre 2021 à 18h17

Temps de Lecture 12 min.

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Professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, Marc-André Selosse est un spécialiste des liens entre les champignons du sol et les racines des plantes, une symbiose essentielle aux deux partenaires. Dans son dernier livre au titre provocateur, L’Origine du monde (Actes Sud, 480 p., 24 €), il nous invite à un périple souterrain à travers les sols et leur vie débordante, tout en pointant les dommages que nous leur faisons subir. Un vibrant plaidoyer pour inventer des gestes respectueux de ces écosystèmes d’une formidable biodiversité, largement ignorée, car invisible.

Le sol serait à « l’origine du monde », vraiment ?

Il est bel et bien à l’origine du monde actuel. Il influence le climat tantôt négativement, quand il est source de gaz à effet de serre, tantôt positivement, quand il stocke de la matière organique. Par ailleurs, les eaux des rivières et des fleuves sortent des sols où elles se sont chargées en nutriments et sels minéraux. Les sols « pleurent » ainsi dans les océans, alimentant leur fertilité. Voilà pourquoi la plupart des poissons sont pêchés le long des continents, là où les algues se développent – et pourquoi les pêcheurs bretons veulent pêcher au large de la Grande-Bretagne… Et puis, le sol joue un rôle central dans le cycle de l’eau. Il la retient comme une éponge et va écrêter les crues, soutenir les étiages et créer des réserves d’eau dans lesquelles puisent les humains et, surtout, les plantes.

Marc-André Selosse, au Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, le 5 novembre 2021.

Avant la mise en place des sols, à quoi ressemblait la surface de la Terre ?

Elle présentait une dynamique d’oued, entre inondations brusques et sécheresses totales. Il n’y avait pas de plantes, mais juste de petites croûtes de microbes, un peu comme celles qui ornent les façades de nos immeubles. Et les océans, près des côtes, étaient moins fertiles.

« Les sols agricoles de nos régions sont très pauvres en matière organique parce qu’on les laboure, ce qui favorise la respiration de microbes qui la consomment »

Quelle est donc l’alchimie de ces écosystèmes ?

Un sol, pour faire simple, c’est de la matière organique morte en devenir, sous l’effet du vivant qui recycle ainsi des sels minéraux. Ce sont également des fragments minéraux colonisés par des microbes qui les dissolvent, notamment par des processus d’acidification locale. La fertilité ainsi libérée sert à nourrir les plantes. Et le sol contient des gaz qui y pénètrent, eux aussi en devenir sous l’effet du vivant. L’oxygène est ainsi consommé pour la respiration. Ici et là, dans des sols sans oxygène (anoxiques), des bactéries fabriquent du méthane. Ailleurs encore, certaines bactéries utilisent l’azote atmosphérique pour produire des protéines : c’est la source du stock d’azote du sol.

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