"Nos mesures sont devenues des mesurettes": clap de fin pour la Convention climat

La Convention citoyenne pour le climat (CCC), voulue par Emmanuel Macron pour proposer des mesures de réduction des émission de gaz à effet de serre, s'achève dimanche 28 février en jugeant leur mise en œuvre par le gouvernement, déjà très critiquée.

AFP Publié le 28/02/2021 à 10:04, mis à jour le 28/02/2021 à 12:21
Manifestation en faveur de la défense du climat le 13 octobre 2018 à Bordeaux AFP/Archives / NICOLAS TUCAT

Réunis en visio depuis vendredi, les 150 citoyens tirés au sort pour cet exercice de démocratie participative inédit en France ont laissé percer leur déception dans leurs premiers débats.

"On est venu nous chercher pour faire un travail, mais finalement, notre avis, je pense qu'ils n'en tiennent pas trop compte", a lancé Benoit (les citoyens sont désignés par leurs seuls prénoms), résumant un sentiment assez partagé.

Emmanuel Macron avait décidé de créer de la CCC au sortir de la crise des "gilets jaunes", née d'une taxe carbone sur les carburants perçue comme injuste.

Sa mission: proposer des mesures permettant de "diminuer d'au moins 40% (par rapport à 1990) les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 dans un esprit de justice sociale".

Démarrée en octobre 2019, la CCC a remis en juin, au terme d'un calendrier bouleversé par la Covid, 149 propositions au président de la République, qui en a rejeté trois et s'était engagé à transmettre les autres "sans filtre".

Certaines ont trouvé place dans le plan de relance ou le budget, d'autres dans des décrets et une quarantaine dans le projet de loi Climat et résilience, qui sera débattu à l'Assemblée fin mars. Le gouvernement comptabilise 75 mesures mises en œuvre et 71 en voie de l'être.

Mais les militants écolos pointent du doigt les mesures écartées et des ambitions revues à la baisse pour beaucoup d'autres. Et le Haut Conseil pour le climat critique le plan de relance, celui sur la rénovation énergétique des bâtiments et enfin la loi climat.

Continuer le combat

"Il y a beaucoup trop de rouge et de jaune" dans les tableaux présentés par l'organisation aux citoyens sur le devenir de leurs propositions, estimait un membre, en référence aux couleurs désignant des mesures pas appliquées ou modifiées.

Pour une autre, Brigitte, "nos mesures sont devenues des mesurettes". Beaucoup ont regretté l'influence des "lobbies", notamment économiques, pour faire retoquer ou amoindrir certaines propositions.

Les "citoyens" sont appelés à voter, sur une échelle de 0 à 10, sur la prise en compte de 47 "objectifs" et des six grands thèmes sur lesquels ils ont travaillé (consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger, se nourrir et gouvernance), puis dans l'après-midi à répondre - toujours par vote - à quatre questions plus générales, tirant le bilan de l'exercice.

"Quelle est votre appréciation de la prise en compte par le gouvernement des propositions de la Convention?". En quoi les mesures du gouvernement "permettent de s'approcher de l'objectif de diminuer d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 dans un esprit de justice sociale?" "Dans quelle mesure la CCC a été utile à la lutte contre le changement climatique en France?". Les Conventions citoyennes peuvent-elles "améliorer la vie démocratique de notre pays?"

Plusieurs intervenants ont regretté samedi qu'il ne puisse y avoir un texte de réponse commun, dont l'élaboration a été jugée trop compliquée à distance par le comité de gouvernance indépendant. "Je ne suis pas très content de répondre à une simple enquête de satisfaction", a ainsi lancé l'un d'eux, William, en proposant a minima une brève déclaration, sous forme de "serment" commun.

Mais une grande majorité ont néanmoins estimé que l'expérience, démocratique et humaine, avait été un succès, affichant leur "fierté" du travail accompli et manifestant l'envie de continuer à porter la lutte contre le changement climatique, dans la société comme auprès des parlementaires pour qu'ils "améliorent" la prochaine loi Climat.

"J'aimerais dire qu'il faut garder espoir et continuer le combat", a ainsi lancé un des benjamins de la Convention, Jocelyn, "18 ans dans deux semaines".

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Nice-Matin

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