SOCS1 : nouveau venu dans les maladies auto-immunes

Pour la première fois, des chercheurs décrivent un déficit en SOCS1 chez l’homme. Ce régulateur de la réponse aux cytokines serait en cause dans le développement de pathologies auto-immunes assez variées allant de cytopénies au lupus, en passant par le psoriasis.

Publié le 21.10.2020

Accélérer la recherche

Les maladies auto-immunes forment une vaste famille d’au moins 80 pathologies comprenant le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, la maladie de Crohn… Au total près de 5 millions de français sont concernés par ces maladies. Elles ont en communs une dérégulation du système immunitaire qui s’attaque alors à son propre organisme. Une multitude de causes dont des facteurs génétiques peuvent entraîner cette dérégulation du système immunitaire, ce qui explique la diversité des symptômes observés.

chercheurs scientifique

Quand le système immunitaire s’attaque au soi…

Le système immunitaire est régulé par de nombreux points de contrôle. Si l’un de ces points de contrôle échoue, il peut provoquer une perte de tolérance immunologique de l’organisme face à ses propres constituants et entraîner une auto-immunité. « Le plus souvent plusieurs facteurs génétiques sont en cause dans les maladies auto-immunes, ce qui rend la mise au point d’un traitement curatif compliqué, » déplore Frédéric Rieux-Laucat, directeur de recherche Inserm, responsable de l’équipe Immunogénétique des maladies auto-immunes pédiatriques à l’Institut Imagine. Des causes monogéniques conduisant à une rupture de la tolérance immunitaire et à l'auto-immunité ont toutefois été identifiés, facilitant la mise au point de traitements ciblés pour enrayer leur effet.

Et c’est ce que viennent de mettre en évidence Frédéric Rieux-Laucat et Alexandre Belot du Centre International de Recherche en Infectiologie (Inserm, Université Claude Bernard) et des Hospices Civils de Lyon : Ils décrivent dans une publication dans le journal Nature Communications le premier déficit du gène SOCS1 chez dix patients issus de cinq familles non apparentées et présentant des pathologies auto-immunes d’apparition précoce assez variées. Cinq patients avaient une cytopénie - déficit quantitatif de certains types de cellule du sang – auto-immune, quatre autres présentaient une auto-immunité spécifique vis-à-vis d’un organe – thyroïdite, maladie cœliaque, psoriasis, spondylarthrite et hépatite –, et deux patients souffraient de lupus érythémateux disséminé avec atteinte cutanée et rénale.

Bloquer la voie JAK/STAT

La protéine SOCS1 régule la réponse aux cytokines, des protéines produites par les cellules de l’immunité pour commander une juste réponse du système immunitaire face à une attaque. « La protéine SOCS1 agit sur les cytokines en réprimant la voie de signalisation JAK/STAT, essentielle dans l’activation de la réponse immunitaire » décrit Frédéric Rieux-Laucat. En raison d’une mutation génétique, SOCS1 est moins active et ne peut plus remplir son rôle d’inhibiteur de la voie JAK/STAT. Il s’en suit une hyper-sensibilité des cellules du système immunitaire en réponse à certaines cytokines (IL2, Interféron gamma, IL4). Dans ce contexte de déficit génétique, la réponse du système immunitaire à un agent infectieux peut conduire à un emballement de cette réponse et à la survenue d’une auto-immunité.

Or des inhibiteurs de JAK sont déjà utilisés pour traiter par exemple la polyarthrite rhumatoïde. « A courts termes, cette découverte pourrait déboucher sur une thérapie ciblée avec des inhibiteurs de JAK. Un patient déficient en SOCS1 est actuellement sous traitement, conclut le chercheur. A plus longs termes cela ouvre également des pistes pour les patients qui développent une auto-immunité post infectieuse en conséquence d’une hyper-sensibilité à ces cytokines. »