DISPARITIONDécès de la « Dame de fer » de la Guadeloupe, Lucette Michaux-Chevry

Décès de la « Dame de fer » de la Guadeloupe, Lucette Michaux-Chevry

DISPARITIONL’emblématique politicienne, très ancrée à droite, s’est éteinte après plusieurs mois de lutte contre un cancer de la gorge
Lucette Michaux-Chevry dans la cour de l'Elysée en 2009.
Lucette Michaux-Chevry dans la cour de l'Elysée en 2009.  - HALEY / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La « Dame de fer » de la Guadeloupe, Lucette Michaux-Chevry, est décédée ce jeudi à l’âge de 92 ans, après une très longue carrière en politique, saluée par de nombreuses réactions soulignant son engagement et sa détermination.

L’emblématique politicienne, très ancrée à droite, s’est éteinte après plusieurs mois de lutte contre un cancer de la gorge. Celle qu’on surnommait la « Dame de fer des Caraïbes » a occupé tous les postes politiques : de maire à la fin des années 1980 jusqu’à ministre déléguée dans les années 1990, dans le gouvernement de Jacques Chirac, dont elle était une amie fidèle.

Omniprésente pendant 60 ans

La classe politique locale a unanimement souligné le caractère bien trempé de cette femme politique, omniprésente dans la vie politique de l’île pendant 60 ans. « Tout le monde est conscient au niveau de la Guadeloupe de qui a été Lucette Michaux-Chevry », a salué Guy Losbar, le président du département sur Radio Caraïbes International. Née le 5 mars 1929 à Saint-Claude (Basse-Terre), Lucette Michaux-Chevry a occupé tour à tour tous les mandats locaux et nationaux, parfois en même temps.

Elue maire en 1987, elle s’est hissée jusqu’aux ors ministériels, en passant par les fonctions de conseillère générale, présidente de région, sénatrice, députée. Elle a fini par quitter la vie politique début 2019, en démissionnant de son dernier poste, présidente d’agglomération. Dès l’annonce de son décès, de nombreux hommages lui ont été rendus sur les réseaux sociaux, par des politiques, des personnalités ultramarines ou encore des anonymes, tous conscients qu’une page de l’histoire du territoire, où elle était à la fois crainte, admirée, ou décriée notamment pour ses démêlés judiciaires, vient de se tourner.

« Chagrin immense »

« J’ai mal et notre chagrin est immense » a écrit, sur Facebook, sa fille Marie-Luce Penchard, ancienne ministre sous Nicolas Sarkozy et maire de Basse-Terre, elle-même touchée par des accusations de détournement de fonds publics et de concussion. « C’est à mon sens le plus grand "Homme" politique que j’ai rencontré », a souligné de son côté le député de Guadeloupe Olivier Serva (LREM). Jacques Bangou, ancien maire de Pointe-à-Pitre a également salué sa mémoire et son « panache » : « Elle a été un personnage politique qui a représenté pour la Guadeloupe la fierté d’avoir quelqu’un qui savait taper du poing sur la table, et ne baissait jamais les bras vis-à-vis des représentants de l’Etat, même quand elle était dans les arcanes du pouvoir ».

Elle était « un engagement, un caractère, une vision, le tout nourri d’un amour viscéral pour son île », a encore dit Olivier Serva. « Issue à l’origine des rangs socialistes, Lucette Michaux-Chevry sera tour à tour devenue la grande figure de la départementalisation, avant de devenir avec la même verve et la même ardeur une militante de l’autonomie » du territoire, a déclaré de son côté la fédération du Parti socialiste de la Guadeloupe, saluant celle qui avait milité en 2003 pour le oui au référendum sur l’émancipation de la Guadeloupe.

Démêlés judiciaires

Lucette Michaux-Chevry, avocate de formation, a connu sa première élection en 1959 en devenant conseillère municipale de sa ville, Saint-Claude, alors que son fils avait à peine quelques jours. D’abord engagée au Parti socialiste, elle soutient en 1981 le candidat à la présidentielle Valéry Giscard d’Estaing, marquant ainsi le début d’un engagement à droite qui ne la lâchera plus.

Sa longue carrière reste aussi émaillée d’affaires de corruption entre autres démêlés judiciaires. Cultivant un pouvoir insulaire ne souffrant pas la contestation, elle sera confrontée à partir des années 1990 à plusieurs mises en examen, qui ne se concluront pas toutes par des condamnations. En 2019, Lucette Michaux-Chevry a toutefois été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour des délits environnementaux et de favoritisme en matière de transports publics.

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