Tribune. L’un des objectifs du projet de loi « plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises » (Pacte), qui devrait être présenté en conseil des ministres en mai, est de réorienter l’épargne long terme des Français pour la rendre non seulement plus productive pour le financement de l’économie, mais aussi plus efficace pour le financement de leur retraite.
notre système public de retraite par répartition est menacé par une crise sans précédent
Une grande partie de l’épargne des ménages est stérilisée dans des contrats d’assurance-vie, qui bénéficient d’un traitement fiscal avantageux mais ne sont pas du tout adaptés aux besoins de la préparation à la retraite. L’objectif d’épargne d’un futur retraité peut, en fait, se formuler de manière assez claire : il s’agit de disposer d’un revenu de remplacement lui permettant de financer ses besoins de consommation pendant la retraite. Si le besoin est clair, il est pourtant mal couvert par les contrats existants. En fait, même les contrats en euros, réputés non risqués dans la mesure où ils offrent une garantie en capital, ne permettent pas de sécuriser un montant minimal de revenu de remplacement à la retraite.
La question de la pertinence des supports d’épargne longue se pose aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité que l’équilibre de notre système public de retraite par répartition est menacé par une crise sans précédent, caractérisée par l’allongement général de la durée de vie et la forte baisse du nombre d’actifs par retraité : ce ratio s’élève désormais à 2,2, il est parmi les plus faibles des pays développés.
Un véritable défi
Dans la mesure où l’importance des régimes complémentaires, constituée du bloc AGIRC-ARRCO, reste relativement modeste, les salariés se trouvent dans l’obligation de recourir à des plans d’épargne individuels afin de compléter leur retraite publique et leur éventuelle retraite d’entreprise. Ils se trouvent ainsi de facto de plus en plus responsables des décisions relatives à la constitution de leur épargne-retraite et au placement de cette épargne, ce qui pose un véritable défi pour des individus n’ayant pas pour la plupart l’expertise, l’intérêt ou même le temps nécessaires à la mise en place d’un plan de retraite adapté à leurs besoins.
Pour répondre à ce défi, nous préconisons l’émission régulière d’« obligations retraite », dont les deux caractéristiques principales seraient d’une part un début des paiements différé, d’autre part des annuités constantes en valeur nominale (avec une possible revalorisation tenant compte de l’inflation) versées pendant une durée fixe de vingt ans, qui correspond à peu près à l’espérance de vie à la retraite.
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