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Le mystère des eaux turquoise du Léman

Les eaux du Léman affichent actuellement une belle couleur turquoise, selon la lumière du jour. L'effet d'une partie du cycle saisonnier.

Les amateurs de baignade dans le Léman voient leur lac changer de semaine en semaine. Ainsi, la mi-juillet a offert des eaux cristallines le long des plages et une visibilité rare dans la couche supérieure du lac. Puis cette transparence s'est déplacée en profondeur. Et ces jours, le lac offre des teintes turquoise qui étonnent mais que l'on retrouve chaque année. A la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), on explique ces changements par les cycles de vie du lac.

Présidente du conseil scientifique de la CIPEL, Brigitte Lods-Crozet rappelle que la couleur du lac est influencée par de nombreux facteurs. Déplacements de masses d'eau par les vents, température, flore et faune aquatique interagissent en permanence. Comme l'organe n'effectue pas de surveillance en direct de l'aspect du lac, la scientifique en est réduite à des suppositions. Elles éclairent toutefois sur la façon qu'a le Léman d'évoluer.

Plongée en eaux limpides

Le plancton, qu'il soit animal ou végétal, joue ainsi un rôle dans la transparence des eaux. «Dès le début du printemps, des cycles saisonniers de phytoplancton et de zooplancton se succèdent, explique Brigitte Lods-Crozet. Des espèces du phytoplancton sont en croissance, et ce surcroît de nourriture contribue à son tour à la croissance du zooplancton.» En consommant les micro-algues, les minuscules crustacés contribuent à la clarté des eaux.

Ainsi, les nageurs de la mi-juillet n'avaient aucun mal à compter les perchettes en faisant leur crawl quotidien. Par la suite, le phénomène a été perceptible plus en profondeur. «Je trouve l'eau bien plus froide cette année lorsqu'on plonge entre 8 et 15 mètres, témoigne Jérémie Troyon, au centre Maui Diving. On y a fait des plongées extraordinaires dans une eau limpide.» Ce sont les vents qui expliquent ce phénomène. A l'image de ce qu'ont connu les Genevois début juillet, lorsqu'un vent d'ouest a soufflé toute la couche tiède vers les rives vaudoises. Résultat: 8 degrés au plongeoir des Pâquis. «Le phénomène s'inverse lorsque souffle la bise», relève Brigitte Lods-Crozet.

Farine glaciaire

Les précipitations et le vent de fin juillet ont notamment troublé la limpidité observée auparavant. Le courant issu du Rhône tend également à toucher la côte vaudoise. «Les eaux de fonte des glaciers amènent notamment ce qu'on appelle la farine glaciaire, issue de l'érosion des roches», indique la scientifique. Une «farine» qui tend à donner au lac la teinte turquoise observée ces jours. Celle-ci peut également être provoquée par une réaction chimique connue dans les lacs riches en calcium. «La photosynthèse des plantes aquatiques et l'augmentation de la température provoquent une modification du pH de l'eau, explique Brigitte Lods-Crozet. Ce qui a pour effet d'entraîner les cristaux de calcite à se fixer sur les particules en suspension.»

La CIPEL se réjouit de constater l'amélioration de l'état de santé du Léman, à qui l'on doit également ces magnifiques teintes. «La chaleur de cet été aurait pu provoquer le développement de ces algues filamenteuses qu'on voyait parfois pourrir sur les rives», dit la présidente du conseil scientifique. La pollution – en baisse – limite nettement leur développement.