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Édito

Ukraine : peut-on perdre la guerre ?

Les conséquences de la guerre en Ukraine avec la poussée de l'inflation, le ralentissement de l'activité et même les risques de récession vont mettre à rude épreuve l'unité de l'Europe dans les prochains mois.

Nicolas Barré
Nicolas Barré (Dessin Kim Roselier pour Les Echos)

Par Nicolas Barré

Publié le 28 août 2022 à 20:00Mis à jour le 29 août 2022 à 07:24

Le temps des « efforts » et des « sacrifices » est paraît-il venu . Mais dans quel but ? Après six mois de guerre en Ukraine et de sanctions contre la Russie, les conséquences du tragique bras de fer dans lequel est entraînée l'Europe sont rudes à Moscou mais également pénibles à Berlin, Rome ou Paris. L'inflation est là, la récession pointe. Les Russes souffrent sans doute davantage, mais dans un silence imposé. C'est l'inverse en démocratie. Cette asymétrie dans l'expression des peuples est un défi de taille pour nos gouvernements européens. Ils sont souvent faibles, reposant sur des coalitions et font face à des opinions publiques éruptives.

Pacte faustien

L'Europe va-t-elle alors perdre la bataille ? Pourra-t-elle rester unie ? Finira-t-elle par consentir un pacte faustien - la levée des sanctions contre du gaz ? Questions lancinantes alors que l'activité ralentit. Des fonderies d'aluminium n'ont-elles pas déjà été mises à l'arrêt ? Les secteurs du verre, de la chimie, de l'acier ne sont-ils pas étranglés par la flambée des prix de l'énergie ? L'Europe qui cherche à se réindustrialiser ne risque-t-elle pas de perdre pied dans des filières majeures ? Bref, va-t-elle perdre ce bras de fer comme en rêve Vladimir Poutine ?

Impératifs énergétiques

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Il existe une voie étroite pour l'éviter. D'abord en précipitant la substitution du gaz russe par tous les moyens. Car non, nous ne vivons pas « la fin de l'abondance ». Le monde regorge de pétrole et de charbon ! Ce sont les énergies propres qui manquent. Mais à titre transitoire, quel autre choix avons-nous ? Le gaz russe représentait 10 % du « mix » énergétique de l'Union européenne avant le conflit en Ukraine contre 5 % désormais. Le charbon a pris sa place... D'où un second impératif : accélérer radicalement la montée en puissance des autres sources d'énergie, du nucléaire à l'éolien off-shore. Cela implique de s'assurer, par exemple, qu'EDF met absolument tout en oeuvre pour relancer sa production nucléaire. En est-on sûr ? Ou que tout est fait pour lever les obstacles à l'installation de parcs éoliens ou solaires. Tous les pays européens partagent-ils réellement cette urgence à agir ?

Rapports de force

Redoubler d'efforts, gagner en autonomie vis-à-vis de la Russie et du reste du monde, voilà notre feuille de route. Car ce qui se joue, au-delà de la crise actuelle, c'est notre place sur l'échiquier mondial. La pandémie de Covid et le conflit russo-ukrainien ont fait bouger les rapports de force. Les Etats-Unis sont les grands gagnants : leurs filières pétrolière et agroalimentaire profitent à plein des tensions tandis que leur industrie de défense accumule les commandes et va continuer d'irriguer le secteur technologique. A l'autre bout du monde, la Chine est affaiblie par sa gestion désastreuse du Covid, sa fuite en avant immobilière et la mise sous tutelle de la Tech.

Et nous ? Cette Europe démocratique que Poutine s'acharne à vouloir détruire a démontré son unité et adressé à ce titre, au reste du monde, un message puissant, valant efforts et sacrifices. Ce n'est pas le moment de flancher. On peut encore perdre la guerre.

Nicolas Barré

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