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La Belgique ouvre la porte à la semaine de quatre jours

La coalition gouvernementale emmenée par Alexander de Croo est parvenue à un accord pour flexibiliser le marché du travail. Des salariés pourront, sous conditions, concentrer sur quatre jours leur temps de travail hebdomadaire, inchangé. Les syndicats s'y opposent.

Pour le Premier ministre belge, Alexander De Croo, « la période Covid nous a forcés à travailler de façon plus flexible ».
Pour le Premier ministre belge, Alexander De Croo, « la période Covid nous a forcés à travailler de façon plus flexible ». (Johanna Geron/AFP)

Par Derek Perrotte

Publié le 16 févr. 2022 à 11:31Mis à jour le 16 févr. 2022 à 17:34

Flexibilité, efficacité ? C'est le pari que veut faire la Belgique, où le Premier ministre, Alexander De Croo, a annoncé mardi un important projet de réforme du marché de travail qui entend « donner aux employés plus de liberté et de flexibilité pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle ».

Le projet, qui doit à présent être soumis aux partenaires sociaux pour avis, puis au Parlement pour validation, entend à la fois tirer les leçons des nouveaux modes de travail qui ont éclos durant la pandémie et permettre à la Belgique d'atteindre un taux d'emploi de 80 % d'ici à 2030, contre 71 % aujourd'hui.

Accord de l'employeur

Mesure phare envisagée : la possibilité, sous conditions, de travailler quatre jours par semaine et non plus cinq. Travailler moins souvent, donc, mais pas travailler moins : « Les personnes qui le souhaitent pourront travailler plus d'heures par jour en échange d'un jour de congé supplémentaire pendant la semaine. Ainsi, elles pourront effectuer un travail à temps plein en quatre jours », a expliqué le leader libéral flamand, à la tête de la complexe coalition gouvernementale du Plat pays , qui regroupe pas moins de sept partis.

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La logique de souplesse est même poussée un cran plus loin, avec la possibilité de travailler « un peu plus une semaine et un peu moins la suivante, ce qui offre une certaine souplesse aux personnes en situation de coparentalité », précise le communiqué gouvernemental. Une limite est fixée à 45 heures maximum par semaine et le projet ne donne pas les pleins pouvoirs aux salariés sur l'organisation de leur temps de travail : il faudra, précise bien le gouvernement, l'accord de l'employeur. Ce dernier devra toutefois motiver un éventuel refus. Les motifs de refus ne sont pas encore précisés mais tourneront autour de l'idée de ne pas compromettre l'organisation du travail.

Travail nocturne assoupli

D'autres mesures en faveur des salariés sont sur la table : le gouvernement veut étendre le droit à la formation, avec un droit individuel qui passerait de 3 jours à 5 jours par an, et instituer un « droit à la déconnexion », avec obligation de négocier un accord dans les entreprises de plus de 20 salariés.

Des dispositifs pour accélérer le retour à l'emploi des personnes licenciées sont aussi au programme, ainsi que des incitations à se tourner vers les métiers en tension. Le patronat y trouve aussi son compte, le gouvernement ayant accédé à ses demandes répétées, en particulier dans la distribution, d'assouplir le travail de nuit.

Selon l'OCDE, les Belges travaillent en moyenne 35,5 heures par semaine, contre 36,5 heures en France, 38,7 aux Etats-Unis et 36,3 en Grande-Bretagne. Avec ce projet, la Belgique, membre de l'UE, emboîte le pas à des pays comme l'Islande et le Japon, qui ont testé l'an dernier la semaine de travail de quatre jours.

Les syndicats sur la touche

Le projet a reçu un accueil très mitigé des partis et syndicats de gauche. Dès mardi, le Parti des Travailleurs Belges (PTB) l'a qualifié de « grande opération de communication pour étendre le travail de nuit sans contrôle, normaliser la journée de 10 heures et mettre hors jeu les organisations syndicales ».

Mercredi, Thierry Bodson, le leader de la FGTB (la CGT belge), a estimé que « compresser le travail sur quatre jours, c'est un coup de couteau assassin dans la revendication de la réduction collective du travail », que porte son syndicat de longue date.

Derek Perrotte (Bureau de Bruxelles)

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