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Épices : l'Europe à la conquête des routes commerciales

Au Moyen Âge, les épices utilisées en Asie sont un produit de luxe en Occident. Pour s’en procurer, les Européens ouvrent des routes maritimes jusque-là inconnues. De Marco Polo à Christophe Colomb, cet appétit d’exploration a changé la carte du monde.
Claire L’Hoër, historienne et journaliste
Publié le 19/11/2022 à 15h00, mis à jour le 19/11/2022 à 15h00 • Lecture 6 min.
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Des marchands occidentaux achètent des produits dans le port de Casiauf, sur le Caramoram (le fleuve Jaune). Enluminure tirée du Livre des merveilles du monde de Marco Polo, par le Maître d’Egerton. Début du XVe siècle

Des marchands occidentaux achètent des produits dans le port de Casiauf, sur le Caramoram (le fleuve Jaune). Enluminure tirée du Livre des merveilles du monde de Marco Polo, par le Maître d’Egerton. Début du XVe siècle • AKG-IMAGES

On a retrouvé un clou de girofle parmi les restes d’un foyer calciné datant du XVIIe siècle av. J.-C. en Mésopotamie. Dans l’Antiquité, les épices sont donc connues au Moyen-Orient, mais ne sont consommées que par de riches personnages car, du fait de leur rareté, elles sont extrêmement chères. Marchandises essentielles du commerce international, les épices ont deux avantages : d’une part, elles représentent de faibles volumes à transporter pour une plus-­value considérable ; par ailleurs, comme elles ne sont ni fragiles ni périssables, on peut les conserver au cours de voyages de plusieurs milliers de kilomètres.

Au Moyen Âge, la plupart des Européens ne savent pas d’où elles viennent et sont obligés de passer par des intermédiaires pour les acquérir. À certaines périodes où le pouvoir central s’affaiblit après la disparition de l’Empire romain, l’absence de monnaies fait parfois des grains de poivre un numéraire d’appoint. Après l’an 1000, l’usage des épices se répand, car la force de leur parfum permet de masquer les odeurs désagréables d’une nourriture que l’on ne sait pas conserver autrement qu’avec du sel. Soit vous mangez salé, soit vous mangez épicé !

La route des Indes

D’où viennent les épices ? Au Moyen Âge, on raconte les légendes les plus fantaisistes sur leurs origines depuis les récits de Marco Polo dans son Livre des merveilles. Au XVe siècle, Niccolò de' Conti, un marchand vénitien, révèle : « Vers l’orient, après quinze jours de navigation, on trouve deux îles : l’une est appelée Sandaï, où naît la noix muscade, l’autre a nom Banda, où naissent les girofles. » La plus grande quantité des épices pousse en effet naturellement dans les régions tropicales et subtropicales de l’Inde et de l’Indonésie actuelles, territoires alors morcelés en une infinité de petits royaumes.

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