Pub

Grèce antique : les hilotes, ou le cruel paradoxe de Sparte

Effrayés par leur trop grand nombre, les Spartiates brutalisaient leurs esclaves pour anéantir tout désir de liberté. Pourtant, sans les hilotes, la cité n’aurait pas pu survivre. Comment Sparte assuma-t-elle cette contradiction ?
Aurélie Damet, maître de conférence en histoire grecque
Publié le 06/10/2022 à 15h01, mis à jour le 06/10/2022 à 15h01 • Lecture 8 min.
Article réservé aux abonnés
Des hilotes récoltent les olives. Amphore attique à figures noires, vers 520 av. J.-C.

Des hilotes récoltent les olives. Amphore attique à figures noires, vers 520 av. J.-C. • WIKIMEDIACOMMONS

« La grande affaire pour les Lacédémoniens par rapport aux hilotes est essentiellement de s’en protéger. » C’est ainsi que l’historien athénien Thucydide introduit l’épineux problème des relations entre Sparte et ses esclaves, qui intriguaient déjà les Anciens. La question « hilotique » demeure encore débattue, tant les sources antiques sont sujettes à caution : ou bien elles sont largement postérieures à l’apparition des hilotes, ou bien elles émanent d’auteurs ne cachant pas leur parti pris, comme c’est souvent le cas à propos de l’étrange société spartiate.

Derrière le terme d’hilote se trouve une communauté double : les esclaves de Sparte habitent deux zones géographiques, la Laconie et, par-delà le mont Taygète, la Messénie, soumise après trois guerres éponymes, entre le VIIIe et le Ve siècle av. J.-C. Si certaines sources présentent les hilotes comme une population locale asservie par étapes après l’extension de l’autorité spartiate, Antiochos de Syracuse (Ve siècle av. J-C.) fait des premiers hilotes d’anciens Spartiates déchus pour avoir refusé de faire la guerre. Quoi qu’il en soit et contrairement à d’autres cités, Sparte dispose de peu d'« esclaves-marchandises », achetés sur les marchés et provenant de captures de guerres lointaines ; sa population servile est avant tout grecque, et non barbare.

Des esclaves indispensables

Ces Laconiens et ces Messéniens travaillent la terre ; beaucoup d’hilotes vivent dans les campagnes spartiates, cultivant un lopin (kleros) appartenant à un citoyen de plein droit, un des Homoioi (« Égaux »), à qui ils doivent reverser une part des récoltes. Libre à eux, ensuite, de conserver le reste. Ce système permet aux Spartiates de nourrir leur famille sans travailler et de se concentrer sur trois activités :

Pour continuer votre lecture, abonnez-vous

Je m'abonne
1€

le premier mois puis 3,50€/mois

  • Sans engagement de durée
  • Accès illimité à tous les contenus du site sur ordinateur, mobile et tablette
  • Le mensuel + ses 2 hors-séries en version numérique
  • Accès aux archives du mensuel + ses hors-séries en version numérique
Déja Abonné ? Se connecter
Aurélie Damet, maître de conférence en histoire grecque

Abonnez-vous à partir de 1€

J'en profite