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Musique et santé mentale, les fausses notes ne sont plus taboues

Musique et santé mentale, les fausses notes ne sont plus taboues
AFP


Stromae a brisé un tabou avec sa chanson «L’enfer» : la dépression touche tout le monde, y compris un chanteur, métier-passion virant parfois au métier-piège, ce que la filière musicale prend désormais en compte. 

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«Du coup, j’ai parfois eu des pensées suicidaires/J’en suis peu fier», a ainsi chanté récemment le Belge au journal télé de TF1, heure de grande écoute en France. L’artiste revient après une grosse déprime.

«Même si on vend du rêve, ça reste un métier et, comme dans n’importe quel métier, quand on travaille de trop, on arrive à un burnout», livrait-il en 2018 sur la chaine France 2. 

Autour de ce sujet longtemps tabou, la parole se libère dans l’industrie musicale dans le sillage d’albums-thérapies de superstars: Adele, Billie Eilish ou encore Bruce Springsteen. 

La chanteuse Irma (née au Cameroun, études en France, connue également en Allemagne) se confiait à l’AFP en 2019. «Quand la tournée s’arrête, tu te dis +à quoi je sers+? Au milieu de tous tes instruments, tu es paumée. Ce n’est pas réel cette vie-là». Elle aussi a dû faire une pause avant de revenir avec un nouveau disque.

«Une tournée, c’est une vie hors de l’ordinaire, un cocon, revenir chez soi est très compliqué», confirme auprès de l’AFP Suzanne Combo, déléguée générale de la Gam (Guilde des artistes pour la musique, en France).

Sortir un disque «amène beaucoup d’attention, de pression, jugements et critiques, il faut s’y préparer et éviter les réseaux sociaux autant que possible», commente pour l’AFP le chanteur folk anglais Frank Turner. 

Chiffres édifiants

En France, la Gam et le collectif Cura (santé des artistes et des professionnels de la musique) ont lancé le deuxième volet d’une enquête sur le bien-être dans le secteur musical, dont les résultats sont attendus en avril. Le premier volet s’intitulait «Une industrie de passionnés sous pression».

Depuis quelques années, les études se multiplient. Celle de l’université anglaise de Westminster a montré que 70 % des musiciens sont en souffrance psychique (trois fois plus que la population britannique en général). 

L’association française Insaart (Institut de soin et d’accompagnement pour artistes et techniciens) vient de dévoiler des chiffres édifiants. Son enquête a été menée entre octobre 2020 et mars 2021 dans le milieu du spectacle vivant, avec des réponses fournies majoritairement par le secteur de la musique (45 %, contre 25 % pour théâtre/cirque par exemple).

L’étude concerne aussi bien les artistes que les autres métiers, techniques ou administratifs du secteur : «72 % des répondants présentent un état dépressif contre 12 % de la population française en général durant la même période», peut-on lire ainsi. Et «15,9 % des répondants ont affirmé avoir des pensées suicidaires le mois précédent contre 10 % de français en population générale». 

«Facteurs qui font flamber les risques

«Sous prétexte que la musique c’est un métier-passion, on est corvéable à merci, on doit tout supporter, ça peut devenir un piège», explique à l’AFP Sophie Bellet, psychologue, une des responsables de l’étude de l’Insaart, qui fut aussi manager d’artistes. On peut citer tournées et promotions à rallonge pour les artistes, travail de jour et de nuit pour les techniciens. 

Sans oublier dans les musiques actuelles un contexte festif et nocturne, entre troubles du sommeil et tentations en tout genre. «Alcool et drogues sont des facteurs qui font flamber les risques sur la santé mentale», renchérit pour l’AFP Emma Barron, médecin psychiatre, autre cheville ouvrière de l’Insaart. Frank Turner admet que ses «addictions» ont décuplé sa détresse psychologique passée. 

Au Fair, structure française d’accompagnement des artistes émergents des musiques actuelles, on est attentif à la «charge mentale» qui peut peser sur les talents en herbe, comme le dit à l’AFP son directeur Julien Soulié. «Avec Gam, Cura, Insaart, il y a des outils, on sait vers qui se tourner», établit-il.

L’Insaart, qui fonctionne sur le bénévolat, espère maintenant sensibiliser les pouvoirs publics, pour être soutenu et aller plus loin, avec, par exemple, un institut mobile qui s’installerait près de salles de spectacle ou sur les festivals.

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