La guerre vient de retrouver sa véritable définition. Il n’est plus question d’un virus, mais de chars et de bombes dont les détonations retentissent aux portes de l’Europe. Le fracas mondial déclenché par l’invasion russe de l’Ukraine, jeudi 24 février, vient bouleverser, en France, une campagne présidentielle qui peinait déjà à intéresser les électeurs.
Déplacements de candidats annulés, émissions de télévision reportées, débats inaudibles… Après avoir été mise sous cloche pendant deux ans de crise sanitaire, la vie politique française est soudainement percutée par un événement qui constitue un « tournant dans l’histoire de l’Europe et de notre pays », selon les mots d’Emmanuel Macron, et place une nouvelle fois le président de la République au centre du jeu, en plus de déstabiliser certains de ses adversaires.
Des cadres de la majorité pensaient que la date du 24 février marquerait la candidature du chef de l’Etat : elle vient plutôt acter le basculement de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril dans une dimension inconnue. Jamais une crise internationale d’une telle ampleur ne s’était déclenchée à deux mois du principal rendez-vous politique du pays. A tel point qu’une « quasi-extinction » de la campagne est anticipée au sommet de l’Etat.
La parole présidentielle, la plus attendue
Dès jeudi matin, à l’Assemblée nationale, les débats prévus sur l’épidémie de Covid-19 laissaient place à des échanges sur l’agression perpétrée par la Russie. La candidate du parti Les Républicains (LR), Valérie Pécresse, chamboulait son agenda en tenant une conférence de presse pour condamner les agissements de Vladimir Poutine, tout en esquivant les questions sur l’ancien premier ministre François Fillon, membre du conseil d’administration d’un géant de la pétrochimie dirigé par un oligarque proche du président russe.
Les représentants de l’extrême droite, Eric Zemmour (Reconquête !) et Marine Le Pen (Rassemblement national), comme Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI), en déplacement à La Réunion, exprimaient quant à eux leur désapprobation face aux actes de Moscou, après avoir affirmé pendant des semaines ne pas croire au scénario d’une invasion.
Pendant ce temps-là, l’écologiste Yannick Jadot et l’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira manifestaient, à Paris, devant l’ambassade russe, puis place de la République le soir, où était également présente la candidate socialiste et maire de la capitale Anne Hidalgo. Mais, comme souvent en situation de crise, c’est surtout la parole présidentielle qui était attendue.
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