En matière de recrutement, le diplôme, fièrement affiché sur le CV des candidats, a longtemps fait foi. Historiquement, les entreprises ont sous-traité l’évaluation du potentiel des candidats à leur pedigree universitaire. « Dire que quelqu’un est diplômé de HEC, par exemple, cela correspond à dire qu’il est bon. Le système des grandes écoles servait à cela : leur classement renseignait sur les vertus du candidat », explique Jean Pralong, professeur en gestion des ressources humaines à l’Ecole de management de Normandie. Une vision très française et une manière de faire le tri entre les candidats toujours en vigueur aujourd’hui pour les jeunes diplômés des écoles – surtout dans les grandes entreprises, très friandes de ces profils.
Mais depuis les années 2000 et la massification de l’enseignement supérieur, les recruteurs peinent parfois à s’y retrouver pour les autres. Face à la variété des titres de niveau bac + 5, ils ont dû faire évoluer leurs méthodes. « La difficulté, pour les entreprises, c’est d’identifier ce qu’on apprend dans les formations, poursuit le chercheur. Elles ont une idée assez précise pour les écoles les plus réputées, mais pour les autres, elles peuvent s’interroger sur ce à quoi les diplômés sont formés. » Une impression confirmée par Nicolas von Nagel, cofondateur de Citevo, entreprise en croissance du secteur de l’immobilier : « Depuis plusieurs années, il y a une multiplication d’écoles privées, dans le commerce et l’immobilier. C’est très compliqué pour nous de les différencier l’une par rapport à l’autre. »
Stages, alternances ou engagements bénévoles
Les masters délivrés par les universités ont, eux, su s’affirmer dans le paysage. « Les diplômes universitaires ont de plus en plus leur place, même s’il y a toujours des freins », note Vincent Furlan, directeur du cabinet de recrutement Feelinks. « Quelques grosses entreprises, par exemple, demandent impérativement certaines écoles sur certains postes. Mais parmi les PME et les start-up, le recrutement est beaucoup plus ouvert. » Avec, dans certains secteurs, comme la chimie, la biologie ou la mécanique, des formations très pointues, en lien avec des laboratoires de référence. « Le master a gagné son pari. Un master est tout à fait comparable à un diplôme d’une bonne école », confirme Hervé Chomienne, maître de conférences spécialisé en management à l’ISM-IAE de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Pourtant, si le top 10 des écoles de commerce ou d’ingénieurs a toujours la cote, les entreprises sont obligées d’avoir recours à d’autres critères pour déterminer la valeur des candidats, avec des pratiques différentes suivant les secteurs. Jean-Philippe Teboul, directeur du cabinet de recrutement Orientation durable, spécialisé dans l’économie sociale et solidaire, note « une priorité de l’expérience sur le diplôme ». Avec une attention particulière aux stages, alternances ou engagements bénévoles. Il souligne quelques exceptions : « Les clients dans le conseil ont une volonté d’affichage, ils veulent pouvoir dire qu’ils mettent leur consultant qui a fait telle grande école sur une mission. »
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