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L’assassinat d’une psychologue qui s’apprêtait à faire un signalement pour attouchements sexuels devant la justice

Albert Blanc, 77 ans, a été jugé devant les assises de Haute-Savoie pour l’assassinat de Morgane Nauwelaers, 33 ans, la psychologue de sa fille, d’un coup de carabine dans le visage, dans son cabinet, à Annecy. Il a été condamné à trente ans de réclusion criminelle.

Par  (Annecy, envoyée spéciale)

Publié le 23 juin 2022 à 03h32, modifié le 24 juin 2022 à 10h38

Temps de Lecture 7 min.

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Des fleurs ont été déposées, le 27 août 2020, à Annecy, devant le cabinet de la psychologue Morgane Nauwelaers, où elle a été tuée, la veille.

Albert Blanc entend mal. Alors, depuis mardi 21 juin, dans la salle de la cour d’assises de Haute-Savoie, l’accusé détenu de 77 ans s’assoit dans le prétoire et change régulièrement sa chaise de place pour écouter son procès.

Il est jugé pour assassinat. Le 26 août 2020, il a tué la psychologue de sa fille, dans son cabinet à Annecy, d’un coup de carabine dans le visage, tiré à bout portant. Morgane Nauwelaers avait 33 ans. Elle partageait sa salle d’attente avec son mari, Louis, psychologue clinicien libéral, comme elle. Louis était juste à côté, il a tout entendu, il a tout vu.

Là, il faut respirer un grand coup avant de plonger dans la nuit. Louis raconte. « Notre enfant a 14 mois. Je l’ai veillé toute la nuit parce qu’il faisait ses dents. J’arrive au cabinet, Morgane me dit qu’elle est en train de faire un signalement judiciaire. Elle prend le temps de lever la tête de son ordinateur, elle me remercie pour notre fils et me dit : “Courage, je t’aime.” Ce sont ses derniers mots. Je vais en consultation. A un moment, mon patient me demande d’aller aux toilettes. Il laisse la porte du cabinet ouverte, je me lève pour la refermer, je vois un homme dans la salle d’attente, il se lève et se rassoit à ma vue. Je lui demande s’il a rendez-vous. Il me dit oui et il me montre la porte du bureau de Morgane. Cinq minutes après, le coup de feu retentit. Je comprends tout de suite que c’est un tir d’arme à feu. Ma première pensée, c’est que c’est un patient qui s’est suicidé. Je bondis de mon fauteuil et je vois Morgane…[Louis agrippe la barre, ferme les yeux, reprend son récit.] J’entends un râle. J’agis par automatisme, une décharge d’adrénaline pure. Je cours dans les escaliers. Je vois l’homme descendre avec son fusil à la main, je hurle de toutes mes forces, je lui prends son fusil et je lui assène plusieurs coups sur la tête, il saigne, il s’enfuit, je hurle, je crie de l’arrêter, qu’il a tué ma femme. Je remonte rejoindre Morgane. »

Louis s’interrompt. Le trentenaire barbu aux yeux sombres se retourne vers son père, sa mère, son frère, assis au premier rang, vers les frères et les sœurs de Morgane, vers ses amis, tous ces regards tendus, à la fois dévastés et encourageants, pour s’excuser autant que pour y puiser la force de poursuivre. « C’est la première fois que je vais raconter vraiment devant mes proches ce que j’ai vu. Je crois que c’est le moment que j’arrête de me censurer… »

« Toute la partie basse de son visage est explosée. Je la mets en PLS [position latérale de sécurité], je libère sa trachée, je lui ordonne de respirer, je lui interdis de mourir. Et en même temps, il y a une partie de moi qui comprend que c’est létal. Il y a un trou énorme. Il ne reste plus rien. A part le trou de sa trachée qui essaie de respirer. » Les jurés baissent la tête, l’une d’entre eux enfouit ses larmes dans ses longs cheveux. Louis dit que, depuis, il survit en recomposant le beau visage aux traits fins et le grand sourire aux dents blanches de Morgane.

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