Inflation, hausse des prix : la très coûteuse rentrée 2023 des Opéras

L'Opéra de Paris, en déficit, doit trouver des solutions, comme le mécénat ou la hausse du prix de certains billets ©AFP - Maurizio Orlando
L'Opéra de Paris, en déficit, doit trouver des solutions, comme le mécénat ou la hausse du prix de certains billets ©AFP - Maurizio Orlando
L'Opéra de Paris, en déficit, doit trouver des solutions, comme le mécénat ou la hausse du prix de certains billets ©AFP - Maurizio Orlando
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Augmentation des prix des catégories élevées à Paris, entre 8 et 10% de hausse à Montpellier, des scénarios étudiés à Rouen... Pour contrebalancer l'inflation, certaines maisons lyriques sont contraintes de revoir leurs tarifs.

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Début juillet, les Forces Musicales, le syndicat des opéras et des orchestres, a présenté la "Saison fantôme" : un livret qui regroupe les productions abandonnées cette saison, faute de moyens. Cette rentrée 2023 est encore compliquée pour les maisons lyriques, qui subissent de plein fouet l'inflation. Contraintes à des choix budgétaires, certaines ont même décidé - ou réfléchissent - à augmenter leurs prix, en plus de renoncer à certaines productions.

"Augmentation pour les catégories élevées"

Un déficit de 6,4 millions d'euros l'an dernier, de 9,6 milllions d'euros en 2023 selon les prévisions. L'Opéra de Paris doit trouver des moyens pour combler le fossé et cela passe, notamment, par une augmentation de certains tarifs. "Je pense qu'il faut protéger les petits prix, avec un tiers de places à moins de 50 euros, et une légère augmentation pour les catégories élevées", développe Alexander Neef, son directeur. "La situation nous oblige aussi à diversifier nos ressources propres, entre la billetterie, le mécénat et d'autres recettes commerciales, qui deviennent de plus en plus importantes pour protéger le cœur de nos missions : produire des spectacles de ballet et d'opéra."

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Des prix qui grimpent légèrement, c'est aussi l'une des solutions appliquées à contrecœur par l'Opéra Orchestre Montpellier Occitanie. La maison avait baissé ses tarifs juste après le Covid, dans le cadre d'un plan de relance. Les prix restent "très bas", dit Valérie Chevalier la directrice, mais augmentent dès cette saison : "Le public a vu que nous avions augmenté les prix, entre 8 et 10% d'augmentation. Sur les trois ans à venir, nous augmenterons de quasiment 10% chaque année l'ensemble des tarifs. Nous maintiendrons tout de même des prix bas pour les concerts 'partage', plus courts, adaptés, avec parfois un accompagnement narratif."

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Économies et sacrifices

Du côté de l'Opéra de Rouen Normandie, augmenter le prix des places pour rattraper l'inflation est inenvisageable, explique le directeur Loïc Lachenal, car le niveau de billetterie n'est pas le même que celui de Paris par exemple. Mais le scénario est étudié. "Nous ne pouvons pas faire l'économie de réfléchir à notre modèle, avec tous les leviers de ressources à notre disposition", estime Loïc Lachenal : "Nous n'avons pas souhaité le mettre en place dès cette saison, mais nous avons fait une modélisation de notre plan de salle, avec une hausse qui pourrait se concentrer sur les catégories les plus chères. Nous faisons tous ces scénarios, reste à savoir quand il sera le plus opportun de les déclencher en fonction de chaque modèle."

Des économies, et des sacrifices. Car tout flambe : le coût des matières premières, de la logistique, des décors, des transports... À Rouen, il n'y aura que trois grands titres d'Opéra cette saison, au lieu de cinq ou six habituellement. À Montpellier, une co-production avec Parme et Bologne pour la Force du Destin de Verdi a été reportée. À Bordeaux, pas de hausse des prix, mais une trentaine de levers de rideau en moins. "Nous sentons de gros risques, les enjeux vont être très importants", prédit le directeur, Emmanuel Hondré : "Il y aura encore un impact du choc énergétique que nous avons connu l'année dernière, une sorte de deuxième vague moins forte, mais il y en aura une. L'augmentation des fonctionnaires, qui n'a pas été financée jusqu'à présent, aura aussi un impact. Et nous avons collectivement, car toutes les maisons d'opéras traversent la même chose aujourd'hui, un risque de découragement." Les maisons lyriques doivent donc tenir le coup en cette rentrée 2023, qui s'annonce à nouveau sous le signe de la rigueur budgétaire.

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