#streamcaribbean "MAYDAY" de VAYB, "Mario Canonge Trio" de Mario Canonge, "Certifié (a)live" de Florence Naprix, "MI NOU LA" de JI KANN'

On termine la série des chroniques #streamcaribbean de 2023. Après Lorenz et son EP “Lunatiq” (janvier), Kevni et de son EP “INEVITAB” (février), Yoan et son “Gemini II” (février), Rachelle Allison et son album “Féeries” (février), Maeliah et son EP “Aurore” (mars), les albums hip-hop de Meryl, Maalkhema et Lé Will & Deuspi, il est temps de clôturer cette série de chroniques avec le konpa, le zouk et le jazz qui sont la base de nos bases. Quand on parle de retourner à nos origines, à notre identité culturelle pour se célébrer, pour se réinventer pour nous-mêmes et par nous-mêmes, c’est ce que font ces albums. 

VAYB - MAYDAY (mai)

Souvent cité comme le renouveau du konpa en ayant réussi une fusion de sonorités urbaines sans perdre l'essence du genre musical né à Haïti, Carimi a toujours proposé des albums qui sonnent comme du live. Désormais accompagné de Jude Deslouches et de Benjamin Guirand, Mickaël Guirand continue d'appliquer la formule avec VAYB. Se jouant déjà des tendances du marché, leur premier album “Game Over” sonnait comme le simple plaisir de faire de la musique et de vouloir divertir le public. Ce second album “MAYDAY” reste dans la même lignée avec une approche plus conceptuelle. Cette variation sur le thème de l’amour en détresse nous fait chanter et danser pendant plus d'une heure de konpa. Une relation sur le point de commencer, une relation sur le point de finir, une relation en suspens, une relation toxique, chacun et chacune pourra identifier une situation vécue et/ou vue dans son entourage. Avec des featurings de Jude Deslouches, K-Dilak Mesaje A, Noldy et TROUBLEBOY HITMAKER, cet album symbolise aussi la transmission intergénérationnelle. Avec le titre “MAGO”, Princess Lover est la seule voix féminine et montre une nouvelle fois le potentiel des collaborations entre Haïti et Martinique

En résumé, je sais déjà que “MAYDAY” est un de mes albums coup de coeur de 2023. Au-delà de la qualité de l’écriture et de la composition, c’est un album qui m’apaise comme un bon repas fait maison. Tu prends le temps de t’asseoir, de savourer, de respirer avant de repartir affronter le tourbillon du quotidien. Mon seul regret est de ne pas avoir assisté au concert au Zénith, mais je n’ai pas eu le courage de le revoir sur scène après les 20 ans à Bercy. Mais on espère une prochaine date parisienne.


Mario Canonge Trio (mai)

Mario Canonge (piano), Michel Alibo (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie) ont immortalisé leur trio avec un album d’une heure de live. Certains titres sont extraits de l’album “Zouk Out” sorti en 2020, d’autres sont extraits de l’album “Mitan” sorti en 2011. Donc ce n’est pas tant la composition qui serait à évoquer ici. Cet album garde une trace d’un trio incarnant la force de notre histoire musicale car il réunit des pointures reconnues au niveau international. C’est vraiment un album qui transmet de la joie et allège le coeur en faisant swinguer notre culture. 

Florence Naprix - Certifié (A) live (mai)

Sans aucun doute le titre d’album le plus recherché de ma sélection. Enregistré en autoproduction dans les conditions d’un direct, “Certifié (A) live” démontre la flexibilité de nos musiques. Quand je disais dans mon podcast “Notre (dés) amour du Zouk” que nous avons des experts dans des genres dits “classiques” mais qui sont dans le respect de la musique populaire, Florence Naprix en fait partie. Entourée de Sonny Troupé (batterie), Audray Clodion (clavier), Eric Delblond (basse), elle chante des tranches de vie, des histoires de femmes, des portraits de la Guadeloupe. Entre ses propres compositions ou des reprises d’artistes comme Manuela Pioche, Jean-Michel Rotin, elle raconte les blessures et les bénédictions d’un monde contemporain qui se construit un avenir sur les ruines fragiles du passé. 

L’ambiance jazzy cozy se marie aux sonorités gwoka, biguine, salsa ou encore hip-hop, Zouk, R&B pour transmettre une énergie rayonnant d’authenticité. Ce spectacle sonore porteur de liberté s’adresse à toutes les générations. Mention spéciale pour “Guadeloupean Boy”, featuring de Starjee qui a coproduit l’album. Cette version du “American Boy” d’Estelle et Kanye West sur le coup de foudre est transposé au contexte guadeloupéen et prouve, une nouvelle fois, la versatilité de nos artistes. A écouter sur le bandcamp de Florence Naprix.

JI KANN’ - MI NOU LA (juin)

Notre Zouk est vivant. VIVANT. Toute personne qui affirme le contraire ou persiste à vouloir nous démontrer qu’il est mort est anti-caribéenne. La renaissance espérée après la pandémie de 2020 a commencé dès 2021 avec le “Gemini part I” de Yoan et le “ADN” de Lorenz avant que des groupes live comme Kassav’ reviennent sur les ondes. Si la Martinique a Made in Mizik mené par Gilles Guilon et  David Chantalou et la Guadeloupe a Tanmpo Klassik Live mené par Jérôme Castry, la particularité de Ji Kann’ est d’être né sous les yeux du public en rassemblant des artistes de tout horizon. Leur reprise du “Pa Bizwen Palé” de Kassav’ devait être un oneshot entre amis sous la direction d’Ali Angel en avril 2020. Trois ans plus tard, le groupe présente enfin son premier album : “Mi Nou La”. 

Je reconnais que j’ai du mal à comprendre qui fait partie du noyau dur à ce jour et qui est artiste associé le temps d’une chanson comme Richard Cavé ou Yoan… Une biographie à jour disponible en ligne permettrait d’éviter ce genre de confusion, mais vu la pochette de l’album, je dirais qu’on a : Gregz, Guy André Girier-Dufournier & Tina Ly (chant) ; Alex K-By & Ali Angel (guitares) ; Laurent Tulle (clavier) ; Thierry JP Groov’ Jean-Pierre (basse) ; Thomas Bellon (batterie) ; Albert Vigné (percussions). 

Parmi des reprises de classiques, se glissent des inédits comme “Lalin’”, Reste encore un peu ou encore Chalè Lanmou, On Bèl Jouné. Des chansons pour danser, pour apaiser les coeurs, pour garder la motivation, pour célébrer, pour aimer… Sé sa le Zouk! 

C’est un réel plaisir d’entendre un Zouk intergénérationnel, intracaribéen, héritier de Kassav’. La volonté de divertir les gens dans la bonne humeur s’entend et surtout se ressent. J’ignore les ambitions du groupe c’est-à-dire rester un projet périphérique dans leur carrière respective ou s’y consacrer à 100% pour développer une identité artistique, mais cet album est déjà un beau cadeau au public. A écouter sans modération.