Protéger la biodiversité: une initiative d’envergure à Saint-Mathieu-du-Parc

Un an après la naissance du projet d’aire protégée à Saint-Mathieu-du-Parc, le président de l’organisme brosse un portrait de l’évolution du dossier. L’initiative, rappelons-le, a vu le jour en décembre 2021 d’une mobilisation citoyenne face à des coupes forestières prévues sur les terres publiques de cette municipalité, reconnue pour ses milieux naturels.

POINT DE VUE / La COP 15 tire à sa fin. Près de 200 pays seront-ils parvenus à s’entendre pour protéger la biodiversité, à l’échelle planétaire? Le défi est colossal! Mais plus localement, et de façon moins étourdissante, un projet d’aire protégée mûrit rapidement à Saint-Mathieu-du-Parc.


Cette initiative est née en décembre 2021 d’une mobilisation citoyenne face à des coupes forestières prévues sur les terres publiques de cette municipalité, reconnue pour ses milieux naturels. Une cinquantaine d’organismes, entreprises et villes ont alors appuyé ce mouvement, également soutenu par une pétition de plus de 4000 noms déposée à l’Assemblée nationale du Québec. Un an plus tard, où en est-on?

Ce projet est aujourd’hui piloté par l’Aire protégée de Saint-Mathieu-du-Parc, constituée en organisme à but non lucratif en avril 2022. Démarrer un tel projet n’est pas une mince affaire! Des dizaines de volontaires ont consacré des centaines d’heures d’exploration du territoire, de sollicitation d’appuis, de création d’outils de communication, de relation avec les médias et les élus, de demandes de subventions et de préparation de documents divers.

De façon générale, notre organisme souhaite protéger la faune et la flore de ce territoire de plus de 100 km2, frontalier avec la portion sud du parc national de la Mauricie. Des arbres centenaires s’y dressent, des espèces animales à la survie précaire, comme la tortue des bois et certaines chauves-souris y vivent, des lacs et des cours d’eau précieux s’y trouvent. Des paysages forestiers spectaculaires s’offrent à nos yeux. Des opportunités de développement responsable et durable s’y présentent.

La randonnée, le vélo de montagne et l’escalade s’y pratiquent déjà. D’autres activités, telles l’ornithologie et la botanique, les services éducatifs, l’animation culturelle de l’amphithéâtre et la valorisation de l’agroforesterie (érablières, champignons, petits fruits) sont notamment envisagés.

Depuis un an, notre organisme a multiplié les démarches de concertation dans la région. Il s’est doté d’un conseil d’administration et d’une permanence, en plus d’amorcer des inventaires biophysiques sur le terrain, de préparer des documents d’avant-projet et de faire de nouvelles demandes d’appui financier.

Nous avons jeté les bases d’un partenariat avec les Premières Nations, notamment avec la coopérative culturelle Atikamekw Nitaskinan. Ce chantier se fera avec la concertation des acteurs locaux, dans le respect des utilisateurs en place et de la capacité d’accueil des lieux. Des rencontres ont eu lieu avec les usagers du territoire pour établir une cohabitation harmonieuse. Elles se poursuivront.

Il ne s’agit pas de placer une cloche de verre au-dessus du territoire, mais bien d’en ouvrir l’accès à la population de façon encadrée. L’implantation d’un bâtiment d’accueil multifonctionnel, permettant la vitalisation du village de Saint-Mathieu, est aussi envisagée. Des emplois réguliers et des opportunités d’affaires seront créés. Nous souhaitons voir émerger des entreprises d’économie sociale prenant appui sur la conservation de la biodiversité.

Ce projet d’aire protégée est notamment appuyé par la Municipalité de Saint-Mathieu-du-Parc, le Parc national de la Mauricie, le secteur touristique et municipal régional, l’Université du Québec à Trois-Rivières, et par de plus en plus de citoyens de la région. Il devrait être officiellement déposé au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs au printemps 2023. Au cours des prochains mois, avec le soutien du député de Maskinongé, Simon Allaire, nous interpellerons un plus grand nombre de joueurs gouvernementaux.

Notre ambition est de doter la Mauricie d’une aire protégée d’envergure ayant une vocation de tourisme durable. Nous croyons en la nécessité de planifier notre territoire autrement qu’à la seule fin d’en prélever les ressources ligneuses et minières. D’autres coupes forestières planent d’ailleurs à l’horizon de 2025. Le gouvernement fédéral a précisé de son côté se soucier de l’enjeu de la connectivité écologique.

Et la COP15 dans tout ça? Les annonces et les signaux émis par Québec et Ottawa au début de la rencontre sont de bon augure. Des sommes majeures seront consacrées à la biodiversité pour atteindre une protection de 30% de la superficie de la planète d’ici 2030.

La création d’aires protégées ira donc de l’avant. Nous sommes convaincus que celle de Saint-Mathieu-du-Parc mérite sa place. Nous sommes visibles sur les réseaux sociaux et sur le web au https://aireprotegeesmdp.ca/. Joignez-vous à nous! En multipliant les initiatives de ce genre, nous contribuerons justement à la protection de la biodiversité planétaire!