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Folklore

Danse tyrolienne  : Alessandro Sciarroni, le garde des sauts

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Le chorégraphe italien, passionné par la sauvegarde du patrimoine populaire, a transmis à l’Opéra de Lyon son spectacle réinterprétant le «Schuhplattler», danse folklorique engluée dans les clichés.
par Ève Beauvallet
publié le 12 avril 2021 à 22h45

Au printemps, le grand tétras effectue la roue avec sa queue puis frappe le sol avec insistance pour impressionner la femelle. De la même manière, de père en fils, les danseurs tyroliens se frappent les cuisses, les genoux et les pieds, puis giflent leurs mains en poussant de petits cris d’allégresse pour séduire les femmes (la genèse a lieu bien avant #MeToo). Les théories se déchirent sur la validité de cette source d’inspiration. En tout cas le «Schuhplattler» − du nom de cette danse folklorique de Haute-Bavière, Autriche et Italie du Nord – est presque aussi vieux que le grand coq de bruyère. Né il y a plus de mille ans, empruntant les chemins de transmission sinueux et mal débroussaillés des pratiques populaires, ce folklore en bermuda et bretelles est encore très vivace dans plusieurs petits villages de la région, notamment depuis que la partie sud du Tyrol, les environs de Bolzano, a cessé d’être autrichienne après la Première Guerre mondiale pour revenir à l’Italie. Une région controversée donc, dans laquelle la danse a valeur de tract de revendication identitaire.

D’où le fait que les danseurs du coin ne sont pas forcément enclins à souffler aux oreilles des étrangers le secret du Saint Graal. On ne s’amuse pas, ici, à pomper cette danse communautaire dans un clip ou un défilé sans s’exposer aux yodels d’insultes pour «appropriation culturelle». En même temps, quel artiste contemporain prendrait vraiment six mois de sa vie pour apprendre une danse de gifles en culott

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