C'est un secret de polichinelle : l'Afrique regorge de talents dans le sport. Partout, les parties endiablées de football, rythmées par de forts duels physiques, illuminent les visages des jeunes et des plus âgés. Afin de répondre à cette inaltérable volonté des passionnés du ballon rond, un véritable marché s'est mis en place : l'équipement sportif. Plusieurs entrepreneurs se sont lancés dans ce secteur à l'instar de Bakary Kamara – entrepreneur franco-mauritanien à l'origine de TibTop. "Le continent africain représente un marché en pleine structuration. Mais la passion pour le ballon rond est vraiment ancrée dans les mentalités" , analyse ce dernier, issu de la diaspora mauritanienne basée en France.

Si cet entrepreneur installé près de Rouen croit en ce potentiel, c'est parce qu'il reste persuadé que l'apport des nouvelles technologies permettra une meilleure analyse des performances sportives. Grâce à un système GPS intégré, la technologie sur laquelle s'appuie TibTop permet de créer une analyse des mouvements et de la performance grâce aux outils numériques. Ces informations sont ensuite transmises via bluetooth sur une application dédiée où ils pourront comparer les données. Si le projet peut séduire, deux défis majeurs restent à relever.

Le premier consiste à trouver un business model viable qui incorpore les coûts de fabrication. Et le second est d'ordre logistique avec l'acheminement des stocks des marchandises jusqu'à la livraison au dernier kilomètre. "La commercialisation d'un protège-tibias connecté comporte d'importants coûts liés à la dimension technologique du produit. En revanche, il n'est pas inopportun de mobiliser les Etats via les Fédérations sportives pour qu'elles puissent se charger elles-mêmes de la distribution" , note Bakary Kamara. L'importance de nouer des partenariats forts avec les autorités locales est également un constat partagé par Régis Charpentier, fondateur de WinWin Afrique.

Cette société travaille dans le financement de programmes et infrastructures sportifs sur le continent africain notamment en Côte d'Ivoire. "Nous construisons des agoras qui sont des infrastructures sportives de proximité au service de l'Education" , indique Régis Charpentier. "Une première a été inaugurée en présence d'Emmanuel Macron  lors de son déplacement à Abidjan en décembre 2019. Et ces prochaines semaines, 10 autres vont voir le jour en Côte d'Ivoire" , espère-t-il. Une initiative qui a par ailleurs été saluée par la remise d'un trophée lors de la 17ème édition des Trophées Sporsora présidée par le basketteur français, Tony Parker.

Le sport, la tech et le social : un triptyque prometteur

Depuis longtemps, le potentiel économique du sport ne pouvait être ignoré en Afrique. Selon un récent rapport d'AT Kearney, l'Afrique ne représenterait que 2 ou 3% d'un marché mondial évalué à près de 650 milliards de dollars. Face à ces possibles revenus, plusieurs acteurs se positionnent pour porter haut l'étendard du football et du sport africain en général. Bakary Kamara et son entreprise TibTop, qui ont reçu récemment trois prix de l'innovation (dont l'Outdoor Sport Valley à l'ISPO Munich et Innov&sport Transtech) en font partie. Plusieurs contacts très avancés ont été pris avec certaines Fédérations africaines de Football. "On a rencontré le directeur technique national mauritanien et son sélectionneur" , rapporte-t-il. Bien qu'il ne soit pas toujours aisé de maintenir des contacts dans le temps quand on entreprend à distance hors du continent africain, il n'empêche que le jeu en vaut la chandelle. Un avis qui est également partagé par l'entrepreneur franco-congolais, Guy Losendjo, fondateur de Banafrika qui opère également dans le secteur de la sport tech. "La technologie ne compense pas l'absence auprès de notre secteur cible mais le numérique est un facilitateur car il donne de la valeur ajoutée au secteur sportif" , affirme cet entrepreneur basé à Nice, ancien footballeur professeur qui s'est donné pour mission de favoriser la détection des jeunes talents africains grâce au numérique.

En Afrique du Sud, la société Steady Aim est parvenue à moderniser le tir-à l'arc dans un pays qui ne jure que par le rugby ou le football. Cette entreprise a crée un capteur posé sur un archer qui permet de mesurer les indicateurs de performance dont les données sont par la suite envoyées sur une application dédiée. Co-fondée par Wesley Gates, ancien archer sud-africain de niveau mondial, l'entreprise revendique plusieurs milliers d'utilisateurs de tout le pays et de toute classe sociale confondue. Malgré les obstacles auxquels les entrepreneurs doivent faire face, le défi s'annonce passionnant pour les acteurs engagés pour ce doux rêve: faire de l'Afrique, un terrain d'excellence dans le sport comme dans l'économie et le social.