31 juillet 2019

7h45- L'interview d'actualité de Pierre de Vilno
L'IGPN écarte toute responsabilité de la police dans la mort de Steve : l’avocate de la famille dénonce un rapport "partial"

Me Cécile de Oliveira s'est dite surprise au micro d'Europe 1 d'entendre le Premier ministre annoncé la saisie de l'Inspection générale de l'administration, après un premier rapport de l'IGPN sur la mort de Steve Maia Caniço. 

INTERVIEW

Les conclusions du rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur la disparition de Steve Maia Caniço, lors de la Fête de la musique à Nantes, écartent toute responsabilité des forces de l’ordre, dont une intervention en marge de la disparition du jeune homme a pourtant suscité la controverse. Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a révélé ces conclusions mardi, a toutefois indiqué qu’une nouvelle inspection allait être diligentée. "Ce rapport est d’une partialité qui me dérange hautement", a voulu dénoncer au micro de Pierre de Vilno, sur Europe 1, Cécile de Oliveira, l’avocate de la famille de Steve.

"Quand il est pris comme un élément de solidité par le Premier ministre, qui dans le même temps annonce qu’il va organiser une inspection générale de l’administration, j’avoue que je suis un peu surprise", relève-t-elle. "J’ai été très étonnée de voir le Premier ministre s’exposer en prenant la parole sur la base d’un rapport administratif de l’IGPN, un premier rapport fait très rapidement, et qui était détenu depuis le 16 juillet", pointe encore Cécile de Oliveira, qui souligne également le silence de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur.

Après l'intervention d'Edouard Philippe, cette avocate avait déjà dénoncé une "affaire d'Etat". "Le chef du gouvernement prend la parole sur une affaire judiciaire en cours. C’est extrêmement gênant", explicite-t-elle sur Europe 1, alors que le parquet de Nantes a ouvert mardi une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire".

Un rapport trop lacunaire 

"Je crains que ce rapport ne soit rédigé d’une manière très contestable et très critiquable", poursuit-elle. Ce rapport estime qu'il n'y a pas eu de charge des forces de l'ordre qui pourrait être à l'origine de la chute du jeune homme dans le fleuve, mais uniquement des tirs de gaz lacrymogène en riposte à des jets de projectile.

"Pas d’audition des témoins, ni des témoins qui se sont retrouvés dans l’eau au même moment que le pauvre Steve […], pas d’expertise balistique sur le nombre de projectiles lancés par la police pendant son intervention...", épingle notamment l'avocate. "On ne peut pas faire un rapport sur une affaire aussi complexe en quelques jours, alors que l’on n’a pas encore le corps de la victime lorsque le rapport est rédigé, donc aucun élément médico-légal", s'agace-t-elle. "Ce rapport dit notamment qu’il faut être prudent tant que l'on n’a pas les conclusions de l’enquête judiciaire", souligne encore Me Cécile de Oliveira.

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