Données relatives aux volumes d’eau prélevés
Données secrètes: la MRC veut des réponses
C’est dans une optique de gestion durable que la MRC de Vaudreuil-Soulanges a adopté, à l’unanimité, une résolution voulant que les données relatives aux volumes d’eau prélevés au Québec, entre autres, par les entreprises qui embouteillent l’eau pour la vendre, soient rendues publiques.
Selon les représentants des 23 municipalités formant Vaudreuil-Soulanges, ces informations maintenues secrètes par le ministère de l’Environnement de la Lutte contre les Changements climatiques (MELCC) sont essentielles afin d’assurer une gestion durable de la ressource.
« Ce sont 18 des 23 municipalités du territoire qui puisent dans nos eaux souterraines. Ça représente plus de 90 000 citoyens. Et, la situation n’est pas près de s’améliorer avec l’arrivée de l’hôpital qui lui aussi sera alimenté par les eaux souterraines », explique en entrevue à Néomédia, Patrick Bousez, préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges et maire de la Municipalité de Rivière-Beaudette.
« Plus de 62% de notre territoire est voué à l’agriculture. Ça aussi ça demande beaucoup d’eau », ajoute-t-il.
Dans une entrevue radiophonique, la mairesse de Saint-Lazare, Geneviève Lachance a laissé entendre que l’accès à l’eau pourrait éventuellement freiner le développement de sa Ville. Rappelons que depuis plusieurs années, la gestion et l’alimentation en eau potable sont grandement discutées à Saint-Lazare.
Une ressource épuisable
Dans la résolution adoptée le 4 juillet, la MRC souligne que « l’eau est une ressource vulnérable et épuisable », information confirmée par un rapport commandé par le gouvernement fédéral. Dans ledit rapport, les experts du consortium scientifique Ouranos s’entendent pour dire que la crise climatique pourrait mener à une pénurie d’eau potable au Québec dans les prochaines années.
Le document indique également que la province sera beaucoup plus vulnérable aux inondations et aux fortes baisses des niveaux d’eau.
« Nous avons vu des puits qui s’assèchent. Ici, mais aussi ailleurs au Québec. C’est inquiétant. La MRC a été proactive en menant certaines études, mais on se doit de valider les données. On a pensé très longtemps que l’eau est une ressource inépuisable. On se rend bien compte que ce n’est pas le cas. Il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard pour agir », poursuit le préfet.
Un secret d’État
Comme le rappelle la résolution, « les données relatives aux prélèvements d’eau au Québec sont actuellement maintenues secrètes. » Pour les représentants de la MRC, cela rend difficile, voire impossible, la gestion durable de l’or bleu. « ll faut que l’on puisse avoir accès aux données, tant sur la quantité, que la qualité des eaux prélevées, si on veut poursuivre notre développement dans une optique de développement durable », ajoute Patrick Bousez.
Au moment d’écrire ces lignes, aucun représentant du MELCC n’avait donné suite à notre demande d’entrevue ni répondu à nos questions, notamment à savoir pourquoi ces données sont-elles confidentielles.
Or, un jugement déposé en avril dernier par la Cour du Québec confirme que ces informations « sont de nature commerciale » et qu’ils ont « un caractère objectivement confidentiel puisque l’ensemble de l’industrie traite ces renseignements de manière confidentielle et qu’ils ne font pas partie du domaine public ».
Le document met également en lumière « le caractère hautement compétitif de l’industrie des embouteilleurs en raison de la très mince marge de profit et que les entreprises se livrent une compétition serrée ».
Des députées concernées
Bien qu’à l’heure actuelle, les députées de Vaudreuil et de Soulanges, mesdames Marie-Claude Nichols et Marilyne Picard, n’aient pas été interpellées par la MRC, Patrick Bousez se dit confiant qu’elles sont tout de même conscientisées par la question.
Sur son compte Twitter, Marie-Claude Nichols a toutefois indiqué: «
Les élu.e.s de la MRC Vaudreuil-Soulanges sont sensibles aux enjeux environnementaux et sont proactifs ! Bravo Le gouvernement de la CAQ doit cesser d’ignorer cet enjeu et agir en transmettant les données sur les volumes prélevés »
De son côté, la députée de Soulanges n’avait toujours pas commenté le dossier au moment de publier.
« S’il y a une chose à retenir, c’est qu’il ne faut pas attendre avant d’agir », conclut Patrick Bousez.
À la veille du déclenchement de l’élection provinciale, la question sera assurément abordée par les candidats.
Un dossier à suivre.
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