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Grand Angle

Ghali à Alger, l’Espagne tend la main, silence officiel au Maroc

Le retour de Brahim Ghali à Alger a donné l’occasion à d'autres ministres espagnols de prendre le devant de la scène médiatique, avec des messages apaisés en direction du Maroc. Du côté du gouvernement marocain l’heure est à un étrange mutisme.

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Brahim Ghali est rentré, le 2 juin, en Algérie. Depuis, des ministres espagnols, essentiellement du PSOE, se relaient pour louer les «relations stratégiques» avec le Maroc. Une mission confiée à des membres de l’exécutif qui avaient pourtant été écartés au plus fort de la crise diplomatique avec Rabat. En effet, les responsables qui avaient accusé le royaume de «chantage», telles la première vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, et la ministre de la Défense, Margarita Calvo, ont cédé le devant de la scène à d’autres plus mesurés.

C’est dans le cadre de cette répartition des rôles que le ministre de l’Intérieur espagnol, déjà présenté par les médias ibériques comme un opposant à l’accueil du chef du Polisario, a plaidé ce jeudi 3 juin pour donner du temps à «la diplomatie» ain de baisser le niveau de tension entre les deux pays voisins. Fernando Grande-Marlaska a annoncé, lors d'un point de presse, la poursuite de la coopération sécuritaire entre Rabat et Madrid. «Nous travaillons sérieusement de manière coordonnée, lorsqu’il s’agit des questions sécuritaires qui ne sont pas de moindre importance que celles du terrorisme et du crime organisé», a-t-il souligné.

Luis Planas, une autre ministre socialiste chargé de l’Agriculture et de la Pêche, grand connaisseur du Maroc où il était ambassadeur de 2004 à 2010, a été appelé pour assumer sa part de responsabilité dans la nouvelle campagne de son gouvernement. A Tolède, il a affirmé que la coopération entre Madrid et Rabat dans les domaines de l’agriculture et de la pêche est «solide», car les intérêts des deux pays «convergent clairement».

Silence au Maroc                      

Etrangement, cette campagne de communication des responsables espagnols s’exécute sans la moindre réplique de la part du gouvernement marocain. Les deux principales voix ayant monopolisé la parole au plus fort de la crise, à savoir le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita et l'ambassadrice Karima Benyaich, sont restées muettes. Les deux officiels n’ont ainsi émis aucun communiqué pour réagir aux déroulement du retour de Brahim Ghali à Alger, alors qu'il est poursuivi dans différentes affaires pour des faits de viol, enlèvement, séquestration, torture et crimes contre l'humanité. Un mutisme d'autant plus étrange alors que le ministère espagnol des Affaires étrangères a annoncé, le lundi 1er juin, avoir informé les autorités marocaines, par «des canaux diplomatiques», du départ de Ghali.

Le Maroc souhaite peut-être donner une chance à la médiation française pour recoller les morceaux d'une relation maroco-espagnole fortement bousculée par l’affaire Brahim Ghali ? A moins que cette désescalade ne soit le prélude à une révision de l’approche adoptée par le Maroc durant cette crise ?

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