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Equateur : une fuite de pétrole en Amazonie menace un parc naturel et une rivière

Environ 21 000 mètres carrés de la réserve Cayambe-Coca ont été touchés par la fuite de pétrole. Le brut s’est également écoulé dans la Coca, une rivière majeure de l’Amazonie, qui se jette dans un fleuve, le Napo, lequel alimente en eau de nombreuses communautés.

Le Monde avec AFP

Publié le 31 janvier 2022 à 11h50, modifié le 31 janvier 2022 à 22h51

Temps de Lecture 4 min.

Du pétrole se déverse depuis un oléoduc à Piedra Fina, en Equateur, le 29 janvier 2022.

Urgence écologique dans la jungle amazonienne. Le pétrole qui se déverse d’un oléoduc endommagé depuis vendredi dans l’Amazonie équatorienne a touché une aire naturelle protégée et une rivière qui alimente en eau plusieurs villages de cette région du nord-est de l’Equateur.

« La zone touchée est située dans le parc national de Cayambe-Coca et, selon le zonage, le déversement de pétrole a eu lieu dans la zone de protection », a annoncé, lundi 31 janvier, dans un communiqué le ministère de l’environnement.

Environ 21 000 mètres carrés du parc national Cayambe-Coca ont été touchés par la fuite de pétrole. Le brut s’est également écoulé dans la Coca, une rivière majeure de l’Amazonie qui se jette dans un fleuve, le Napo, a ajouté le ministère. Cette rivière et ce fleuve alimentent en eau de nombreuses communautés, y compris des peuples autochtones.

« L’eau du fleuve ne peut pas être utilisée »

« Notre personnel surveille 210 kilomètres de la rivière Coca et de ses affluents, et coordonne la mise en place de mesures de confinement et d’assainissement lorsque des traces d’hydrocarbures sont identifiées », ont ajouté les autorités. Des comités d’urgence ont été activés dans les provinces de Napo et d’Orellana afin de « garantir une eau saine pour la consommation de la population ».

« Nous exigeons de savoir combien de barils ont été déversés et quel sera le processus de livraison d’eau et de nourriture aux communautés », a déclaré sur Twitter la Confédération des nationalités indigènes de l’Amazonie équatorienne (Confeniae), principale organisation autochtone du pays.

« Il est clair que l’eau du fleuve ne peut pas être utilisée ni consommée », a déploré cette organisation alors qu’aucune évaluation indépendante des dommages n’a été menée pour le moment. A ce jour, ni le gouvernement ni la société privée OCP (Oleoducto de Crudos Pesados), qui gère l’oléoduc, n’ont précisé la quantité de pétrole déversée dans la nature.

D’une superficie de plus de 4 000 kilomètres carrés, le parc national de Cayambe-Coca est à cheval sur quatre provinces, dans une zone de montagnes et de forêts humides dans le bassin de l’Amazone, entre 600 et 5 790 mètres d’altitude. Une centaine d’espèces de mammifères y sont recensées (tapirs, cougars, ours, condors…) et près de 400 espèces d’oiseaux.

Glissements de terrain et chutes de pierres

Situé à une centaine de kilomètres au nord-est de la capitale, Quito, ce parc est caractérisé par l’omniprésence de l’eau : chutes, cascades, sources, lagunes, landes imprégnées d’humidité et nimbées de brouillard… le tout sous des pluies incessantes.

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Ce sont justement de fortes pluies ont provoqué en fin de semaine glissements de terrain et chutes de pierres, entraînant la rupture d’un oléoduc de transport de pétrole brut dans la zone de Piedra Fina. L’incident a eu lieu vendredi à la frontière entre les provinces de Napo et de Sucumbios, sur ce pipeline de 485 kilomètres, qui traverse quatre provinces, et est géré par la société privée Oleoducto de Crudos Pesados (OCP, pour « Oléoduc de pétrole brut lourd »).

Selon le gouvernement, le glissement de terrain a affecté « quatre tuyaux de l’infrastructure », qui permet de transporter 160 000 barils de brut par jour depuis des puits de pétrole en pleine jungle. L’OCP « assume la responsabilité de cet événement, causé par un cas de force majeure », a assuré dimanche son président exécutif, Jorge Vugdelija.

A grand renfort de bulldozers, l’entreprise a commencé à réparer l’oléoduc, collectant le pétrole brut « dans des bassins de rétention, pour ensuite le transférer à la station de Lago Agrio [capitale de Sucumbios] par camions-citernes ».

Dans une série de tweets, dimanche 30 janvier, la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur a dénoncé le manque de communication de la part du gestionnaire de l’oléoduc et montré l’ampleur des dégâts sur les écosystèmes.

Ressources pétrolières en zone amazonienne

Deux oléoducs transportent le brut équatorien depuis les champs pétroliers amazoniens du nord-est du pays, vers les ports de la province d’Esmeraldas, frontalière avec la Colombie sur la côte Pacifique : un oléoduc public, le Système d’oléoducs transéquatorien (SOTE), à raison de 360 000 barils par jour, et l’oléoduc privé opéré par OCP (160 000 barils par jour).

En décembre, dans ce même secteur de Piedra Fina, OCP et le SOTE avaient dû tous deux suspendre l’évacuation du pétrole, en raison de l’érosion des sols causée par une rivière, et construire des dérivés alternatifs à leurs oléoducs.

En mai 2020, encore dans cette zone, un glissement de terrain avait endommagé les deux oléoducs. L’équivalent de quelque 15 000 barils s’était déversé dans trois rivières, touchant les populations aux alentours.

L’Equateur dispose d’importantes ressources en pétrole, surtout en zone amazonienne, avec un fort impact environnemental, et le pétrole est son principal produit d’exportation (principalement par l’intermédiaire de l’entreprise publique Petroecuador). Entre janvier et novembre 2012, le pays a produit une moyenne de 494 000 barils par jour.

Entre 1960 et 1990, Texaco, une filiale de Chevron, avait exploité ces réserves pétrolières en forêt amazonienne et avait été accusée d’avoir détruit une partie de la forêt et déversé délibérément des millions de tonnes de déchets toxiques en pleine jungle ou dans les fleuves, sur plusieurs centaines de sites.

Le Monde avec AFP

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