Ils ont appelé leur fils Artús, mais l'État a opposé son veto au motif que ce prénom comporte un accent occitan.
Les parents de l'enfant, en colère, témoignent auprès de TF1.

D'un côté, il y a ceux qui choisissent un prénom classique et, de l'autre, ceux qui optent pour un choix plus audacieux. Au risque toutefois que l'État le retoque. C’est ce qu’a appris à ses dépens un couple de trentenaires originaire d'Occitanie. Ils souhaitent donner un prénom régional à leur fils : "Artús". Mais la mairie de Mende (Lozère), où l'enfant est né mi-décembre, s'y refuse. "La seule orthographe qui a été acceptée pour l’instant n’est pas celle qu’on a choisie", déplore Lissandre Varenne, le père de famille, dans la vidéo de TF1 en tête de cet article.

Motif du refus, la présence d'un accent aigu sur le "u", typique de cette langue régionale. "Pour nous, le fait de donner à notre fils un prénom occitan, c’est lui permettre de maintenir un lien avec les générations précédentes et redonner un peu de dignité à notre culture", explique le père. "C’est une incompréhension. Notre pays nous refuse notre culture, un prénom occitan", abonde Emilie Hilaire, la mère.

La loi française interdit en effet les prénoms qui vont à l’encontre de l’intérêt de l’enfant ou qui ne respectent pas l’alphabet français. Et c'est pour cette dernière raison qu'il leur a été refusé. "On a aujourd’hui des prénoms qui sont quasiment inventés et qui sont autorisés parce qu’ils respectent le cadre de l’utilisation de l’alphabet et des dérogations qui sont possibles", rappelle le maire (SE) de Mende (Lozère), Laurent Suau.

"Est-ce que cela fait du tort à l’enfant ?"

Pour la confédération Calandreta, une association qui promeut l’enseignement aux enfants en langues occitanes et françaises à l’école, c'est un coup porté à cette langue régionale, de moins en moins parlée et qui tombe aujourd’hui dans l’oubli. "Il faut bien qu’on puisse reconnaître l’occitan, qui est une langue. Il faudrait qu’on puisse la reconnaître dans ce qu’elle est et dans son orthographe. Est-ce que cela fait du tort à l’enfant ?", interroge son président, Jean-Louis Brenet.

Dernier recours possible pour Artús et ses parents : demander une dérogation au procureur la République. En 2019, un couple de Bretons résidant à Rosposden (Finistère) avait ainsi obtenu gain de cause. Après deux ans de procédure judiciaire, l’État avait finalement consenti à laisser sur le prénom de leur fils Fañch le tilde, un accent typiquement breton, qui lui non plus ne figure pas dans la langue française. 


M.D. | Reportage vidéo TF1 Lise Cloix et Jean-Vincent Molinier

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