Journal du classique

Chanter n’est pas plus dangereux que parler à un volume similaire, selon une étude britannique

Dans le cadre de l’expérience, les participants se sont livrés à une série de tests incluant la simple respiration, la toux, la parole et le chant.

© Courtesy of Schoen Clinic (Twitter)

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Par Antoine Danhier

Les premiers résultats de l’étude britannique PERFORM établissent que la diffusion d’aérosols susceptibles de transmettre le coronavirus ne dépend pas tant du mode d’émission – chant ou parole – que du volume sonore.

Alors que les arts de la scène sont gravement touchés par les annulations et les mesures sanitaires très contraignantes consécutives à la pandémie de Covid-19, le chant fait l’objet d’une méfiance toute particulière. Plus encore que les instruments à vent, il est soupçonné d’être un vecteur privilégié de transmission du virus, par l’émission de grandes quantités d’aérosols. Il s’agit de minuscules particules solides ou liquides éjectées par le corps, qui restent en suspension dans l’air et retombent sur les surfaces. Elles peuvent contenir le virus et contribuer ainsi à le propager.

Pour en avoir le cœur net, un nouveau projet de recherche britannique, baptisé PERFORM, a examiné pour la première fois les quantités d’aérosols et de gouttelettes (jusqu’à 20 µm de diamètre) générées par un groupe de 25 professionnels des arts de la scène (théâtre, opéra, gospel, jazz et pop), de genres, âges, ethnies et origines différents. Dans le cadre de l’expérience, ils se sont livrés à une série de tests incluant la simple respiration, la toux, la parole et le chant. Il s’agissait notamment de chanter "Joyeux anniversaire" à des hauteurs et des volumes différents, dans une salle d’opération exempte d’autres aérosols.

 

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C’est le volume qui a le plus grand impact

Selon les premiers résultats de l’étude, qui doit encore être validée par les pairs, il apparaît que le chant ne produit pas significativement plus de particules que la parole, à un volume similaire. C’est le volume de la voix qui a le plus grand impact sur la quantité d’aérosols émis et qui constitue donc le paramètre à prendre en compte. Ainsi, chanter ou crier fort est susceptible de générer 30 fois plus d’aérosols. La concentration de ces microgouttelettes est également affectée par la taille de la salle et par la qualité de la ventilation : plus la salle est grande et la ventilation importante, moins il y en a.

L’un des auteurs de l’article, Jonathan Reid, professeur de chimie et de physique à l’Université de Bristol, a déclaré : "Nos recherches ont fourni une base scientifique rigoureuse aux recommandations quant au Covid-19, pour que les lieux artistiques puissent fonctionner en toute sécurité, tant pour les artistes que pour le public, en veillant à ce que les espaces soient correctement ventilés pour réduire le risque de transmission aérienne."

Une étude pas tout à fait représentative

Pour le secteur musical, ces nouvelles paraissent plutôt bonnes dans l’ensemble, mais beaucoup de questions se posent encore. On le sait, le chant – et notamment le chant lyrique – implique régulièrement des volumes sonores importants. La pratique habituelle de cet art entraîne-t-elle un risque accru ?

Par ailleurs, l’étude ne dit rien non plus des chorales. Le Dr Julian Tang, professeur agrégé honoraire en sciences respiratoires à l’Université de Leicester, souligne le danger potentiel : "Le risque est amplifié lorsqu’un groupe de chanteurs chantent ensemble, par exemple devant un public, que ce soit dans des églises, des salles de concert ou des théâtres. C’est une belle étude, mais elle n’est pas tout à fait représentative de la dynamique réelle du chœur dans son ensemble, qui nécessite vraiment une étude plus approfondie pour vraiment évaluer le risque d’un tel volume de chant émis de manière synchronisée".

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