Facebook lance Horizon Workrooms pour le travail collaboratif en réalité virtuelle

Marre des réunions vidéo dans lesquelles on n'écoute qu'à moitié et on n'est pas toujours sûr de qui a la parole ? Facebook pense tenir la solution avec Horizon Workrooms, une application de collaboration à distance en réalité virtuelle. Avatars qui confèrent un sentiment de présence ou son spatialisé qui permet de savoir instinctivement qui parle, s'agit-il d'un avant-goût du futur du travail ? L'Usine Digitale vous livre ses impressions.

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Facebook lance Horizon Workrooms pour le travail collaboratif en réalité virtuelle

Facebook le dit depuis cinq ans : la promesse de la réalité virtuelle et augmentée, ce n'est pas qu'un nouveau paradigme pour le jeu vidéo, mais une évolution de l'informatique vers des interfaces immersives en 3D plutôt qu'à plat sur des écrans. Ce 19 août, l'entreprise fait un pas vers cette vision avec l'annonce d'Horizon Workrooms.

Jusqu'à 16 personnes en réalité virtuelle, 50 en vidéo
Workrooms est une solution de collaboration à distance en réalité virtuelle. Elle permet de réunir jusqu'à 16 personnes (représentées par des avatars) dans une salle de réunion virtuelle pour échanger, partager des documents et prendre des décisions. Gratuite (elle n'est pas liée à l'offre Workplace) et accessible à tout possesseur de casque Oculus Quest 2 par le téléchargement d'une application, Horizon Workrooms permet aussi "d'importer son ordinateur" dans l'environnement virtuel grâce à un petit programme qui fonctionne sous Windows 10 et macOS X.

Les fonctions classiques d'un chat vidéo sont présentes : couper son micro, partager son écran, autoriser les utilisateurs non enregistrés à rentrer ou limiter les participants. Spécificité de la réalité virtuelle, on peut aussi choisir de changer de siège ou de configuration de table. Cela a son importance, car l'audio est spatialisé : comme dans la vraie vie, on discutera mieux avec quelqu'un si on est assis à côté de lui. A noter qu'il n'est pas possible de se déplacer librement dans la pièce : on ne bouge qu'entre des places prédéterminées.



Trois types de tables sont disponibles : celle par défaut qui sert pour les discussions rapprochées (deux tables sont collées et les participants se font face), présentation (deux rangées de personnes font face au tableau) et conversation (table cylindrique qui permet de voir tout le monde). Pour plus de confort, il est aussi possible de réduire automatiquement la taille de la table en fonction du nombre d’utilisateurs.

Des avatars relativement efficaces
Le système d'avatars est celui de Facebook Horizon, l'application sociale de Facebook pour la réalité virtuelle. Cette dernière a pris du retard depuis son annonce en septembre 2019 et n'est aujourd'hui toujours disponible qu'aux Etats-Unis. Il est plutôt complet et très inclusif en ce qui concerne les types de peaux, cheveux, corpulences, etc. Cela étant dit, il est encore à l'heure actuelle difficile de créer un avatar qui nous ressemble "réellement" plus que "très vaguement". Mais pour l'usage qu'en fait Workrooms, cela suffit plutôt bien.



L'intérêt de ces avatars réside surtout dans les petites choses : les gestes qui signalent qu'on veut prendre la parole ou qui ponctuent les propos, le fait de se tourner vers quelqu'un lorsqu'on s'adresse à lui... autant de choses que la vidéo ne permet pas. Cela élimine à la fois certaines pauses et faux départs désagréables, et permet même à plusieurs conversations d'avoir lieu en même temps car la portée de la voix diminue en fonction de la distance et de la direction dans laquelle on se trouve.

Evidemment, tout le monde n'est pas équipé de casque VR, et il est donc aussi possible de rejoindre ces réunions en audio ou vidéo à l'aide d'une interface web dédiée. En comptant ces connexions web, chaque salle peut accepter jusqu'à 50 participants (par exemple 16 en VR, 34 en vidéo). Les participants vidéo peuvent demander la parole par un système classique avec une petite icône qui s'affiche au coin de leur écran.

Une expérience hybride entre virtuel et réel
L'Usine Digitale a pu tester l'expérience en amont de cette annonce et elle nous a convaincu. Les notes qui ont servi à cet article ont d'ailleurs été tapées directement depuis une conférence de presse virtuelle qui s'est déroulée dans Workrooms, regroupant une quinzaine de participants éparpillés entre divers pays européens et les Etats-Unis.

Workrooms s'appuie sur une partie des fonctionnalités développées pour "Infinite Office" : on définit une zone correspondant à son bureau et, si on dispose d'un clavier compatible (Logitech K830 ou Apple Magic Keyboard) il peut apparaître automatiquement sous forme de jumeau numérique.



Autrement il est aussi possible d'activer une fonction passthrough (via les caméras du casque) pour qu'il devienne visible ainsi que la souris. Ce n'est pas parfait mais cela suffit pour les personnes capables de taper sans regarder leur clavier. Facebook travaille par ailleurs pour augmenter le nombre de claviers bluetooth compatibles. On espère pouvoir rapidement utiliser des claviers moins chers et plus courants parmi ceux que proposent Logitech ou Microsoft.

La connexion à l'ordinateur se fait par un appairage simple avec le casque lors de la première utilisation. Cela passe par la création rapide d'un compte Workrooms qui est distinct des comptes Oculus et Facebook (il utilise le système de Workplace sans pour autant y être relié). Il suffit ensuite d'appuyer sur la touche entrée du clavier pour connecter les deux appareils. Une méthode simple et ingénieuse, qui permet d'éviter de se connecter à la mauvaise machine par erreur.



On peut ensuite utiliser son ordinateur à loisir et avec une latence relativement faible, suffisamment pour qu'il ne soit pas gênant de travailler pour une heure dans cet environnement. On n'atteint pas encore un confort similaire à un écran plat standard, mais les progrès effectués en la matière depuis 2016 avec les premières versions de Virtual Desktop sont flagrants. Et surtout, tout ça est possible dans un environnement partagé avec d'autres participants !

Facebook se veut rassurant sur la vie privée
Par défaut, personne ne peut voir ce qui s'affiche sur l'écran de notre ordinateur, et l'application "Oculus Remote Desktop" ne sert qu'à streamer l'écran de l'ordinateur vers le casque. Elle ne scan pas la machine et n'accède à aucun fichier sans autorisation préalable. Conscient des inquiétudes du public concernant ses pratiques en matière de vie privée, Facebook précise également que les flux vidéos des caméras du Quest 2 sont traitées localement sur l'appareil et pas envoyées vers ses serveurs, et que les conversations ou documents partagés dans Workrooms ne sont pas utilisés à des fins publicitaires ou autres.

Un tableau virtuel à la surface illimitée
Cela étant dit, il est bien évidemment possible de partager son écran ou de présenter des documents si on le souhaite, comme pour un chat vidéo. Cela passe par le tableau présent dans la pièce. Lorsqu'on configure l'application, on définit un espace pour le tableau dans la pièce physique où on se trouve, de même qu’on l’a fait pour le bureau. Le bureau est conçu pour être utilisé assis et directement avec les mains, mais le tableau s’utilise debout et avec les contrôleurs.



Il dispose de fonctionnalités basiques mais efficaces : écrire avec un stylo (avec choix de couleurs), effacer, afficher des images, vidéos ou fichiers PDF (qu’il faut uploader au préalable depuis l’interface), ou partager son écran en direct (à noter que l'audio de l'ordinateur n'est pas partagé). Tout est très simple d’utilisation. Pour écrire, Facebook a développé une nouvelle fonctionnalité : on retourne son contrôleur à l'envers, pour le tenir comme un stylo, et on écrit avec la "pointe" (là où est attachée la dragonne). Cela permet une plus grande précision, et le contrôleur se transforme même automatiquement en modèle de stylo dans l'application.

Une fois terminé, un clic suffit pour retourner s’asseoir à son bureau. L’application est intelligente et demande à l’utilisateur de retourner s’asseoir physiquement en lui montrant son environnement par passthrough. A noter qu'il est aussi possible d'écrire ou de partager son écran sans se lever, simplement en utilisant la surface de son bureau qui est répercutée directement au tableau (activable à l'aide d'un bouton situé à droite). L'un des avantages du virtuel.



Très peu de friction à l'utilisation
Workrooms est en développement depuis plusieurs années, "avant la pandémie de Covid-19", d'après Andrew Bosworth, VP en charge de l'AR/VR chez Facebook. Cela se ressent dans le peu de friction qu'il y a à l'utilisation. On rentre rapidement dans une salle, on passe rapidement d'une salle à une autre, tout est assez intuitif. Bémol cependant pour la transition d'un environnement de travail à un autre, par exemple celui de deux entreprises différentes : il nécessaire d'appairer à nouveau à la fois le casque et l'ordinateur, ce qui est assez fastidieux.

L'application web de Workrooms est compatible avec les calendriers Microsoft Outlook et Google Calendar pour intégrer le service de façon naturelle dans les habitudes de travail existantes. Et, c'est de bon aloi, on reçoit des alertes qui nous indiquent quand la réunion touche à sa fin : 15 minutes, 10 minutes, etc. Chaque réunion a des notes et fichiers associés qui peuvent être exportés, de même que ce qui est affiché au tableau. De plus, les salles de réunion ne disparaissent pas quand on les quitte, et il est donc possible d'y revenir plus tard pour reprendre une discussion.



Peu gourmand en bande passante
Si l'usage de réunions vidéo a explosé durant la crise sanitaire, Andrew Bosworth voit dans Workrooms un usage durable, notamment parce que l'utilisation d'avatars dont on voit les mouvements et de son spatialisé permet selon lui de mieux se rappeler du contenu des meetings.

Nous avons également été agréablement surpris lors de nos essais par la faible latence entre les divers participants, même sur une connexion ADSL 2. Facebook recommande une bande passante de 5 Mbps minimum pour Workrooms, ce qui rend le service moins gourmand que certaines applications de chat vidéo.

L'application est pour le moment en bêta et disponible uniquement pour les possesseurs de casques Oculus Quest 2. Elle devrait être à terme étendue d'autres appareils, toujours de façon gratuite. Facebook prévoit également de donner accès à certaines des fonctionnalités de Workrooms (avatars, bureau en passthrough, tracking du clavier...) aux développeurs tiers afin qu'ils les intègrent dans leurs propres applications à l'avenir.

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