Quels sont les espaces plus vastes créés par les pratiques migratoires?
 
Chères lectrices, chers lecteurs,

Nous avouons notre curiosité profonde pour le processus de création de l’histoire et pour ce qui se produit quand de nouveaux récits font surface – ou, comme c’est souvent le cas, sont mis en évidence. Lorsque nous avons accueilli une série de séminaires Outils d’aujourd’hui en 2019, notre intention n’était pas autre : bousculer les archives et reconnaître les absences qui ont déterminé ce qui devait et ne devait pas figurer parmi les canons de l’histoire. Le séminaire proposé à cette occasion par Anooradha Iyer Siddiqi mettait de l’avant les pratiques historiques employées par l’architecte sri-lankaise Minnette de Silva, explorées sous l’angle de ses contributions à l’art, à l’enseignement, à l’écriture, à la conception et à l’archivistique. Comme nous l’avons appris, le travail de Minnette de Silva allait bien au-delà de la construction de bâtiments pour s’intéresser à la question de l’avènement d’un monde alternatif. Cette vision nous a inspirés et a posé les jalons d’un nouveau type de relations : aujourd’hui, nous avons le plaisir de présenter notre premier dossier Web dirigé par des invitées, De la migration.
 
De la migration, projet organisé et supervisé par Anooradha Iyer Siddiqi et Rachel Lee, est en fait le second volet de leur enquête multi-plateformes web sur les histoires architecturales féministes de la migration, commencée avec un dossier spécial d’Architecture Beyond Europe et qui se poursuivra par une nouvelle initiative lancée en collaboration avec Aggregate à la fin de cette année. Le dossier sur le site Web du CCA réunit des contributeurs et contributrices de tous horizons géographiques qui explorent les marges et multiplicités inhérentes à l’environnement bâti à travers des textes, dessins, enregistrements audio et vidéo. Ces collaboratrices et collaborateurs regardent plus loin que les récits historiques établis pour comprendre les ressorts dynamiques, spatiaux et, pour revenir à Minnette de Silva, de la fabrication d’un monde.

Aujourd’hui, nous ouvrons De la migration avec un texte d’introduction écrit par Siddiqi et Lee dans lequel elles exposent la façon dont cette collection « aborde la migration comme son concept central et comme événement historique pour mieux comprendre le champ de la pensée, du travail et de la narration féministes dans un contexte spatial, matériel et esthétique ». Cette démarche résonne avec les thématiques plus larges abordées dans Centrer l’Afrique, un projet de recherche qui vise à bouleverser les perspectives ancrées dans les fractures de connaissances entre le Nord et le Sud tout en analysant comment l’historiographie, la pédagogie et les pratiques archivistiques amènent à se poser des questions quant au rôle de l’architecture dans les processus de colonialisme et de mondialisation, des questions qui, nous l’espérons, seront creusées encore plus avant dans le cadre de De la migration.

Rachel Lee est elle-même une des chercheuses participant à notre projet multidisciplinaire Centrer l’Afrique (voyez son récent article Corps étrangers, trois collines et un hôpital, coécrit avec Arnold Mkony et Monika Motylinska) et plusieurs autres membres du groupe contribueront également à De la migration.
 
Afin de favoriser la diversité au cœur de cette collection d’articles, chaque auteur ou autrice a enregistré une lecture de son texte. Nous sommes avides d’entretenir un dialogue qui fait appel à un nombre toujours plus grand de voix, d’histoires et de perspectives, et nous espérons que vous serez des nôtres dans les semaines à venir au fur et à mesure de la publication de récits de migration sous les aspects de la représentation, de la matérialité, de l’espace et de la mémoire.


Cordialement, 
le CCA

P.S.: Ne manquez pas cette semaine Cohésion d’équipe, le séminaire de Joseph L. Clarke, un de nos boursiers de recherche, ainsi que la projection de cə̓snaʔəm, the city before the city. Consultez notre calendrier pour plus d’informations sur nos activités à venir. 

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