Afghans rapatriés suspectés de liens avec les talibans : la droite et l’extrême droite s’indignent

ML
Publié le 24 août 2021 à 8h24, mis à jour le 24 août 2021 à 12h07

Source : TF1 Info

POLÉMIQUE - Soupçonnés d’avoir été en lien avec les talibans, un homme afghan et quatre de ses proches rapatriés en France ont été placés sous surveillance. L’annonce suscite la colère de plusieurs personnalités de droite et d’extrême droite, qui appellent pour certaines à leur expulsion.

L'annonce n'aura pas tardé à faire beaucoup d'encre. Suspecté d’avoir entretenu des liens avec les talibans, un homme afghan, rapatrié en France, a été placé sous surveillance, ainsi que quatre de ses proches également rapatriés, a appris lundi 23 août l'AFP auprès du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Même si cette personne a très largement aidé à l'évacuation de l'ambassade de France, nous pensons qu'il peut être lié aux talibans", a expliqué le ministre à l'AFP. 

De son propre aveu, l’homme avait adhéré au mouvement et porté des armes en tant que responsable d’un barrage taliban à Kaboul, d’après le ministre. Toutefois, il "risquait des représailles importantes suite à son aide sur place", a précisé une source proche du dossier à l’AFP.  Ces cinq hommes ont fait l'objet d'une "mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance" (Micas), prévue dans le cadre des lois antiterroristes, et sont sous "surveillance de la DGSI", a précisé Gérald Darmanin. 

Un arsenal de mesures insuffisant pour des personnalités politiques de droite et d’extrême droite qui sont montées au créneau, estimant que le risque de rapatrier des réfugiés proches des insurgés était couru d’avance. "Le 'devoir' d'accueil de la France passe en second plan quand la sécurité des Français est menacée, a écrit Marine Le Pen dans un tweet publié ce lundi. Cet impératif tombe sous le sens sauf pour... le Gouvernement."

"On joue à la roulette afghane, a taclé Gilbert Collard, député européen RN sur l’antenne de LCI, dans la vidéo en en-tête. Et ceux qui disent qu’il faut accueillir tout le monde font prendre à eux-mêmes et peut-être à eux-mêmes, si le destin les met sur le chemin, un risque énorme."

La droite s’est également indignée de cette annonce. "Le Gouvernement doit expliquer aux Français ce qui empêcherait d'expulser en urgence absolue ces individus, a estimé de son côté sur Twitter Xavier Bertrand, le président de la Région Hauts-de-France. Le droit doit s'adapter aux besoins de notre sécurité. Pas l'inverse."

Un point de vue partagé par Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes : "Le risque de cinquième colonne est là. Les Talibans peuvent envoyer leurs soldats en France dans le flot de réfugiés", a-t-il commenté sur Twitter, appelant le gouvernement "à contrôler bien plus sévèrement les rapatriements"

Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, a demandé quant à elle l’expulsion immédiate des cinq migrants, si les soupçons venaient à être avérés : "Si c’est vrai, ils n’ont rien à faire sur notre territoire et doivent être expulsés sans délai !", a-t-elle affirmé sur Twitter. Pour l’heure, la France a toutefois suspendu toute expulsion d'individus vers l'Afghanistan, "au regard de la dégradation de la situation sécuritaire" liée à la reprise de pouvoir des talibans sur place. 

Une indignation partagée aussi par certains députés centristes, comme Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne. "Mais P… c’est quoi ce cirque", s’est-elle alarmée, "au lieu d’embarquer des auxiliaires de l’armée oubliés et menacés, on embarque des Afghans ayant des liens avec le terrorisme". "Dites-moi que je vais me réveiller de ce cauchemar", a-t-elle lancé, avant de s’interroger : "c’est pour faire le jeu de la droite dure ou quoi ?".

"Pas eu de faille" dans la surveillance des Afghans rapatriés, se défend Gérald Darmanin

Il n'y a "pas eu de faille" dans le contrôle des ressortissants afghans évacués, s'est défendu en réponse Gérald Darmanin sur franceinfo ce mardi 24 août. "Nous avons souhaité que la totalité des Afghans ayant quitté Kaboul passent par la base militaire française d'Abou Dhabi" pour faire l'objet de vérifications par les services de sécurité français, a-t-il expliqué, assurant que "nous connaissons toutes les personnes qui sont arrivées sur notre sol, ramenées par l'armée française".

Le suspect principal "est aujourd'hui, lui et ses contacts, surveillés par la Direction générale de la surveillance intérieure (DGSI) et géolocalisés" avec "un nombre d’obligations" à respecter, a-t-il également fait valoir, avant de tancer "ceux qui étaient au gouvernement et disent des énormités, puisque nous n’avons fait que notre travail de protection de nos concitoyens". 

À l'arrivée du vol à Abu Dhabi, la DGSI "a fait le travail qu'elle n'avait pas pu faire à Kaboul" en menant des entretiens de sécurité, avait-il déjà déclaré plus tôt à l'AFP. Le ministre avait ajouté ne pas avoir "eu d'autres remontées de la DGSI" quant à d’autres ressortissants qui pourraient être dans le même cas. "Cependant nous sommes extrêmement attentifs", avait-il affirmé. 

"La France est humaine, mais elle est aussi vigilante, avait-il également fait savoir sur Twitter. Dans la gestion de la crise afghane, le gouvernement continuera de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité des Français, comme cela a été le cas ce week-end."

L'homme afghan rapatrié et placé sous surveillance "a aidé à l'évacuation de Français, de personnes qui ont travaillé pour la France lors de l'évacuation de l'ambassade à un moment qui était incroyablement tendu" et "a probablement sauvé des vies", a indiqué quant à lui Gabriel Attal sur BFMTV ce mardi 24 août. Le lien de l'homme avec les insurgés "reste à définir, des investigations sont en cours", a précisé le porte-parole du gouvernement

Toutes les personnes qui viennent sur le territoire français sont contrôlées, a-t-il indiqué, dans un "contexte extraordinairement difficile" avant d'insister : "Ce qui primera toujours, c'est la sécurité des Français". L'accueil de collaborateurs afghans menacés est "d'abord l'honneur de la France et un enjeu de sécurité", "notre devoir vis-à-vis de personnes qui ont nous ont protégés, protégé nos ressortissants et travaillé pour la France localement, et qui à ce titre sont potentiellement menacées de mort pour cela", a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le Premier ministre Jean Castex se rendra dans la journée au Quai d’Orsay pour remercier les équipes mobilisées dans les différents ponts aériens depuis Kaboul, et s’entretiendra selon nos informations avec des rapatriés.  


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