Accusations, trahisons, jeux de pouvoir : il y a décidément dans le dossier des César de quoi faire une série télévisée. Petit rappel des faits pour qui aurait manqué les premiers épisodes. En février dernier, la direction de l’Académie du cinéma, critiquée pour son opacité, son manque de diversité et de parité, a démissionné collectivement et entamé une réforme. Une rénovation dont l’urgence a été soulignée par la cérémonie des César, entachée par la polémique autour du prix de la meilleure réalisation remis à Roman Polanski, visé par plusieurs accusations de viol.

→ ANALYSE. L’Académie des César entame sa réforme

La deuxième saison de la refonte des César a commencé lundi 14 septembre avec l’annonce de la composition de la nouvelle assemblée générale de l’académie du cinéma, l’une des nouveautés de la réforme adoptée en juillet et gage de démocratisation. Organe intermédiaire entre les 4 313 membres de l’Académie et l’Association pour la promotion du cinéma (APC), qui régit l’Académie et organise la traditionnelle cérémonie des César, cette assemblée devait être paritaire et constituée de candidats issus de l’Académie par ses membres.

Or, 18 des 182 représentants ont été admis d’office après en avoir fait la demande, en tant que « membres historiques » de l’APC. Parmi eux, Roman Polanski et le producteur Thomas Langmann, condamné en 2019 pour harcèlement envers sa femme. Alain Terzian, président sortant de l’APC critiqué pour sa gestion de l’Académie, en fait également partie, ainsi que le producteur Alain Rocca, qui déclarait pourtant à La Croix en juillet dernier que ce processus électoral était « la vraie différence entre l’ancien et le nouveau monde ! ».

La voie démocratique réclamée

Le producteur Nicolas Schmerkin, également membre historique de l’APC depuis qu’il a remporté un Oscar pour le court-métrage animé Logorama, se dit « écœuré » par cette façon de faire. « J’ai reçu en juillet un mail me proposant d’être admis d’office dans la nouvelle assemblée générale, mais j’ai décliné et démissionné, raconte-t-il à La Croix. Nous avions en effet convenu oralement de démissionner en bloc. Il a aussi été décidé que ceux qui souhaitaient revenir au sein de l’APC le feraient par la voie démocratique. D’autres confrères ont eu moins de scrupules… »

Au lendemain de l’élection, le comédien Eric Métayer, élu à la nouvelle assemblée, a publié sur Twitter un message vidéo désapprouvant sans les nommer la désignation de certains membres, et souhaitant que « ceux qui n’ont rien à y faire, s’en aillent ». Coréalisateur avec Andréa Bescond des Chatouilles, film césarisé évoquant avec force la reconstruction d’une enfant victime d’attouchements sexuels, il réclame également que les membres soient désormais tous élus.

« Séparer l’œuvre de la personne »

« Les statuts actuels ont été simplement appliqués », a indiqué à l’AFP la productrice Margaret Menegoz, présidente par intérim des César, rappelant, à propos de Roman Polanski, qu’à titre personnel, « elle a toujours séparé l’œuvre de la personne ».

Le 29 septembre, la nouvelle assemblée élira pour un mandat de deux ans, renouvelable une fois, le nouveau conseil d’administration de l’association des César respectant la parité et représentant toutes les branches de l’Académie (production, réalisation, etc.). Elle élira également un binôme paritaire pour la présidence.

Les nouveaux statuts de l’APC prévoient que « le Conseil d’Administration a la faculté de prononcer l’exclusion d’un membre de l’association, pour tout motif grave, après mise en demeure restée sans suite, et après avoir, au préalable, requis l’intéressé de fournir toutes explications ». La suite au prochain épisode…