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« Moi aussi je peux le faire ! » : des étudiantes en filières scientifiques racontent leur expérience

Si la parité est presque parfaitement respectée en terminale scientifique, le taux de femmes dans certaines filières, telles que l’informatique ou l’ingénierie, dégringole au moment des études supérieures. Comment se sent-on lorsque l’on fait partie des quelques femmes présentes dans la salle de classe ? Pour dissiper les craintes et répondre aux interrogations de celles qui hésitent à se lancer, ELLE et l'Etudiant sont allés à la rencontre de jeunes femmes issues de filières majoritairement masculines. Témoignages.

Myriam, 18 ans, étudiante en BUT

Myriam, 18 ans, étudiante en BUT

Ce qu’elle fait ? 

Myriam est en deuxième année de BUT (ex-DUT) Science et Génie des Matériaux à l’IUT de Nantes (44). Elle étudie les différentes propriétés des matériaux pour comprendre leur comportement durant leur transformation et leur utilisation.  

Son expérience  

« Je vois ces deux années comme une préparation pour entrer en école d’ingénieur. Nous sommes sept filles pour 60 étudiants dans ma promotion, mais nous sommes toujours mises sur un pied d’égalité. Les premiers jours de mon cursus j’ai eu peur de me sentir seule, de ne pas être prise au sérieux. Avec le recul, je sais que je suis parfaitement à ma place. J’ai l’impression que les femmes des milieux scientifiques doivent montrer davantage qu’elles ne sont pas des cruches, qu’elles savent ce qu’elles font. Il y a tout un mythe autour des femmes dans nos filières ; mais nous nous en sortons très bien. En revanche, le regard extérieur n’est pas toujours simple à gérer. Mon copain fait le même cursus que moi. Il nous est arrivé d’expliquer à quelqu’un en quoi consistait notre formation, et la personne s’est tournée vers moi, étonnée et m’a dit : ‘Ah bon toi aussi tu fais ça ?’. Depuis beaucoup trop longtemps, on associe les femmes aux lettres et les hommes aux métiers techniques. C’est dommage. » 

Ses projets 

« À terme, j’aimerais être à la tête d’un bureau d’études sur de la conception et de l’innovation de pièces ».  

Ève, 23 ans, étudiante en école de numérique

Ève, 23 ans, étudiante en école de numérique

Ce qu’elle fait ? 

Ève fait partie de la Promo 2021 de la Web School Factory, une école de management du numérique en 5 ans. Elle est en spécialité Technologies numériques. 

Son expérience  

« Dans ma promotion, nous sommes 65 et il n’y a qu’une dizaine de filles. Si l’on prend ma spécialité c’est encore plus parlant : il n’y a que deux filles sur quinze élèves. Néanmoins, je me sens à ma place. L’école met un point d’honneur à changer la culture du milieu du numérique, et à nous encourager : chaque année, les étudiantes ont l’opportunité de participer au Women’s Forum – qui œuvre pour une meilleure représentativité des femmes dans les organes de pouvoir –, l’équipe de direction est très féminine, on nous montre des modèles de femmes qui ont réussi dans la tech.... La parité est une valeur que défend ardemment la Web School Factory : une année sur deux, nous alternons entre un parrain ou une marraine de promotion. On en vient à oublier que nous sommes en minorité. Et j’observe une évolution positive depuis mon arrivée à l’école. On croise de plus en plus de femmes dans les couloirs. On s’y sent bien » 

Ses projets 

« Une fois ma soutenance passée, je commencerai un CDI en gestion de projet digital. Les débouchés après une école de numérique sont multiples, on peut aussi bien faire du développement que du webdesign ».  

Clémence, 19 ans, élève en Classe Préparatoire

Clémence, 19 ans, élève en Classe Préparatoire

Ce qu’elle fait ?

Clémence est en prépa PT (Physique-Technologie) au Lycée Newton-ENREA à Clichy (92), avec un focus sur les matières appliquées, comme la mécanique, et les travaux pratiques.

Son expérience

« Nous sommes sept filles sur soixante élèves. J’aime participer en cours et je n’ai jamais eu l’impression que c’était plus difficile pour moi de le faire que pour un camarade masculin. Je vois même le fait d’être une fille comme une force. Nous nous dirigeons vers des métiers d’avenir, dans l’ingénierie et la conception, avec des entreprises qui expriment le souhait de féminiser leurs effectifs. Et le fait d’être peu de filles implique de se serrer les coudes au quotidien. Nous nous donnons souvent des conseils pour les travaux de groupe ou pour les présentations orales. Ensemble, nous sommes plus fortes. Avant de me lancer, je me disais que ce serait peut-être plus dur en tant que femme de se faire une place dans cette filière, mais ça n’a pas été le cas ».

Ses projets

« À l’issue d’une prépa PT, on passe le concours Banque PT. C’est un examen commun qui permet d’accéder entre autres aux Mines, aux Ecoles Centrale, à l’ENS Cachan… Pour ma part, je vise l’ENSAM (l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers). Je ne sais pas avec précision ce que j’aimerais faire sur le long terme, mais je suis intéressée par le design industriel ».

Claire, étudiante en école d’ingénieurs

Claire, étudiante en école d’ingénieurs

Ce qu’elle fait ? 

Claire est en troisième année à l'ISAE-Supaéro, école d’ingénieurs dans le domaine de l’aéronautique, à Toulouse (31). Elle est élève-ingénieure dans la filière « Structures et Matériaux ». 

Son expérience 

« J'ai toujours adoré les sciences, elles permettent de découvrir encore plus le monde qui nous entoure. J'avais même choisi l'option sciences de l'ingénieur au lycée. Il était évident pour moi de faire une classe préparatoire puis de partir en école d'ingénieurs étudier l'aéronautique. Maintenant, je cherche à me spécialiser en neuro-ergonomie : on prend en compte énormément de facteurs humains pour le pilotage d'un appareil, comme le stress ou la fatigue du pilote. On regarde comment les forces agissent sur les matériaux de l'avion pour éviter les accidents. En 2020, j'ai effectué un stage chez Safran en République Tchèque en tant qu'ingénieure-qualité : le but est de réduire au maximum les défauts des produits avant qu'ils soient montés sur les Airbus A320. Je trouve que les filles ont tendance à plus douter d'elles que les garçons, par éducation. Il est important de foncer et persévérer, c'est comme cela qu'on gagne notre place. Il ne faut vraiment pas hésiter à se lancer et à échanger avec les autres. » 

Ses projets 

« Je suis originaire de la région toulousaine. Je sais que j’arriverai à trouver facilement un emploi dans le domaine de l’aéronautique, dans le secteur de la production ou du lead-management. Je suis un peu ouverte à tout. Je choisirai suivant le cadre de vie plutôt que suivant l’entreprise. » 

Laurine, étudiante en licence

Laurine, étudiante en licence

Ce qu’elle fait ? 

Laurine est étudiante en troisième année de licence Génie civil à l'Université de la Rochelle (17). Elle effectue le parcours Cursus Master en Ingénierie (CMI).  

Son expérience 

« Suivre cette formation me permet de découvrir le monde de l'entrepreneuriat et de la recherche. L'université reçoit régulièrement des chefs d'entreprise ou des entrepreneurs qui viennent nous  parler de leur expérience. Il est encore un peu tôt pour que j'envisage de créer ma propre entreprise dans le secteur de la construction mais rien n'est impossible. On échange souvent avec les enseignants-chercheurs de notre université. Cette formation permet de se rendre compte des possibilités après les études. Nous avons beaucoup de cours théoriques, principalement des mathématiques mais aussi de la mécanique pour veiller à la stabilité de l'ouvrage. Je préfère les cours de mécanique car les applications sont très concrètes. Je devais faire un stage mais avec la pandémie, j'ai préféré le valider avec une expérience professionnelle que j'avais déjà acquise : je suis en contrat avec la réserve opérationnelle de l'Armée de Terre. Dans les entreprises, il y a beaucoup plus d'opportunités pour les femmes qui veulent s'orienter dans le BTP (Bâtiment et travaux publics). Le monde est toujours en construction et cela reste un secteur d'avenir. Il est conseillé de toujours faire ses choix d'orientation en fonction de ce qu'on aime personnellement. » 

Ses projets 

« Je suis censée poursuivre en master à l’université. Mais je réfléchis aussi à envoyer des demandes pour intégrer une école d’ingénieurs spécialisée dans le BTP. » 

Anthéa, étudiante en BTS

Anthéa, étudiante en BTS

Ce qu’elle fait ?

Anthéa est étudiante en deuxième année de BTS Métiers de la chimie au lycée Galilée, située à Vienne (38).

Son expérience

« Je voulais arrêter les études après mon bac scientifique, mais mon professeur de physique-chimie a vu que je me débrouillais bien dans cette matière. Ce que je préfère le plus, c’est manipuler et voir les réactions qui peuvent se produire. Il m’a proposé cette formation en alternance dès la première année. J’ai aussi bien des cours théoriques que pratique en BTS, on a aussi des cours sur le monde professionnel. Je suis en ce moment apprentie technicienne de laboratoire dans une entreprise qui fournit des produits et solutions polymères. Je réceptionne la matière première puis je l’analyse pour vérifier si elle est conforme. Maintenant que je suis bien formée et que mon tuteur a vu que j’étais compétente à mon poste, c’était comme si j’étais une employée comme les autres. L’alternance apporte beaucoup de responsabilités. Le milieu est plutôt masculin mais j’ai réussi à bien trouver ma place. En revanche, la formation, elle, est plutôt mixte, les garçons et les filles sont tous présents pour s’entraider, personne n’est mis de côté.  »

Ses projets

« À la fin de l’année, je pars sur un BTS Gestion de la PME dans le but d’avoir un deuxième diplôme et surtout plus de compétences. »

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Par
Clément Rocher Elisa Covo
Clément Rocher Elisa Covo
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