La dernière image que l’on gardera en mémoire est celle d’un vieil homme tantôt sénile, tantôt pervers, qui se plaisait à jouer avec la vérité judiciaire, la renvoyant comme une balle de tennis dans la figure de ses interlocuteurs. C’était en novembre 2018, devant la cour d’assises des Yvelines. Michel Fourniret comparaissait alors pour l’assassinat, en 1988, de Farida Hammiche, 30 ans, certainement la plus méconnue de ses victimes. «La raison pour laquelle je l’ai tuée est tout simplement abjecte : une question d’argent», avait-il concédé sans culpabilité aucune, comme on poserait un diagnostic. Au cours de cette audience, le tueur en série – déjà condamné à la perpétuité incompressible pour le viol et le meurtre de sept adolescentes et jeunes femmes entre 1987 et 2003 – s’était plu à user de formules de sphinx, adressant quelques maximes aux jurés : «La crainte n’évite pas le danger», «une résolution se prend un jour et s’oublie le lendemain». Mais quand le verdict est tombé, on l’a vu soudain se tourner, l’œil vitreux, vers son avocat et murmurer, confus : «Mais où suis-je ?» Quelques mois plus tard, les spécialistes évoquaient une «dégénérescence mentale».
Dès lors, son état s’est lentement dégradé. Jusqu’à ce lundi, quand le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, a annoncé sa mort, après une hosp