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Vaccins anti-covid : le Brésil paie le prix de son animosité envers Pékin

Le géant latino-américain dépend de la Chine et de l'Inde pour la poursuite de son programme de vaccination, qui a débuté il y a une semaine. Mais Pékin n'apprécie guère la propagande antichinoise de Jair Bolsonaro et de son clan.

Un camion chargé du vaccin d'AstraZeneca/Oxford quitte l'Institut FioCruz pour le distribuer à Rio de Janeiro.
Un camion chargé du vaccin d'AstraZeneca/Oxford quitte l'Institut FioCruz pour le distribuer à Rio de Janeiro. (Ricardo Moraes/Reuters)

Par Thierry Ogier

Publié le 25 janv. 2021 à 09:16Mis à jour le 25 janv. 2021 à 15:52

Amère pilule. Peu après le lancement de sa campagne de vaccination , le Brésil risque la panne sèche. Après de longues tractations, il vient de recevoir deux millions de doses du vaccin d'AstraZeneca , qui étaient bloquées en Inde depuis une semaine. Il dispose également de dix millions de doses du « Coronavac », de l'entreprise Sinovac , mais la Chine rechigne à en envoyer davantage. C'est bien peu au regard de la population du pays et des 77 millions de Brésiliens qui doivent être vaccinés en priorité.

C'est encore la Chine qui doit lui fournir les principes actifs des deux vaccins, afin de permettre au Brésil de fabriquer les immunisants sur place. Le risque de devoir interrompre la campagne de vaccination est réel, selon la Société brésilienne d'immunologie (SBIM). « Nous sommes tous très préoccupés, au point de se demander comment nous allons pouvoir la poursuivre, alors que nous n'avons ni vaccins disponibles ni consensus politique autour de la question », explique Mathias Alencastro, chercheur au Centre brésilien d'analyse et de planification (Cebrap), un think tank local.

Le « vaccin chinois », pas vraiment efficace ?

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La Chine, indispensable au succès du programme de vaccination du Brésil, est pourtant fréquemment malmenée par Jair Bolsonaro, qui n'a de cesse de railler le « vaccin chinois », jugé de mauvaise qualité. Pas plus tard que vendredi dernier, le chef de l'Etat brésilien n'a pas hésité à en rajouter, devant le palais présidentiel. « En fin de compte, rien n'est prouvé scientifiquement avec ce vaccin, dit-il. Il n'a pas été établi que le vaccin est parfaitement efficace. ». Allusion au fait que l'efficacité du vaccin de Sinovac s'élève à 50,4 %…

Pékin n'a pas digéré non plus que le fils du président, le député Eduardo Bolsonaro, a pu accuser la Chine d'être à l'origine de la pandémie (un argument largement répandu sur les réseaux sociaux bolsonaristes). L'ambassadeur de Chine à Brasilia a officiellement réagi à l'époque en soupçonnant Eduardo Bolsonaro, proche de l'extrême droite trumpiste, d'avoir contracté « un virus mental » aux Etats-Unis.

Agressions

« Le Brésil a agressé la Chine à de nombreuses reprises, explique João Doria, gouverneur de São Paulo, et rival de Jair Bolsonaro, aux « Echos ». C'est une erreur lamentable, car cela peut avoir des conséquences sur la santé des Brésiliens. ». « Il y a un conflit explicite entre le gouvernement brésilien et le régime chinois, confirme Mathias Alencastro. Bolsonaro a adopté une position antichinoise assez choquante. Et aujourd'hui, notre gouvernement fait face à de grosses difficultés pour aller récupérer les vaccins en Chine. »

Mais cela n'est pas tout. Des « erreurs stratégiques » ont été commises dans la gestion de la crise, selon Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas. « Au mois de juillet, le gouvernement chinois s'est réuni avec plusieurs pays latino-américains. Il a offert des lignes de crédit de l'ordre d'environ 1 milliard de dollars. Mais le Brésil n'a même pas envoyé de représentant à cette réunion », dit-il.

Thierry Ogier (Correspondant à São Paulo)

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