Depuis 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) établit chaque année une liste de maladies pouvant causer un danger international. Cette liste permet de savoir sur quelles maladies se concentrer afin d'accélérer la recherche et le développement d'une surveillance, d'un système de diagnostic et de traitements efficaces. Lors de sa réunion annuelle en 2018 à Genève, l'OMS avait placé la "maladie X" dans la liste des pathologies pouvant potentiellement causer un "danger international." Elle rejoint la longue liste de maladies mortelles comme Ebola (dont le bilan se portait à plus de 11.000 morts en 2014 et 2015), la fièvre de Lassa, mais aussi Zika (qui a frappé la planète en 2015 et 2016), ainsi que les deux coronavirus survenus avant le Covid-19, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
"Ebola, Zika, et même le Covid-19 ont tous été à un moment la maladie X, cette pathologie qu'on ne connait pas encore et qui s'apprête à émerger" explique Maria Van Kherkove, épidémiologiste, du programme des urgences sanitaires de l'Organisation mondiale de la santé, lors d'une conférence de presse en juin 2020. "La question désormais n'est pas de se demander s'il y aura un prochain pathogène mais quand." L'OMS dit avoir tiré les conséquences des épidémies passées afin de pouvoir mieux se préparer à celles à venir. "Nous avons retenu des autres flambées qu’il faut se concentrer sur les mesures à prendre : une bonne surveillance pour déceler la maladie, la prise en charge pour traiter les patients avec un niveau de soin approprié à la gravité de leur cas, mais aussi avoir un personnel de santé protégé et bien formé qui peut prendre en charge ces patients, avoir les infrastructures permettant d'isoler les patents infectés et de les placer en quarantaine." A ces "fondamentaux de la santé publique" s'ajoute également une "bonne formation pour protéger les travailleurs de santé", piliers incontournables de la lutte contre une épidémie.
Le "mystère" autour du SARS-CoV-2
Aurait-on pu déceler l'émergence du Covid-19 plus rapidement ? C'est la question à laquelle une équipe de recherche montpelliéraine a tenté de répondre dans une étude parue dans la revue Transboundary and emergind diseases. "Fin décembre 2019, une épidémie a été repérée en ligne par certains systèmes de surveillance.
Depuis 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) établit chaque année une liste de maladies pouvant causer un danger international. Cette liste permet de savoir sur quelles maladies se concentrer afin d'accélérer la recherche et le développement d'une surveillance, d'un système de diagnostic et de traitements efficaces. Lors de sa réunion annuelle en 2018 à Genève, l'OMS avait placé la "maladie X" dans la liste des pathologies pouvant potentiellement causer un "danger international." Elle rejoint la longue liste de maladies mortelles comme Ebola (dont le bilan se portait à plus de 11.000 morts en 2014 et 2015), la fièvre de Lassa, mais aussi Zika (qui a frappé la planète en 2015 et 2016), ainsi que les deux coronavirus survenus avant le Covid-19, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
"Ebola, Zika, et même le Covid-19 ont tous été à un moment la maladie X, cette pathologie qu'on ne connait pas encore et qui s'apprête à émerger" explique Maria Van Kherkove, épidémiologiste, du programme des urgences sanitaires de l'Organisation mondiale de la santé, lors d'une conférence de presse en juin 2020. "La question désormais n'est pas de se demander s'il y aura un prochain pathogène mais quand." L'OMS dit avoir tiré les conséquences des épidémies passées afin de pouvoir mieux se préparer à celles à venir. "Nous avons retenu des autres flambées qu’il faut se concentrer sur les mesures à prendre : une bonne surveillance pour déceler la maladie, la prise en charge pour traiter les patients avec un niveau de soin approprié à la gravité de leur cas, mais aussi avoir un personnel de santé protégé et bien formé qui peut prendre en charge ces patients, avoir les infrastructures permettant d'isoler les patents infectés et de les placer en quarantaine." A ces "fondamentaux de la santé publique" s'ajoute également une "bonne formation pour protéger les travailleurs de santé", piliers incontournables de la lutte contre une épidémie.
Le "mystère" autour du SARS-CoV-2
Aurait-on pu déceler l'émergence du Covid-19 plus rapidement ? C'est la question à laquelle une équipe de recherche montpelliéraine a tenté de répondre dans une étude parue dans la revue Transboundary and emergind diseases. "Fin décembre 2019, une épidémie a été repérée en ligne par certains systèmes de surveillance. Noyés sous une montagne de données, ces signaux faibles n’ont cependant pas su être interprétés à temps", explique le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui chapeaute l'étude. Les chercheurs sont partis à la recherche du vocabulaire en ligne pour décrire le Covid-19. Ils se sont appuyés sur les données de plusieurs systèmes d'intelligence artificielle appelés "EBS", pour Event-Based Surveillance, PADI-Web (un outil de veille automatique d’articles médias sur internet), HealthMap (un système automatique d'information pour la surveillance, l'organisation de maladies à travers le monde) et ProMed (le système d'information du programme international de veille épidémiologique et éco-épidémiologique sur les maladies émergentes). Ces systèmes de surveillance "fonctionnent comme un tamis qui chercherait de l’or parmi les grains de poussière. Notre objectif est de mettre à jour les pépites, qui sont finalement des signaux faibles d’évolution d’une maladie", explique Mathieu Roche, l'un des chercheurs.
Alors que certaines veilles, précises, se concentrent sur des maladies connues à l'instar d'Ebola, le travail mené ne consistait pas à "cibler une maladie en particulier", explique Mathieu Roche. "On va plutôt chercher des mots-clés liés à des symptômes, à des phénomènes mystérieux ou des sentiments d’inquiétude". Pour le Covid-19, tout un vocabulaire autour de l'"inconnu", du "mystère" et de la "pneumonie." "Avant que le virus ne soit formellement identifié, on trouve des articles qui parlent de "maladie mystère" ou de "pneumonie de cause inconnue", indique le chercheur. "Ensuite, à partir du moment où les médecins s’emparent du sujet, le vocabulaire devient plus technique." Grâce à cette analyse rétrospective, les chercheurs espèrent produire des systèmes de veille encore plus performants à l’avenir.
Et pourtant, malgré tous ces programmes de l'OMS et les systèmes de surveillance, difficile d'être prêt pour la prochaine épidémie qui menace la planète. "Au moment de la crise d'Ebola, nous n'avions ni d'outils de diagnostic, ni de traitement, ni de vaccin même si des scientifiques y avaient réfléchi, personne n'avait poussé les choses plus loin. Sauf que là, des milliers de personnes mourraient et il a fallu trouver des solutions. Il y a beaucoup de travaux de recherche mais ils étaient malheureusement très fragmentés et mal coordonnés", explique Soumya Swaminathan, pédiatre et scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la santé. Chaque épisode de ce type permet d'améliorer les mesures mises en place. "En 2013, lorsque la flambée d'Ebola s'est déclenchée, ce virus n'était pas nouveau pour nous. Il était déjà apparu en 1976. Mais il a fallu évaluer son potentiel épidémique et d'abord imaginer le pire", poursuit Sylvie Briand, directrice de la gestion des situations d'urgence sanitaire à l'OMS. Depuis, plusieurs piliers de riposte ont été identifiés : surveillance, recherche des contacts, mobilisation des communautés, tests en laboratoire, lutte anti-infectieuse, enterrements sécurisés et respectueux de la dignité, vaccination et traitements.
Une prochaine maladie X après le Covid-19 ?
Alors que l'épidémie de Covid-19 fait encore rage dans de nombreux pays à travers le monde, l'OMS évoque déjà la prochaine maladie X, qui viendra supplanter le SARS-CoV-2. "Cette maladie X, on ne la connait pas", explique Sylvie Briand. "L'incertitude est toujours accompagnée de peur mais elle n'est pas bonne conseillère lorsqu'il s'agit de prendre des décisions. Donc il faut réduire ces incertitudes. Pour cela, nous essayons de rassembler les scénarios afin de savoir ce qui pourrait bien se produire." L'épidémie d'Ebola a entraîné l'apparition d'un "blueprint", une feuille de route non seulement pour Ebola mais aussi pour les maladies prioritaires. Au fil des découvertes et des recherches sur le Covid-19, les recommandations et les procédures édictées par l'OMS s'actualisent. Elles seront peut-être un jour aussi complètes que celles désormais disponibles pour Ebola.