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Disparition

Mort de Susana Higuchi, l’ex-première dame du Pérou et lanceuse d’alerte contre son propre mari

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En 1992, elle n’avait pas hésité à dénoncer la corruption du président Alberto Fujimori, alors qu’elle était toujours mariée avec lui, et de son clan familial. Des révélations qu’elle paiera cher.
par François-Xavier Gomez
publié le 10 décembre 2021 à 8h55

Les Péruviens d’un certain âge se souviennent parfaitement de cette scène : en mars 1992, la jusqu’alors discrète première dame du Pérou convoque une conférence de presse et balance une bombe. Elle accuse son mari et sa belle-famille de s’enrichir en détournant les dons envoyés par deux ONG japonaises. Les révélations sont accueillies avec stupeur, et vont alimenter la défiance et la pression contre le président Alberto Fujimori. Celui-ci, deux mois plus tard, s’arroge les pleins pouvoirs : il dissout le Parlement, met hors la loi les partis politiques et instaure la censure des médias. C’est le sinistrement célèbre autogolpe (auto-coup d’Etat).

Susana Higuchi est née à Lima en 1950 dans une famille arrivée du Japon. Elle épouse Alberto Fujimori en 1974. Le couple aura quatre enfants, dont deux, Keiko et Kenjji, entreront eux aussi en politique. En 1990, l’élection à la présidence du Pérou de celui qu’on surnomme improprement «El Chino» («le Chinois») est une énorme surprise : inconnu de l’opinion trois mois auparavant, il s‘impose avec un discours anti-élites et bat au second tour l’archifavori Mario Vargas Llosa, écrivain de renom et héraut de la droite ultralibérale.

Pneus rechapés

Grâce au patrimoine de sa famille qui a fait fortune en rechapant les pneus usagés, Susana Higuchi a en grande partie financé la campagne de son époux. Qui, sitôt élu, met en pratique les recettes prônées par son adversaire en infligeant un traitement de choc à l’économie : flambée du prix des carburants

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