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Arnaud Tourin : « Nous sommes dans l’ère de l’économie de la connaissance mais la recherche est absente du débat politique »

Une politique volontariste pour l’innovation s’impose afin d’enrayer la spirale du déclin technologique français, relève le physicien, dans une tribune au « Monde ». Il appelle à faire du triptyque formation-recherche-industrie une priorité gouvernementale.

Publié le 19 février 2022 à 06h15, modifié le 20 février 2022 à 12h28 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Les prémices de la campagne présidentielle viennent illustrer jusqu’à la caricature un double paradoxe inquiétant. Alors que nous sommes entrés il y a plus de vingt ans dans l’ère de l’économie de la connaissance, la recherche est absente du débat politique. Et, alors que le contexte de pandémie convoque la science, trop nombreux sont ceux parmi nos concitoyens, y compris dans la classe politique, qui sont incapables de faire la différence entre une opinion, d’une part, et une connaissance scientifique produite par la recherche, d’autre part. Pourtant, la nécessité d’une politique volontariste en matière de recherche scientifique s’impose plus que jamais, pour au moins deux raisons qui se conjuguent.

La première tient au défi d’une ampleur inédite auquel font face l’ensemble des pays de la planète : celui de la transition écologique. On ne pourra y répondre qu’en combinant sobriété et progrès technologique. Or, promouvoir l’innovation technologique suppose de soutenir fortement la recherche fondamentale qui en constitue le terreau fertile. Car c’est bien de celle-ci que naissent les plus grandes ruptures technologiques, à l’instar du transistor et du laser, fruits de la physique quantique.

A cet égard, il faut souligner la vision étroite que les responsables politiques ont souvent de l’univers des start-up, qu’ils s’érigent en thuriféraires ou en contempteurs. Les premiers ne jurent que par la French tech digitale, là où les seconds fustigent la « start-up nation ». Ils en oublient les start-up technologiques à vocation industrielle, souvent issues des laboratoires de recherche académiques, qui portent des innovations de rupture pour la transition énergétique, la santé ou l’agriculture. Il est vrai que leur temps de développement est long et suppose une forte intensité capitalistique. A telle enseigne qu’elles peinent à trouver en France les moyens de leur développement. En phase d’industrialisation, elles se heurtent au manque d’appétence des fonds d’investissement, à la frilosité des grands groupes industriels et au manque de vision de la puissance publique.

Enrayer le déclin

Or, on touche là à la deuxième raison qui doit inciter à mettre la recherche au cœur du débat présidentiel : la nécessité pour la France d’enrayer la spirale de son déclin technologique. Ce dernier peut notamment se lire au travers d’indicateurs qui illustrent : une désindustrialisation massive du pays (l’industrie manufacturière ne représente plus que 10,1 % du PIB en 2017, soit deux fois moins qu’au milieu des années 1970 et deux fois moins qu’en Allemagne aujourd’hui) ; sa dépendance croissante à l’égard de l’étranger (son déficit commercial devrait atteindre le niveau record de 100 milliards d’euros en 2022) ; une forte dégradation des performances de ses élèves dans les disciplines scientifiques (la France se classe ainsi dernière des pays européens et avant-dernière des pays de l’OCDE en mathématiques dans l’enquête Timms de 2019).

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