Il existe plusieurs bonnes raisons de se rendre à Nova Pádua (Nouvelle Padoue). Goûter aux célèbres vins méridionaux de l’État du Rio Grande do Sul – les meilleurs du Brésil. Marcher dans les pas des migrants italiens en Amérique latine, on y reviendra, et en profiter pour tirer un selfie devant cette curieuse sculpture de casserole à polenta géante, située à l’entrée de la ville. Et, enfin, découvrir la ville du pays qui a le plus voté en faveur de Jair Bolsonaro en 2018. 92,96 % (soit 1 770 voix exactement, contre seulement 134 à son adversaire de gauche, Fernando Haddad, issu du Parti des travailleurs, PT) : c’est le score obtenu à Nova Pádua par l’ancien capitaine d’artillerie devenu président.
En choisissant massivement l’extrême droite, la petite ville, perdue dans les montagnes de la Serra Gaúcha, est brutalement passée de l’anonymat à la célébrité : elle a vu débarquer des foules de journalistes, impatients de comprendre les racines du vote dans la « Cidade Bolsonaro ».
Un écrin de verdure
A quelques jours des élections municipales au Brésil, dont le premier tour est prévu le 15 novembre, la cité a retrouvé son calme. Sur les flancs du rio das Antas (« rivière des Tapirs »), le paysage est tout de collines et de coteaux langoureux, entrecoupés de champs, de vignes en fleur, de forêts d’eucalyptus et de pins Araucaria, arbre symbole du Sud brésilien qui a la forme d’une menorah géante. À près de 700 mètres d’altitude, l’air est frais, l’eau est vive. Les couchers de soleil ont un éclat magique.
A trois heures seulement de route de la vibrionnante capitale, Porto Alegre, se découvre un autre Brésil. Une terre pudique, besogneuse, souvent méfiante et taiseuse.
Nichée dans ce bel écrin, Nova Pádua, vaste municipalité rurale, s’étale sur 102 000 kilomètres carrés (cent fois Paris) pour seulement 2 500 âmes. La vie s’organise autour du petit centre-ville, composé de maisons et de bâtiments de béton peints. Les rues y sont propres et souvent vides. Les bosquets, taillés avec soin. On trouve là la mairie, l’église, la poste et l’épicerie, mais aussi la station d’essence RodOil, le bar Bunai, l’Hôtel Del Miro, la banque Sicredi, le grand magasin de pyjama Lezi. Tout ferme à 21 heures.
Sur les hauteurs de la Serra, à trois heures seulement de route de la vibrionnante capitale, Porto Alegre, se découvre un autre Brésil. Une terre pudique, besogneuse, souvent méfiante et taiseuse. À midi, dans les quelques cantines de la ville, les habitants, débarqués des collines ou des commerces environnants, avalent sans un mot des plats de viande à la sauce épaisse. Au dessert, on sert de petits bols de sagu, cette soupe de vin ultra-sucrée agrémentée de fécules de tapioca.
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