Il y a beaucoup d’événements en France, pourquoi avoir décidé de se lancer sur ce créneau ?

En 2013-2014, nous étions dans une phase de french bashing systématique. La réalité que nous vivions était à l’inverse une France pleine d’énergie, de créativité, avec des gens qui ont de l’envie. Il y avait une différence entre la vibration positive que l’on vivait et cette vibration négative renvoyée par les médias. Le contexte aussi était celui d’une France qui faisait face à un enjeu majeur de transformation, et qu’il y avait une sorte de hiatus, malgré des dizaines d’années d’innovations. On s’est dit qu’il fallait faire triompher cette audace et cette ouverture sur le monde.

On a donc décidé non pas de faire un événement, mais de créer le premier réseau social nativement hybride. Hybridation dans la conception de l’innovation mais aussi hybridation dans la communauté, avec un mélange déterminant d’entrepreneurs, de chercheurs, de politiques, d’artistes, qui te permet d’arrêter de penser en rond. Et enfin une hybridation dans la manière de redéfinir la socialité. On ne voulait pas d’un réseau social à la Valley, nous sommes des êtres sociaux et les technologies doivent contribuer à recréer du lien. L’objectif : casser les silos et endiguer l’auto-insatisfaction.

Quelle est la recette de ce “réseau social”?

C’est une communauté qui se coopte. Nous voulons exposer un maximum de personnes à une conscience de ce que doit apporter l’innovation. Il n’y a pas de sélectivité mais une envie de se réunir. Si la communauté se crée en ligne, il y a aussi besoin de se voir physiquement.

On thématise chaque session (Arles en été, Val d’Isère en hiver, NDLR) pour s’interroger ensemble sur l’impact des technologies et de l’innovation sur notre société. On s’intéresse à l’humain comme créateur de valeur et les speakers que nous choisissons doivent servir ce propos. La première édition, à Arles, a réuni 120 personnes. La huitième 480, mais il ne faut pas aller beaucoup plus loin. Il faut que l’on reste à taille humaine et dans une unité de temps et de lieu.

Quand on s’est lancés les gens ne comprenaient pas. Parce que nous n’étions pas dans une expertise. Mais ça a changé. Nous avons une communauté hybride fondée sur de l’engagement et de l’appartenance. Ce qui nous intéresse ce sont vraiment ce que les gens ont dans les tripes.

 

Le thème de cette année, la vérité, est particulièrement pluriel, comment l’avez-vous pensé ?

Nous avons abordé les thèmes de la peur, de l’engagement, de la simplicité, du temps etc. Et l’idée n’est jamais d’être dans la dénonciation à travers les thèmes mais au contraire de donner envie de s’engager. Là, on s’est demandés comment la technologie nous aide à accéder à la vérité et en même temps elle peut aussi freiner l’accession à cette vérité. A l’heure des fake news et des assauts qui sont fait à la vérité, nous avons eu envie de la défendre. De donner par touches pointillistes une approche de la vérité.

Vous avez accueilli Obama l’année dernière pour un événement de lancement, comment réussissez-vous vos coups avec vos speakers ?

Pour Obama, il avait très envie de revenir en Europe mais en s’intéressant à la jeunesse. Le processus a été long mais je pense qu’il a reconnu notre démarche, ce qui évidemment nous donne confiance en ce que nous faisons.

Pour les autres, on est souvent nombreux à avoir une même perception, au même moment. La communauté nous aide et fait remonter les profils intéressants, nous avons des vigies, des fées, nous avons la chance d’être entourés de personnes qui nous alertent sur des personnes reconnues pour ce qu’elles font, mais pas nécessairement connues de tous.  

Quelles sont les prochaines étapes pour les Napoléons ?

On voudrait s’ancrer davantage sur les territoires, nous avons par exemple le projet d’un tiers lieu qui resterait annuellement, ici à Arles. Nous souhaitons également ouvrir un chapitre asiatique en commençant par la Corée. Nous allons probablement faire ça le printemps prochain, ainsi qu’un chapitre africain à l’automne prochain. Mais tout naît de rencontres, et s’il y a une chose que l’on ne peut pas anticiper ce sont bien les rencontres. Mais nous ne sommes pas pressés. Côté business, les partenariats ramènent une stabilité de vision, nous ne sommes pas rentables mais nous avons une certaine sécurité d’opération.

Y a-t-il d’autres événements qui vous inspirent ?

Bien sûr. Nous avons fait un benchmark de pas mal de choses que l’on aime beaucoup. Notamment Sundance, Coachella etc. Ce qui est sûr c’est qu’on n’est pas un Davos. Pour moi le business est là quand la confiance est là et ce que l’on fait c’est créer les conditions d’une approche cellulaire, une approche d’allumage, où tu permets aux gens de se revoir en dehors.