L'inquiétude des compositeurs face à l'intelligence artificielle

La Sacem et de nombreux syndicats de l'industrie musicale dénoncent la fouille de données dans les compositions par le système de l'intelligence artificielle ©Getty - bgblue
La Sacem et de nombreux syndicats de l'industrie musicale dénoncent la fouille de données dans les compositions par le système de l'intelligence artificielle ©Getty - bgblue
La Sacem et de nombreux syndicats de l'industrie musicale dénoncent la fouille de données dans les compositions par le système de l'intelligence artificielle ©Getty - bgblue
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Le 12 octobre dernier, la Sacem annonçait son opposition face à la fouille de données par l’intelligence artificielle. Le Syndicat français des compositrices et compositeurs de musique contemporaine, avec à sa tête Charles-David Wajnberg, appelle à son tour à la protection des créateurs face à l'IA.

Avec
  • Charles-David Wajnberg Vice-président du Syndicat français des compositrices et compositeurs de musique contemporaine

Depuis quelques temps, les créateurs sont inquiets face au développement de l’intelligence artificielle, à l’instar de la Sacem qui s’est opposée le  12 octobre dernier à la fouille de données engendrée par l’intelligence artificielle, en exerçant un droit d'opposition. La Sacem conditionne ces opérations d’entrainement des intelligences artificielles à son autorisation préalable. Tout comme le SMC, le Syndicat des compositrices et compositeurs de musique contemporaine qui vient de publier un communiqué dans ce sens, et affirmer leurs inquiétudes. Le vice-président Charles-David Wajnberg, lui-même compositeur, nous explique les raisons de leurs préoccupations :

4 min

"Ce que la Sacem dit, c'est l'idée que les œuvres d'art ne sont pas données comme les autres, puisqu'on est à une époque où l'intelligence artificielle se développe dans un domaine génératif, c'est-à-dire qu'elle est capable de produire des œuvres qui habituellement sont assimilées à des œuvres de l'esprit. Il s'agit de protéger les données fondamentales qui servent aux machines. Aujourd'hui, quand un algorithme d'intelligence artificielle produit ce qu'on appelle une œuvre, que ce soit une image, une œuvre musicale, elle le fait en s'appuyant sur des musiques préalables, dans des bases de données, des jeux de données. qui sont constitués par des œuvres existantes. C'est évidemment le cas de Chat GPT, qui est un agent conversationnel qui s'appuie sur des données puisées sur le web. Et donc ce sont ces données-là que la Sacem veut protéger en énonçant assez clairement que les œuvres d'art ne sont pas des données comme les autres, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les soumettre à un régime de reproduction industrielle."

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Cette opposition à cette fouille de donnée est possible grâce à une directive européenne de 2019, applicable dans l'Union Européenne, et qui stipule que les compositeurs et compositrices ont le droit d'interdire la fouille sur leurs propres œuvres. En exerçant ce droit d'opposition, la Sacem souhaite protéger les œuvres déposées afin qu'elle fasse l'objet d'interdiction de fouille de données. La SMC a publié son communiqué afin d'aller au-delà car les bases de données ont déjà été constituées : "Il est important d'expliquer au grand public qui est l'utilisateur principal de ces outils d'intelligence artificielle générative que les bases de données déjà constituées sont déjà en violation avec le droit d'auteur. L'industrialisation des productions d'œuvres d'art par les outils automatisés est déjà une atteinte au droit d'auteur en ce que ces outils-là utilisent des œuvres qui ne sont pas dans le domaine public."

Reportage
3 min

Ce que les auteurs et compositeur.ice.s craignent à court terme, selon Charles-David Wajnberg, c'est "d'abimer le droit d'auteur et sa reconnaissance, et concrètement, la baisse des commandes, la baisse du rôle social des compositrices et compositeurs qui vont voir leurs œuvres remplacées par celles des machines. Non pas que les machines vont faire la même chose, mais que les commanditaires pourront se contenter d'œuvres standardisées. Donc la grande inquiétude, c'est la standardisation des contenus musicaux." Ce que la Sacem, et le SMC demandent, c'est que l'intelligence artificielle puisse récupérer des données, uniquement dans les œuvres du domaine public, comme la loi l'indique.

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