Pourra-t-on, demain, recourir aux techniques non invasives de stimulation cérébrale pour atténuer, voire dissiper, les pertes de mémoire liées à l’âge ? C’est l’espoir soulevé par les résultats de deux études pilotes américaines. Chez des sujets âgés (de 64 ans à 80 ans dans la première étude, de 60 ans à 76 ans dans la seconde), ces méthodes de stimulation transcrânienne magnétique ou électrique sont parvenues à restaurer des performances mnésiques comparables à celles de sujets plus jeunes. Des résultats jugés « très encourageants » par Anne Sauvaget, psychiatre, responsable de l’unité de neuromodulation en psychiatrie du CHU de Nantes. « D’autant que ces méthodes non invasives sont bien tolérées. »
Avec l’âge, c’est surtout la « mémoire de travail » qui faiblit, celle qui enregistre à court terme les informations récentes (l’endroit où nous nous sommes garés, le fil d’un discours…). « Presque tout le monde fait l’expérience d’un déclin de ses performances mnésiques avec l’âge », note Joel Voss, professeur associé à l’université Northwestern de Chicago, qui a coordonné l’étude publiée, le 17 avril, dans la revue Neurology.
Viser l’hippocampe
Cette étude a exploré l’impact de la stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS). Développée depuis 1985, la rTMS consiste à appliquer une bobine aimantée contre un point précis du crâne. Le but : moduler l’activité des neurones de régions précises du cerveau. La technique a d’abord été utilisée en neurologie pour traiter les mouvements anormaux ou les douleurs chroniques. Depuis une vingtaine d’années, cette méthode est aussi appliquée au traitement des dépressions ou des hallucinations dans la schizophrénie.
Ici, la rTMS a été évaluée chez 15 sujets âgés de 64 ans à 80 ans. Durant cinq jours d’affilée, chacun d’eux a reçu une session quotidienne de vingt minutes de TMS. La structure visée : l’hippocampe, une structure profonde du cerveau qui s’atrophie avec l’âge, et qui joue un rôle central dans la mémoire de travail. Problème : l’hippocampe est enfoui dans l’encéphale. Il n’est donc pas directement accessible au champ magnétique. « La rTMS ne pénètre pas à plus de 1,5 à 2 centimètres de la surface du cerveau », explique le professeur Emmanuel Haffen, chef du service de psychiatrie de l’adulte du CHU de Besançon. Il a donc fallu ruser. « Nous avons ciblé une région de surface dont l’activité est synchronisée à celle de l’hippocampe, ce qui suggère que ces deux régions communiquent », indique Aneesa Nilakantan, première auteure de ce travail. Cette région est un « spot » situé dans le lobe pariétal, à l’arrière et un peu au-dessus de l’oreille gauche.
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