Ciné

Wong Kar-wai, chromo d’amour

Article réservé aux abonnés
La plateforme Mubi permet de voir ou revoir quatre des plus grands films du maître Hongkongais dans des versions qu’il a lui même lifté, sublimant ses personnages et la splendeur intacte de ses plans.
par Léo Soesanto
publié le 17 avril 2021 à 7h13

«Je ne suis qu’une boîte d’ananas», se lamente Takeshi Kaneshiro dans Chungking Express. Il faut bien sûr voir et revoir, toujours et encore, les films de Wong Kar-wai, qui ne parlent que d’amour et de mémoire – ce qui devrait être le cœur de tout film. Mais dans notre contexte sanitaire où l’on se sent physiquement et émotionnellement comme de l’ananas en conserve attendant d’être ouvert avant la date de péremption, leur vision a quelque chose d’encore plus poignant. Le doublé Chungking Express et les Cendres du temps a toujours eu une place particulière dans la filmographie de Wong : deux façons de retrouver le temps, avec le premier film, romance bouclée en une vingtaine de jours chrono pendant la postproduction du second, film de chevalier chinois (wu xia pian) issu d’un tournage languissant de deux ans. Carburant à MTV et à la Nouvelle Vague, Chungking Express est toujours la réponse parfaite, sublime dans sa ferveur et naïveté, à la question de Barthes : «Suis-je amoureux ? Oui, puisque j’attends.» Démonstration en deux mini-récits miraculeux – face A de thriller, face B de comédie romantique – où l’on guette un signe de l’autre et du destin, par-delà les mois et distances. Et on y croit, on embrasse cela aveuglément car les flics y sont de craquants poètes aux vœux enfantins (la réplique de «la maison qui pleure», par le dieu vivant Tony Leung Chiu-wai, est le plus bel euphémisme pour désigner un dégât des eaux), les fe

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus