« Du Nord au Sud, on veut rendre la mer accessible à tous »

Hervé Menchon, adjoint EELV
au maire de Marseille en charge de la gestion, préservation
et aménagement du littoral.

04/07/2022 | 06h42

L’élu dresse la feuille de route municipale, récemment validée, sur la vision des 57 km du littoral marseillais avec l’ambition de le démocratiser.

La Marseillaise : Quelle est la philosophie de cette feuille de route ?

Hervé Menchon : Elle lie justice sociale et écologique. Elle a été présentée en juin au maire, qui l’a validée. L’idée, c’est qu’on va tout passer au prisme environnemental dès qu’on va lancer des aménagements sur le littoral. Du Nord au Sud, on veut rendre la mer accessible à tous. Il faut développer cette culture de la mer à Marseille, dont la véritable identité est Mare Nostrum, elle doit irriguer l’ensemble des quartiers et tous nous rassembler.

Il y a notamment une ambition forte au Nord, sur les plages de Corbières...

H.M. : On souhaite les agrandir avec une meilleure accessibilité car, pour l’instant, c’est une catastrophe, que ce soient pour les familles en poussette ou les personnes à mobilité réduite. On verra dans ce projet si on déplace la base nautique de Corbières, l’objectif en mode héritage après les JO étant de doubler le nombre de stages de voile. J’espère aboutir durant ce mandat. Il y a la question du loyer, 58 000 euros par an versés au Grand Port maritime (GPMM) pour 17 000 m². Le port n’a ici aucune vocation à installer une activité industrielle. Je souhaite une concession gratuite car on prendrait en charge la remise en état des lieux, l’entretien, sans que la Ville en fasse une activité lucrative car tout le monde ira s’y baigner sans payer d’entrée.

Il y a des projets sur toutes les parties du littoral ?

H.M. : Oui. L’accessibilité à la mer sur l’espace Mistral [Estaque] est à l’étude mais d’une grande complexité réglementaire et environnementale car le fond sédimentaire est très pollué. En revanche, j’ai bon espoir d’aboutir dans le mandat sur l’ouverture de la digue du large. C’est un dossier que je mène avec Laurent Lhardit [adjoint à l’économie], représentant de la ville au conseil d’administration du port. Le GPMM est volontaire mais c’est le ticket d’entrée qui est un peu trop élevé avec la question des travaux. On avance bien sur le bassin de nage du Mucem en partenariat avec la Métropole. Il reste des analyses sédimentaires à faire. On pourrait aussi y mettre le premier plongeoir marseillais du littoral, qui serait un lieu de permission et de sensibilisation de plongée. Rudy Ricciotti [architecte du Mucem] nous a proposé de le dessiner. Ensuite, on a lancé la concertation pour le réaménagement de la plage des Catalans. J’espère qu’on pourra retrouver un usage balnéaire à la piscine du vallon des Auffes, actuellement classé portuaire. Puis, on arrive au parc balnéaire du Prado. Il y aura des travaux en deux temps : une enveloppe de 800 000 euros pour sécuriser les espaces, enlever les constructions vétustes et les remplacer par des bâtiments qu’on puisse enlever et démonter rapidement par rapport au risque de submersion marine. Il y a ensuite une deuxième phase, après 2024, véritable refonte du parc balnéaire avec un concours international d’urbanisme. L’objectif sera une plus grande renaturation et l’ouverture sur la base nautique du Roucas Blanc, on pourra s’y promener, voir les minots faire leurs activités nautiques ça pourrait susciter des vocations. C’est un travail passionnant. En tant que designer d’espace de formation, ça permet de parler le même langage avec les architectes.

Comment se prémunir face à la montée des eaux ?

H.M. : On a déjà eu l’allégorie de la montée des eaux avec une énorme vague qui est passée sur la digue de Corbières et a causé des dégâts considérables à l’ascenseur. Il y a des travaux de renforcement à mener. En avril, on a voté au conseil municipal un rapport qui vise à faire inscrire Marseille parmi les villes touchées par l’érosion du littoral. Il y a aussi le stress hydrique qui va avec, on va avoir moins d’eau douce et une montée des eaux salines. Par exemple au parc Borély, cette eau va attaquer les racines des arbres qui pourront mourir. Il y a un travail d’anticipation à mener.