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Un rapport accuse le Lions Club de « négligence et de maltraitance envers des aînés »

Lions Place est « le parfait exemple de ce qui ne va pas », selon le fils d'une résidente.

Un grand édifice à logements bordant un large boulevard.

Le rapport du Centre canadien de politiques alternatives demande notamment « une enquête publique immédiate, une investigation ou un audit » sur les dépenses du Lions Club.

Photo : Radio-Canada / Justin Fraser

Un rapport indique que la vente de Lions Place, un ancien complexe pour personnes âgées à Winnipeg, équivaut à de la maltraitance envers les aînés. Ce rapport du Centre canadien de politiques alternatives déplore le « démantèlement ciblé d’une communauté pour aînés ».

Il demande qu'une enquête publique immédiate et/ou un audit soient menés sur les dépenses du Lions Club, ainsi que sur la gestion du Lions Housing Centres (LHC), qui gère les logements et les établissements de soins de l'organisation à but non lucratif.

C'est d'autant plus urgent que LHC est toujours responsable de Lions Manor [au 320, rue Sherbrook] et de Lions View [au 311 rue Furby], où vivent plus de 200 personnes âgées, peut-on lire dans le rapport.

Le Lions Place, un immeuble de 287 logements situé au 610, avenue Portage, a ouvert ses portes en 1983 grâce à un financement fédéral. L'accord d'exploitation a ensuite été transféré à la province.

Il a été vendu l'année dernière à Mainstreet Equity Corporation, une société immobilière à but lucratif établie à Calgary et a été rebaptisé Residences of Portage Commons.

[Cette vente] représente à la fois une perte nette importante de logements abordables et un exemple de démantèlement ciblé de la communauté pour des personnes âgées à Winnipeg, indique le rapport. Nous concluons qu'elle peut également être considérée comme de la négligence et de la maltraitance organisationnelles des aînés dans un cadre communautaire [...] de la part d'une organisation de bienfaisance.

CBC/Radio-Canada a invité LHC à réagir à ce rapport, mais ils n'avaient pas donné suite à nos demandes au moment de la publication de ces lignes.

Pour appuyer leurs conclusions, les auteurs du rapport citent des recherches universitaires et la couverture médiatique ainsi que des entretiens menés auprès de 22 locataires actuels, un ancien locataire, deux proches, six anciens employés de LHC et quatre acteurs de la communauté.

Nos données documentent de nombreux préjudices liés à la vente qui ont perturbé les locataires, leur qualité de vie et leur communauté. La financiarisation des logements pour personnes âgées ne fait pas seulement partie d'un processus plus large qui menace les logements abordables et sans but lucratif au Canada, peut-on lire dans le rapport. Notre analyse montre que ce processus est également lié à une forme d'âgisme et de capacitisme [une forme de discrimination à l’encontre des personnes handicapées] profondément enracinés.

Dans le cas de LHC, il s'agit d'un échec cuisant de sa mission et de ses valeurs qui a porté préjudice aux locataires et à leur communauté, ajoutent les auteurs du rapport.

Rien ne les empêche de recommencer

Au moment de la vente du bâtiment, la province avait annoncé un accord de supplément au loyer de 1,2 million de dollars avec Mainstreet pour amortir les augmentations pendant deux ans. Cet accord s'applique aux personnes âgées qui vivaient dans l'immeuble pendant la période de transition.

Il y a beaucoup d'anxiété, car cet accord doit expirer dans un an, explique Tom Simms, dont la mère, qui est âgée de 94 ans, vit à Lions Place depuis 25 ans.

Il espère que le nouveau gouvernement provincial interviendra et prolongera cette protection.

L'entrée d'un immeuble à logement portant l'enseigne de Lions Place.

Lions Place, un immeuble de 287 logements, a ouvert ses portes en 1983 grâce à un financement du gouvernement fédéral. Il a été vendu en 2023 à une société immobilière à but lucratif basée à Calgary.

Photo : Radio-Canada

Le rapport reproche également à LHC d'avoir abandonné sa mission et ses valeurs en tant qu'organisme de bienfaisance enregistré au cours des années qui ont précédé la vente.

L'organisation fonctionnait selon la logique d'une institution à but lucratif et il y avait une séparation croissante entre les intérêts de la direction et ceux des locataires, peut-on lire dans le rapport.

M. Simms estime que Lions Place est le parfait exemple de ce qui ne va pas. Il demande aux différents ordres de gouvernement de mettre en place une réglementation plus stricte pour les organisations telles que LHC lorsque de l'argent public est en jeu.

Il précise que cela devait être fait avant que LHC ne décide de vendre ses deux autres immeubles.

Ils l'ont fait une fois. Rien ne les empêche de recommencer, estime Tom Simms.

Le rapport recommande notamment la mise en œuvre d'une loi visant à empêcher la vente de bâtiments à but non lucratif au marché privé.

La prolongation du moratoire sur l'augmentation des loyers serait également bienvenue, mais la vente du bâtiment à un autre organisme à but non lucratif serait la meilleure solution, selon les auteurs du rapport.

La création d'un défenseur indépendant des personnes âgées au Manitoba, promise par la province, est également essentielle, selon le rapport, qui demande également à la province de revoir la législation relative à la maltraitance envers les aînés, afin qu'elle couvre les préjudices organisationnels.

Dans un communiqué, la ministre provinciale du logement,  Bernadette Smith, remet en cause le manque d’action du précédent gouvernement dans ce dossier.

L’ancien gouvernement progressiste-conservateur aurait pu choisir d’intervenir ou de collaborer avec l’organisation avant que le bâtiment ne soit mis en vente, mais ils ne l’ont pas fait, indique-t-elle. C’est une autre indication que l’ancien gouvernement n’a pas pris cette affaire au sérieux et qu’il n’a pas agi dans l’intérêt des aînés. Cela a causé du tort à leur communauté.

Elle ajoute que le gouvernement néo-démocrate suit cette affaire de près et qu’il s’est engagé auprès des propriétaires du bâtiment pour soutenir les aînés qui sont des résidents dans cet immeuble.

Bernadette Smith rappelle qu’en mars dernier, le gouvernement provincial a adopté une nouvelle approche pour offrir un financement constant et prévisible aux fournisseurs de logements communautaires.

Sous ce modèle, les fournisseurs qui reçoivent des subventions ne peuvent pas transférer des contrats de location par eux-mêmes. Cela fait en sorte que leurs bâtiments ne peuvent pas être vendus au secteur privé, à moins qu'ils suivent les directives du gouvernement provincial.

Avec les informations de Darren Bernhardt et de Meaghan Ketcheson

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