Coupes budgétaires : peur sur le spectacle vivant après les annonces du gouvernement

Le Théâtre national de Chaillot fait partie des établissements concernés, avec une baisse annoncée de 500 000 euros ©AFP - Dimitar DILKOFF
Le Théâtre national de Chaillot fait partie des établissements concernés, avec une baisse annoncée de 500 000 euros ©AFP - Dimitar DILKOFF
Le Théâtre national de Chaillot fait partie des établissements concernés, avec une baisse annoncée de 500 000 euros ©AFP - Dimitar DILKOFF
Publicité

En fin de semaine dernière, le ministère de la Culture a dévoilé des baisses de budget. L'Opéra de Paris, la Comédie-Française ou encore le théâtre de Chaillot vont devoir se serrer la ceinture. Pour le spectacle vivant, c'est un nouveau coup dur.

Les établissements culturels doivent-ils s'inquiéter après les annonces du gouvernement ? En fin de semaine dernière, le ministère de la Culture a dévoilé de nouvelles baisses de budget. Cela fait suite à des annulations de crédits réclamées par Bercy. La rue de Valois doit trouver en tout de quoi réaliser 200 millions d'euros d'économies et pour cela, elle demande à l'Opéra de Paris, au Louvre, à la Comédie française ou encore au Théâtre de la Colline de se serrer la ceinture. Un nouveau coup dur pour le spectacle vivant.

"Tout faire pour ne pas toucher à l'activité"

C'est la première fois que l'établissement doit gérer des coupes, des annulations de crédit, en pleine saison. Au Théâtre National de Chaillot, après la surprise, c'est l'inquiétude qui domine. Ce dernier va devoir se passer de 500 000 euros et s'organiser en conséquence. "Pour donner un ordre de grandeur, 500 000 euros, cela correspond grosso modo à la hausse de la facture énergétique pour le théâtre intervenue ces deux dernières années. Projeté dans l'activité du théâtre, cela représente par ailleurs 50% de notre disponible artistique", détaille Reda Soufi, l'administrateur du théâtre : "Le premier réflexe, bien évidemment, c'est de tout faire pour ne pas toucher à l'activité. Cela nécessite de revoir, certainement, des modalités de fonctionnement, essayer d'optimiser nos coûts et nos charges."

Publicité

Mais si ces coupes venaient à s'inscrire dans la durée, se poserait la question de réguler l'activité du théâtre, sa programmation, avec des répercussions plus larges : "Cela va interroger notre capacité à porter au niveau national un certain nombre de missions qui relèvent de notre établissement, notamment tout ce qui concerne le soutien à la création chorégraphique française. C'est une ambition de projet, une ambition pour la politique du spectacle et des arts en France qui est aussi questionnée à travers ces coupes."

3 min

Le spectacle vivant est un écosystème fragile où lorsqu'un acteur est touché, tous les autres sont affectés. Alors même que le contexte est déjà très précaire, révèle dans une enquête LAPAS, l'Association des professionnels de l'administration du spectacle. Elle prévoit une baisse de 54% des représentations la saison prochaine. En outre, plus d'un artiste sur cinq envisagerait selon cette enquête de mettre fin à sa carrière. Une compagnie sur cinq, aussi, de mettre la clé sous la porte.

"Les coupes actuelles ne sont que la première vague"

Un paysage morose où les coupes actuelles n'augurent rien de bon selon Véronique Felenbok, co-présidente de LAPAS : "Quand on enlève 500 000 euros au Théâtre de la Colline ou à d'autres, cela signifie que des compagnies qui jouent là-bas ne seront pas coproduites. Tout le monde pense que les coupes actuelles ne sont que la première vague et que l'année prochaine, il y aura une deuxième vague qui sera bien plus sévère et qui affectera beaucoup plus directement les compagnies. Et, de toute façon, je pense que dans les 2-3 ans qui viennent, au niveau de l'aide attribuée aux compagnies par le ministère de la Culture, ne vont vraiment survivre que les plus grosses compagnies, qui sont dirigées par les personnes les mieux installées."

Les professionnels ont rendez-vous Rue de Valois mardi prochain. Ils réclament un abaissement des critères de subvention et un grand plan de sauvetage pour les compagnies. Et c'est sans compter les restrictions au niveau local et régional, souligne Véronique Lécullée, co-présidente du syndicat national des scènes publiques, le SNSP : "Il y a des régions qui ont baissé drastiquement leur soutien au spectacle vivant. Les régions Rhône-Alpes et Occitanie ont diminué leurs dotations. Certains départements, aussi, comme le Val-de-Marne : nous venons d'apprendre que ce dernier amputait de 150 000 euros le budget de la scène nationale."

La maison la plus touchée par les coupes est aussi l'une des plus largement subventionnées par l'État : l'Opéra de Paris,  bénéficiaire pour la première fois depuis 2017, verra son budget baisser de 6 millions d'euros. Mais ce dernier l'assure à France Musique : il ne réduira pas son activité, et les économies réclamées par le ministère seront prélevées dans ses réserves.

L'équipe

pixel