#Coulisses du #podcat : Chat-de-Van

Chat-de-Van

C’était une drôle de petite chatte, avec une belle robe de poils mi-longs. Un chat de grande taille et fin, qui ressemblait à l’hermine bretonne et au furet arménien. Avec le V de Van au sommet de son crâne. Et des yeux vairons. Un bleu. Un ambré…

C’est #chatypique : la première fois que je suis arrivée chez ELLE, partout j’ai croisé des posters et des photos d’un humain avec les mêmes yeux que moi. Différents. Parfois, il était grimé en personnage de kabuki, tout blanc, comme s’il voulait me relier par tous les moyens. Son chanteur de midinette : David Bowie. Peut-être qu’avoir vécu sous l’influence de cet homme si singulier, qui racontait tellement d’histoires originales à longueur d’albums, a fait de moi cette muse musicienne inattendue ? Qui sait. ELLE a fait des musiques de l’artiste la bande-son de l’un de ses romans, dont les critiques littéraires ont dit qu’il était celui de son arménité. Être d’origine arménienne pour ELLE, ça ne signifiait pas grand chose jusque là. ELLE n’avait pas encore eu la révélation. Faut dire : ELLE n’avait jamais été élevée dans cette culture. Dans sa famille, c’est la bretonité qui l’avait emportée ! Son roman : Les Enfants Rouges prend pour point de départ un fait divers dont elle a été victime collatérale, et qui concernait l’une de ses amies, rencontrée aux abords d’une plage un jour d’été. Peut-être bien un jeudi déjà… Cette plage, c’est justement celle où ELLE m’avait trouvée, sale et seule, mise au ban des gens et de la vie. C’était comme si on lui donnait une autre chance : une deuxième rencontre déterminante, illuminée, qui devait la confronter à ses origines. Le destin est malicieux : faut-il donc en passer par la Bretagne, en particulier le Pays d’Iroise en Finistère Nord pour atteindre l’Arménie ? Le destin, c’est comme tout, quand ça ne passe pas par la porte, autant essayer la fenêtre et pourquoi pas : la chatière. #meow!

Avec ELLE, j’aurais pu incarner l’inspiratrice musicale qui patientait en moi, grâce à Komitas plutôt qu’à Bowie. Arménien, Komitas est musicien, et prêtre. Comme moi, cet homme révèle son potentiel spirituel et artistique après bien des tourments et errances cruelles. Et… comme le père de son père, à ELLE, Komitas est né de Kevork Kevorkian (en français : Georges – La maison de Georges) et Takhui (signifie reine), à Kütahya.

D’ailleurs son père, lui aussi écrivain, a été invité en Arménie quand l’un de ses ouvrages (La France chassée de l’Empire ottoman) a été traduit dans la langue de ses ancêtres. Là-bas, son père, accompagné de sa mère, ont bien sûr visité Érevan la capitale de ce minuscule pays (autrefois un Royaume et un Empire), mais aussi Van. 

Van, c’est l’alliance parfaite entre la bretonité et l’arménité, à une diagonale infernale d’écart : Pointe de Van en Finistère Nord, extrême pointe de l’Occident et de l’Ouest, au climat tempéré, et lac de Van en Arménie (aujourd’hui en Turquie), extrême Sud-Est, entre froids polaires et étés arides. Au fond, l’Arménie et la Bretagne c’est un peu semblable : des églises, des calvaires, des ruines, des légendes, des îles, des terres et la mer. Et des Chats, devenus tout un symbole. Symbole de résistance, symbole de l’identité nationale de tout un peuple, taiseux, vaillant et courageux. De Van en Arménie, ses parents lui ont ramené un livre qui parle de moi… L’un des chats les plus célèbres de-par le monde. Aux yeux vairons. L’un bleu. L’un ambré. Fourrure à longs poils (pour se protéger). Réputés excellents nageurs. Parmi la plus longue espérance de vie. Capacité hors norme d’adaptation. Et puis aussi joueurs, facétieux… La liste est longue de nos caractéristiques tellement attachantes, à nous autres : Pisik… ou Piso, pour les chatons.

depond

Encore un sacré coup du destin, je vous mens pas. Une autre rencontre providentielle : avec Anna Isabekyan, une dessinatrice et graphiste arménienne qui vit en France. Elle a créé PISO, un chaton-de-Van personnage de comptines, qui vit plein de #chatventures d’apprentissage. PISO, comme moi devenu pisik, son aîné, essaie de se situer ici et là, parmi les gens et dans la vie, en se confrontant à des moments initiatiques clés. Anna s’est inspirée de sa vie en France et en Arménie, avec ses deux petits enfants. C’est toujours plus ou moins l’enfance qui inspire les artistes, pas vrai. Anna Isabekyan a créé les dessins de mes #chatventures audio et ça ma drôlement émue.

ELLE avait déjà été émue par un autre Chat-de-Van… les belles histoires, c’est comme ça : il suffit de tirer le fil de la pelote de laine et se laisser emporter. C’était l’année juste avant qu’on se rencontre ELLE et moi, comme une prophétie avant l’épiphanie. Des voisins venaient d’emménager dans la résidence où on a habité, avant de venir s’installer en Pays d’Iroise pour créer. Ils arrivaient de Guyane. Un jour, leur petit chat s’était glissé par son Velux et était venu ronronner jusqu’à ELLE. Au début, ELLE avait eu peur et puis une complicité s’était installée. Le petit chat était revenu et chaque jour, il s’immisçait davantage dans son appartement. Il la suivait dans le canapé, quand elle s’installait à son bureau, sous la douche -pas farouche, au lit même ! Un soir, des mois plus tard, le voisin avait sonné chez ELLE : Bonsoir, je cherche Tigrou notre petit chat, il s’échappe souvent par la fenêtre et il rentre toujours. Pas ce soir. Comme il voit mal, on s’inquiète. Soudain, Tigrou avait miaulé en apercevant son maître. ELLE lui avait expliqué que le chat avait choisi sa deuxième maison et qu’ELLE s’initiait à cette cohabitation imprévue, prémices de notre animal-humanisation. Le voisin lui avait expliqué qu’ils avaient trouvé Tigrou sur les trottoirs de Cayenne, qui regorgeaient de Chats-de-Van errants. Tous plus ou moins handicapés : malvoyants, sourds. On ignorait la raison de l’exil de ces chats si particuliers, et historiques. Tigrou était comme un troisième fils dans la famille de ce voisin.

Ils avaient passé une sorte d’accord tacite : Tigrou avait désormais un endroit à soi pour passer ses journées et, quand la famille partirait en vacances, ELLE garderait leur félin devenu un peu le sien. Un jour la famille avait déménagé. ELLE n’avait jamais revu Tigrou. Ça lui avait déchiré le coeur.

Oh… pas très longtemps. J’allais bientôt, pointer le bout de mon museau…

#lanouvelleolympe

#lanouvelleolympe

À suivre…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.