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Il a l'air d'un lutin monté sur ressorts et s'enflamme pour chacun des artistes africains qu'il a embarqués à bord du train musical sillonnant le Royaume-Uni. Damon Albarn a réuni là une impressionnante brochette de musiciens qui échangent des paroles, des rires et surtout des sons, transformant les wagons en studios improvisés d'où naîtront des rencontres musicales étonnantes. C'est ce "groove"-là que le nouveau documentaire de Florent de La Tullaye et Renaud Barret (les auteurs du célèbre Benda Bilili !) fait passer tranquillement, en se postant dans les coulisses de l'aventure peu banale lancée par le chanteur de Blur, âme de Gorillaz : "Africa Express".
Tombé en amour pour le continent africain, qu'il découvrait par le Mali en 1999, Damon Albarn s'en inspire d'abord pour le superbe album Mali Music (2002). Et ne cesse de faire partager ce qui a bouleversé sa carrière : "Tous mes voyages en Afrique, au Congo, en Éthiopie ont changé ma vie", confie celui qui a produit Amadou et Mariam ("Sabali") et inventé ce concept durable et ouvert nommé Africa Express, grâce auquel il réunit régulièrement des musiciens de partout avec leurs alter ego africains (pas de star-system, un musicien est un musicien, insiste Damon) pour des concerts-happenings. Objectif ? "Faire venir là où elle n'aurait pas forcément la chance d'être connue" la musique venue d'Afrique, "ce continent d'où elle vient". Le dernier set en date s'est tenu au coeur de la Fiesta des Suds à Marseille, au mois d'octobre dernier, devant une foule déchaînée par les performances de la Malienne Fatoumata Diawara, de -M- (autre fan du Mali), Cheick Tidiane Seck ou encore Jupiter, venu de RDC... L'improvisation y avait du bon. Et, disons-le, du beaucoup moins bon.
Même McCartney est de la fête !
C'est l'aspect le plus créatif de l'aventure que montre le documentaire de France Ô tourné dans le train, le plus chaleureux, aussi, au sens de la grande famille des musiciens, tous générations, origines et styles confondus. Ainsi, le Touareg Afel Bocoum, qui, l'an dernier, était interdit de jouer par la charia imposée au nord du Mali, est monté au dernier moment à bord de l'Africa Express, où il a pu revenir à son art. Tranquillement, comme si on passait une oreille d'un wagon à l'autre, on assiste ici aux explorations musicales que favorise le no man's land d'un train, ce temps suspendu entre deux gares anglaises où la troupe (qui ne passe pas inaperçue !) s'arrête pour jouer. Le Nigérian Tony Allen en pleine forme, Amadou (de Mariam) déchaîné dans un solo de guitare, Rokia Traoré en duo avec John Paul Jones (Led Zeppelin), sans oublier Jupiter, venu de RDC, le bassiste de Joy Division, et Paul McCartney accueillant toute la troupe à l'arrivée pour un concert géant...
"À quand un train traversant le continent du Sénégal jusqu'au Congo ?" demande le Sénégalais Baaba Maal. Depuis, Damon Albarn est reparti au Mali pour enregistrer à Bamako de nouveaux talents maliens. Sa moisson a donné un album. Baptisé "Maison des jeunes", il sortira en février.
REGARDEZ un extrait de "Maison des jeunes"