La musique, en tant qu'élément intrinsèque de nombreux rituels, a souvent été identifiée comme un médiateur puissant entre le spirituel et le profane, le visible et l’invisible.

Il s’agira de comprendre la nature et la fonction des rituels dans différentes cultures, et en quoi ils diffèrent d’autres performances. L’accent sera porté sur le son en tant qu'élément symbolique et sur la manière dont il facilite cette connexion avec le surhumain ou le surnaturel. La réflexion portera également sur les implications qui accompagnent l’intégration de certains éléments rituels dans une représentation scénique, le défi majeur étant de ne pas en perdre l’essence, mais de réinterpréter la performance à travers un regard artistique.

La transposition sur une scène de spectacle pose la question de la manière de transcender les limites du rituel traditionnel et de le réinventer pour un autre type de public, souvent détaché de ces pratiques. Cette table ronde se propose d'explorer les dynamiques de cette transition, en mettant en lumière les défis, les possibilités et les implications inhérentes à la mise en scène de rituels dans un cadre artistique.

Les rituels offrent une riche source d'inspiration pour la création artistique. Leur puissance émotionnelle, spirituelle et symbolique peut contribuer au renouvellement du dialogue interculturel si l’on fait preuve de respect dans le regard que l’on porte sur l’autre et d’innovation dans l’approche. En explorant ces possibilités, nous ouvrons de nouvelles perspectives pour enrichir l'expérience du public et repousser les limites de la performance scénique.

durée 90'

Programme 

Les intervenants

Ahmed El Maghraby est directeur de l’Egyptian Center for Culture and Arts – Makan, qu’il a fondé au Caire en 2002 pour enregistrer, documenter et promouvoir la musique traditionnelle égyptienne, de plus en plus menacée. Le centre encourage les efforts visant à redonner à la musique le rôle essentiel qu'elle a joué dans la vie quotidienne et l'imagination du peuple égyptien, à contrer la tendance à l'isoler de ses communautés d'origine, partage ces ressources avec la communauté mondiale et, en la présentant dans de nouveaux contextes, encourage la perception de cette musique comme une ressource de créativité.
Séverine Gabry-Thienpont est ethnomusicologue à l’Institut d'ethnologie et d'anthropologie sociale (UMR Aix-Marseille Université et CNRS), dont elle assure depuis janvier 2022 la direction adjointe. Ses travaux portent sur les productions musicales égyptiennes de la fin du XIXe siècle à nos jours. Dans le cadre de sa recherche, elle oriente ses réflexions sur la fabrique de ces musiques en tant que fait esthétique, historique et religieux, à la lumière des procédés d’amplification sonore auxquels elles sont soumises.
Hélène Sechehaye est (ethno)musicologue et chargée de recherches FNRS à l’Université Libre de Bruxelles. Elle consacre ses recherches aux pratiques musicales de la diaspora marocaine en Belgique, notamment aux Gnawas à propos desquels son ouvrage est en cours de publication (Vrin, 2024). Elle a coordonné l’enregistrement de deux disques sur le même sujet (Jola – Hidden Gnawa Music in Brussels, Muziekpublique 2020) et Gnawa Rumi (Nota 2022).

La table ronde sera animée par Nathalie Gauthard, ethnoscénologue, Professeure à l’université d’Artois. Après une thèse de doctorat portant sur l’adaptation des rituels tibétains sur les scènes internationales, elle a soutenu une HDR intitulée « Pour une anthropologie des arts vivants et performatifs. Dynamiques esthétiques, sociales et politiques en arts du spectacle » à Paris-Sorbonne en 2014. Elle est également présidente de la Société Française d’Ethnoscénologie – SOFETH et directrice de publication de la Revue L’Ethnographie. Création, Pratiques, Publics (MSH-PN-USR3258) depuis 2017.