Dépêche

Great Black Music: une immersion audiovisuelle dans les musiques noires

Paris (AFP) - Great Black Music, une exposition interactive qui ouvre ses portes mardi à la Cité de la Musique, propose une immersion sonore et visuelle dans le monde de la musique noire, de l'Afrique, son berceau, jusqu'à la techno de Detroit, en passant par le reggae jamaïcain.

"Toute l'exposition est immersive, l'idée étant de mettre le visiteur en situation d'écouter de la musique tout le temps", a déclaré à l'AFP Marc Benaïche, directeur de l'entreprise multimédias Mondomix et commissaire d'une exposition où le son est roi, dans une scénographie dépouillée.

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Le port du casque est quasiment obligatoire pour cette traversée où sont proposés près de 11 heures de documents sonores, où sont convoqués toutes les grandes figures et tous les grands courants de la musique noire.

Muni d'un smartphone et d'écouteurs distribués à l'entrée, le spectateur, d'un simple clic, peut se connecter à la musique qui l'attire, et même la mémoriser et constituer une playlist à réécouter chez lui.

Quel lien entre Miriam Makeba, John Coltrane et Bob Marley? Ces légendes figurent au panthéon de l'exposition, dans la première salle, où sont disposés vingt-et-un totems à l'effigie des grandes figures de la Black Music. Le spectateur peut se connecter à l'un ou l'autre de ses héros, dont les noms sont projetés sur un mur.

"On est parti du point de vue de l'imaginaire collectif, pour choisir les grands artistes qui ont accompagné la vie de chacun et ont eu un rayonnement universel", explique Marc Benaïche. Elvis Presley est l'exception blanche de ce panthéon. "S'il y a bien un artiste qui s'est inspiré et a assimilé les codes de la musique noire pour les intégrer lorsqu'il invente le rock, c'est bien Elvis Presley", justifie le commissaire.

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La salle suivante est consacrée à l'Afrique, berceau de la musique noire. A travers des documentaires et extraits de concerts (Hugh Masekela, Mahmoud Ahmed...) projetés sur écrans géants, le visiteur peut se plonger dans cette saga africaine, des musiques traditionnelles jusqu'aux courants plus urbains et contemporains comme l'éthio-jazz ou l'afro-beat.

La culture du sacré

Les esprits sont convoqués dans le troisième espace, baptisé "Rythmes et Rites Sacrés": une installation entièrement sensorielle, avec un double hémisphère de 12 m, propose de revivre l'expérience de la musique de transe, à travers cinq cérémonies traditionnelles (candomble, santeria, gospel, vaudou haïtien, service kabar réunionais).

"Quand démarre l'esclavage, les Africains déportés sur les navires négriers sont mélangés, dénudés, traumatisés par cette traversée monstrueuse, explique Marc Benaïche. Ils vont reconnecter leur mémoire et leurs origines à travers le sacré et la danse." "On retrouve cette culture du sacré, où un syncrétisme s'opère avec la religion du dominant, dans l'ensemble des Caraïbes, des Amériques du Sud et aussi en Amérique du Nord", souligne-t-il.

Le visiteur pourra ensuite parcourir le Fil historique, rare concession à l'écrit de l'exposition, une chronologie comparée où l'ethnomusicologue Emmanuel Parent met en relation faits historiques et inventions musicales.

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C'est ensuite la plongée dans le monde des Amériques noires. Là encore, projections de documentaires et extraits de concerts (Louis Armstrong, BB. King...) retracent l'aventure du jazz, du blues, du rythm'n blues, mais aussi d'autres musiques du XXe siècle, cubaines, brésiliennes ou colombiennes.

Dans Global Mix, bouquet final de l'exposition, la musique noire devient planétaire. Reggae, hip hop, dance floor africain, explosion technologique avec l'arrivée des machines dans la musique de Detroit, sont mis en avant dans cet espace, où trône une table de commande rétro-futuriste qui semble issue d'une navette spatiale des années 70.

Autour, dans trois cabines, le visiteur peut devenir danseur, avec la possibilité d'être filmé et de se voir s'agiter sur les pas de la salsa, du hip hop et du disco.

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