L'Orchestre du Capitole à son meilleur

Très sollicité ces derniers jours, en concert comme à l'opéra, l'Orchestre national du Capitole est à son meilleur techniquement. Huitième Symphonie de Dimitri Chostakovitch, création mondiale de l'opéra «Les Pigeons d'argile de Philippe Hurel, Troisième symphonie de Johannes Brahms : la virtuosité instrumentale (tant individuelle que collective) des musiciens, leur flexibilité, leur cohésion, font partout merveille. Et cela sous la baguette de leur directeur musical Tugan Sokhiev comme de chefs invités bien choisis. Cet orchestre (que beaucoup nous envient) est aujourd'hui à son zénith. Grâce à l'augmentation de ses effectifs (portés à 125 instrumentistes), la formation peut désormais assurer un spectacle lyrique sans cesser ses activités symphoniques. C'est un vrai plus pour la vie musicale toulousaine. Samedi soir à la Halle aux Grains, malgré le long week-end pascal, le public est là, enthousiaste autour des musiciens et d'un programme mêlant œuvres du XXe siècle néoclassiques et Troisième symphonie de Johannes Brahms. On retrouve au pupitre le chef espagnol Juanjo Mena, déjà applaudi ici même à deux reprises, notamment dans un poignant «Chant de la terre» de Gustav Mahler et une mémorable Neuvième symphonie de Franz Schubert.

Tout commence par une page singulière du compositeur français Darius Milhaud : «La création du monde». Un effectif de seulement dix-sept musiciens pour une œuvre inspirée par le jazz et qui utilise largement les pupitres de vents (bravo le saxo !) et les percussions. D'un geste sobre et précis, Juanjo Mena exalte la vitalité rythmique de ces pages tout en rendant justice à leurs finesses instrumentales. Avec le Concerto pour harpe et orchestre de l'Argentin Alberto Ginastera, on reste dans les rythmes de danse, cette fois latino-américaines. Le Molto moderato offre cependant à la harpe et à divers instruments solos l'occasion de s'exprimer de façon sombre et mélodique. La harpe de Marie-Pierre Langlamet peut jouer ici de toute sa palette et de sa musicalité. Enfin, la troisième des symphonies de Johannes Brahms termine la soirée. Juanjo Mena prend d'abord son temps, comme pour mieux dessiner le paysage sonore, trouver la juste respiration. Il laisse ensuite s'exprimer le beau lyrisme de Brahms, faire chanter les cordes, les bois et le cor dans le célèbre Poco allegretto. L'Allegro final semble couler de source. Prochain concert de l'Orchestre du Capitole le 26 avril à la Halle avec un autre chef, Nicholas Collon, le violoniste Vilde Frang, des œuvres de Benjamin Britten et Ralph Vaughan Williams.

Halle aux Grains samedi 26 avril à 20h. Tél. 05 61 63 13 13. www.onct.toulouse. fr