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Le plus grand collectionneur de disques au monde - Zero Freitas

L’amateur fou brésilien pose au sommet d’une de ses piles de disques, dans son hangar à São Paulo.
L’amateur fou brésilien pose au sommet d’une de ses piles de disques, dans son hangar à São Paulo. © Sebastian Liste
Par Romain Clergeat

Le nombre de vinyles qu’il possède est démentiel. Il ne le connaît pas lui-même ! A coup sûr plusieurs millions. A 62 ans, Zero Freitas est peut-être le discophile ultime, car son objectif est fou : détenir toute la musique jamais enregistrée !

A l’âge de 5 ans, il voit son père rentrer à la maison avec un tourne-disque flambant neuf et une collection de 200 vinyles, incluse dans le deal. C’est une cascade de musiques qui débarque chez le jeune Zero Freitas et ce premier choc va déterminer toute sa vie. Avec son argent de poche, il s’achète un disque, puis deux... le virus est inoculé. Bientôt, tout son argent y passe et, à la fin de ses années de lycée, le Brésilien détient une collection de 3 000 disques. Il reprend la petite entreprise familiale de transports et, à 30 ans, il possède plus de 30 000 vinyles. Sa passion frôle l’ingérable pour sa femme : à peine a-t-il acquis une nouvelle collection que déjà une autre débarque dans leur salon. A bout de patience, son épouse le quitte. Dès lors, sa névrose s’exprime sans retenue. Freitas essaie de la soigner en entamant une analyse. Sans succès.

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25 000 mètres carrés : la taille du hangar où Freitas stocke l’ensemble de sa collection

Divorcé, sans aucun garde-fou, il s’organise et se crée un réseau à travers le monde pour assouvir sa passion. De New York à Paris en passant par l’Afrique du Sud, Le Caire ou même Lagos. Car Freitas, contrairement au collectionneur qui se focalise sur certaines pièces, veut tout emmagasiner. Un jour, un rabatteur lui signale une collection, en rigolant, de 50 000 disques de polka. « Tu me l’achètes », lui dit Freitas. 

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Zero Freitas Depuis peu, il s’est résolu à ranger sa collection dans une discothèque plutôt qu’à l’entasser dans un entrepôt.
Zero Freitas Depuis peu, il s’est résolu à ranger sa collection dans une discothèque plutôt qu’à l’entasser dans un entrepôt. © Sebastian Liste

A Cuba, dans le milieu musical, circule une blague à propos du Brésilien : « L’île a émergé de plusieurs centimètres depuis qu’il a acheté toute la musique disponible à Cuba », 100 000 pièces, vraisemblablement tout ce qui a été enregistré sur place. Y compris des collectors, dont un 45-tours d’Yvette Lopez, célèbre pianiste ayant fui le pays, dont la pochette est barrée d’un sticker « Traître à la révolution » apposé après la prise du pouvoir par Castro.

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Disques

Aujourd’hui, Freitas ne sait pas lui-même de combien de disques il est possesseur. Plusieurs millions est l’estimation la plus basse qu’il consent à fournir. Il en possède beaucoup en plusieurs exemplaires (environ 30 % de sa collection !), mais n’en a cure. Car s’il acquiert, il ne vend ni n’échange jamais. De fait, il est quasi inconnu du grand public, y compris chez lui, au Brésil ! Mais vient un temps où la course à la collection apporte plus de questions que de réponses. Sous l’influence de ses amis, Freitas a consenti à envisager une sorte de librairie-radio musicale ultime et à numériser le monstre qu’il a enfanté ; il a récemment engagé une dizaine de petites mains chargées de faire un inventaire. Au rythme de 500 disques répertoriés, fichés et numérisés par jour, il faudra près de trente ans pour en voir le bout, ou beaucoup plus, car, chaque semaine, les arrivages se poursuivent inexorablement : entre juin et novembre 2013, 12 conteneurs de 10 mètres sont venus garnir son entrepôt avec de nouvelles acquisitions. Aux dernières nouvelles, il est toujours en analyse.

Zero Freitas
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